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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

Le voilà parti pour le Sénégal, âgé de seize ans, et riche de soixante francs. Deux vaisseaux quittent le même port, le même jour, pour la même destination. Il a l’heureuse inspiration de s’embarquer sur celui qui arrivaà bon port. L’autre devait faire un naufrage fameux : c’était la Méduse.

Il débarque à Saint-Louis (1816). On n’y parle que d’expéditions anglaises vers l’intérieur. Il songe à se Joindre à l’une d’elles. Mais un officier français l’en détourne et l’embarque pour la Guadeloupe. Un petit emploi le retient six mois à la Pointe-à-Pitre. Le récit de Mungo-Park lui étant tombé entre les mains, il retourne au Sénégal plus féru que jamais de l’Afrique.

Nous sommes en 1818, et les Anglais n’ont pas ralenti leurs efforts vers l’intérieur. Aux expéditions des majors Peddie et Campbell succède celle du major Gray. René Caillié parvient à sy faire admettre « sans appointements ni engagements d’aucune espèce », heureux seulement de pouvoir faire ses débuts. Tous les autres Européens ont des montures. Lui est obligé de faire la route à pied. S’il n’a pas les mêmes aises, il partage, en revanche, les dangers et les maladies de ses compagnons ; aussi est-il obligé de rentrer en France pour se rétablir.

Cette dure initiation ne le décourage pas. En 1824, le voilà de retour au Sénégal avec une petite pacotille. Il trafique. Ses affaires vont bien. Tel n’est cependant pas son rêve. Ce n’est pas la fortune qu’il est venu chercher. « Déjà, dit-il, Tombouctou était devenu l’objet continuel de tous mes efforts : ma résolution était prise de l’atteindre ou de périr. »

Il ne néglige rien pour assurer la réussite de sa grande entreprise. S’étant rendu compte qu’il lui serait nécessaire de savoir l’arabe et les pratiques de la religion musulmane, il se soumet à une nouvelle épreuve plus rude encore que la première. Il abandonne son commerce et se rend chez