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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

ment et leur sagesse étaient réputés au Sahara. Le premier dont il soit question dans l’histoire de Tombouctou est Sidi Moktar el Kébir. C’était un homme pieux jusqu’au rigorisme : fumer constituait à ses yeux une impureté. Il écrivit un livre intitulé : Taraïfa Koubra (le Grand Taraïfa) que les Kountas possèdent encore et il est à désirer qu’on le retrouve, car il contient des notices historiques, m’a-t-on dit.

Sa renommée de sagesse lui valut d’être appelé à Tombouctou au commencement de ce siècle. Les derniers Roumas et les Touaregs vivaient en très mauvaise intelligence. Ayant été invité à pacifier ces rapports, il détermina le tribut que la ville aurait à payer aux hommes voilés et stipula les engagements que ceux-ci auraient à observer en retour. En d’autres circonstances encore il joua ce rôle de pacificateur. Sa réputation de sagesse et ses élèves s’accrurent. À sa mort (1811), chacun dit : C’était un Saint. Sur le lieu de sa sépulture s’éleva l’habituel édicule et s’accomplirent les habituels miracles. Cette tombe vénérée est encore debout sur une dune, à l’est de Tombouctou.

Son fils Sidi Mohammed maintint la réputation familiale et mourut en 1826 laissant plusieurs enfants dont l’aîné s’appelait Sidi Moktar.

Celui-ci a aussitôt l’occasion de reprendre le rôle de médiateur qui avait si bien réussi à l’aïeul, Les Foulbés s’étant emparés de Tombouctou, la population s’adresse à lui pour intercéder en sa faveur auprès de Cheikou Ahmadou. Il parvient à satisfaire les deux parties, si bien que la ville lui offre une vaste habitation et qu’il quitte définitivement l’Adrar, tandis que d’autre part le roi foulbé le comble d’attentions et de dons. Y a-t-il litige entre des tribus maures et touaregs ? on le consulte. Des contestations s’élèvent-elles entre la ville et ses nomades voisins ? on convient de s’en remettre à son jugement. Il devient l’arbitre attitré de tous ces pays. Rien de plus. Il n’a aucun commandement, aucune fonction publique,