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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

et les explorateurs. René Caillié s’en enquiert et rapporte « qu’ils étaient dispersés chez les habitants du Désert ». Vingt-cinq ans plus tard, Barth s’en informe et on lui affirme que rien ne subsiste. Lenz, au contraire, prétend qu’à Araouan on conserve encore les papiers et les effets de Laing.

Dès que nous fûmes installés à Tombouctou, les autorités militaires firent des tentatives répétées auprès des envoyés du chef bérabich pour connaître le sort de ces documents. M. Josse, l’interprète arabe, y mit une particulière insistance. Mais en vain. Les Bérabichs prétendirent que rien n’était resté en leur possession.

De mon côté je m’abouchai durant mon séjour avec une sorte d’agent que ces Maures ont dans la ville. Je ne tardai pas à être avec lui en termes excellents, Il me rendait maint petit service. Un soir je le fis appeler, et, dans le plus grand mystère je lui proposai la forte somme s’il parvenait à retrouver et à me remettre les papiers du Raïs, l’assurant en outre que personne n’en saurait rien dans la ville, ni Européens, ni indigènes. Malgré toute ma diplomatie, je ne fus pas plus heureux : à quelque temps de là il m’affirma que la tribu n’avait conservé ni papiers ni autres objets. Cependant, la défiance aiguë de ces gens, la crainte d’un châtiment qu’ils peuvent conserver (bien qu’on leur ait formellement donné des assurances contraires), enfin le grand respect dont on entoure en ces pays toute chose écrite, me portent à croire que tout espoir ne doit pas encore être abandonné.

Si le premier explorateur qui parvint à atteindre Tombouctou a été un Anglais, celui qui réussit à en revenir le premier fut un Français : René Caillié. Et, en somme, pour l’Europe, la grande affaire était là : revenir, c’est-à-dire soulever un