Page:Fantasmagoriana (tome 1).djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
L’AMOUR MUET.

temps plus heureux ; son mari, propriétaire d’un navire qu’il chargeoit pourson compte, faisoit tous les ans le voyage d’Anvers ; mais dans une tempête, la mer l’avoit englouti avec tout ce qu’il possédoit. Sa veuve supporta cette double perte avec une résignation mêlée de fermeté, et résolut de n’avoir recours qu’à son travail, pour se nourrir elle et sa fille encore très-jeune. Elle abandonna aux créanciers de son mari sa maison et son mobilier, et vint habiter dans la petite rue, où, par son assiduité, elle trouva le moyen de n’avoir d’obligation à personne. Elle éleva sa fille au travail, et vécut avec tant d’économie que, de ses épargnes, elle put monter un petit commerce de lin.

Mère Brigitte, ainsi s’appeloit notre veuve, ne comptoit pourtant pas finir ses jours dans une situation aussi pénible ; l’espoir