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TOMBOUCTOU LA MYSTÉRIEUSE

agir. À son instigation, Touaregs et Kountas se jettent dans la mêlée. La colonne d’Alfa Oumar, chargée du butin de Tombouctou, est surprise nuitamment et détruite. Les vainqueurs, renforcés des Foulbés, assiègent ensuite El Had] Omar dans Hamdallaï et l’emportent de nouveau, ainsi que l’on sait. Le péril toucouleur semble conjuré. Mais voilà que la division se met parmi les alliés.

À cette nouvelle, le cheik El Backay quitte Tombouctou pour rétablir l’accord. Sur le point d’arriver à Hamdallaï, il tombe malade dans une petite localité de la rive droite du Niger, à Sarédina, et y meurt huit Jours après (1864).

Abbidin qui, selon Barth, était son fils préféré, essaya en vain de reprendre à Tombouctou la situation de ses pères. Ni les Touaregs, ni les habitants ne le lui permirent. Il tenta alors de Jouer un rôle politique dans le pays des Deltas, puis tomba dans le brigandage, pillant et terrorisant les rives du Niger Noir et du Niger Blanc, sous prétexte de combattre les Toucouleurs. Il fut tué par eux en 1890, près de Dienné, à la suite d’un pélerinage qu’il était venu faire à la tombe de son père.

Telle est jusqu’à notre arrivée à Tombouctou l’histoire de ces Backay dont le sort préoccupait à juste titre l’Europe reconnaissante. C’est malheureusement l’histoire de la décadence d’une grande et noble famille du Désert. Je mentionnerai encore un épisode assez curieux. Un matin, à Berlin, Barth s’était réveillé avec l’idée qu’il ferait bien d’écrire au général Faidherbe, gouverneur du Sénégal, et de lui recommander les Backay pour le cas où l’un d’eux aurait besoin de sa haute protection. Il envoie sa lettre. Précisément au moment où elle arriva à Saint-Louis, un Ouled Backay s’y trouvait sous la prévention d’espionnage et à la veille d’être condamné à mort par un conseil de guerre. Faidherbe s’empressa naturellement d’élargir le prisonnier et le renvoya à Tombouctou, acquittant ainsi la dette de Barth et de l’Angleterre.