Page:Dubois - Tombouctou la mystérieuse, 1897.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

assiduités que lorsque la santé du cheik fut complètement rétablie. » Même l’impie Sunni Ali, qui eut à se plaindre de certains marabouts, « rendait justice à leurs mérites, connaissait leur nombre jusqu’au dernier et savait les honorer ». Une part de l’impôt (la diaka, le dixième) leur fut longtemps réservée. D’autres ressources, d’importance variable, leur étaient acquises. Les rois songhoïs pensionnaient les plus célèbres. Au temps du Ramadan les dons des particuliers affluaient nombreux. L’éducation des enfants leur valait des honoraires. Ils avaient des esclaves qui géraient leurs biens et cultivaient leurs propriétés. Parfois aussi ils les envoyaient faire du commerce au loin. Ainsi leur était assurée la tranquillité nécessaire aux hommes de pensée et d’étude.

Suivant leur tour d’esprit ils se spécialisaient. Les uns s’adonnaient uniquement au culte, au service de Dieu et de la mosquée. Les autres pratiquaient la justice et fournissaient des magistrats ou cadis. Enfin un grand nombre se consacraient à l’enseignement. Il n’était pas rare de voir les deux et même les trois carrières suivies par un seul homme. Les uns et les autres cultivaient les lettres et écrivaient des livres.

Nous avons évoqué déjà la riche métropole et la ville de plaisir, Avec les marabouts qui se consacrent à Dieu va ressusciter la Ville Sainte, celle dont l’auteur du Tarik a dit avec fierté : « Jamais Tombouctou ma patrie ne fut souillée par l’adoration des idoles ou par les honneurs rendus à une autre divinité qu’au Dieu miséricordieux. C’est la demeure des savants et des serviteurs du Très-Haut, le séjour habituel des saints et des ascètes ! »

Ceux-là, sous la direction du cheik ul Islam et des imans, appelaient les fidèles aux prières, purifiaient les morts, faisaient des lectures publiques de textes sacrés, et prêchaient, notam-