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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

prodige, s’humilièrent devant Abderrahman et lui baisèrent les mains. »

Mais, entre toutes, la vie de Sidi Yahia, le patron de Tombouctou, est pleine de merveilles. Un Jour qu’il faisait, en plein air, la lecture du Koran à ses disciples, un nuage se leva et la pluie commença à tomber. Son entourage voulait chercher un abri. Un coup de tonnerre retentit et Sidi Yahia dit : « Restez en place, car il ne pleuvra pas ici. » Et il arriva ainsi. Retenons encore l’anecdote suivante : « Des femmes esclaves lui appartenant voulurent faire cuire un poisson. Durant tout le jour elles le soumirent à l’action du feu qui se refusa absolument à avoir de l’effet sur lui. Les servantes s’en étonnèrent. Sidi Yahia, les ayant entendues, leur dit : « Ce matin, quand je suis sorti pour aller prier à la mosquée, mon pied a foulé quelque chose de mouillé sur le sol. Peut-être était-ce le poisson et le feu n’a-t-il pas voulu brûler ce que mon corps a touché. »

Les miracles leur étant familiers, on ne sera pas surpris de constater également chez eux le don des visions et des prophéties. C’est ainsi que la mise en route de la colonne marocaine qui devait conquérir le Soudan fut annoncée aux gens de Tombouctou par le faki Abderrahman le jour même de son départ de Marrakech. « Il venait, lit-on dans le Tarik, de réciter la prière du matin et prenait place pour enseigner. À ce moment il dit, après avoir invoqué trois fois le nom de Dieu : « Certes vous verrez cette année des choses telles que vous n’en avez Jamais entendues. » Citons également la vision par laquelle Dieu annonça à quelques marabouts poursuivis par Sunni Ali leur mort prochaine : « S’étant enfuis au nombre de trente dans la direction de l’occident, ils arrivèrent au pays de Scheib, y campèrent et s’endormirent sous un arbre. Un d’entre eux se réveilla peu après, et dit : « J’ai vu dans mon sommeil comme si nous devions tous voir la fin de là nuit dans le paradis. » Quelques instants après ils étaient massacrés par les émissaires du roi. »