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CHAPITRE XLV.

un forfait sans nom.

I.

Caroline de St. Castin, debout, une main sur le dossier de sa chaise, regardait la Corriveau. Elle aurait voulu dire quelque chose et les paroles ne lui venaient point. Elle semblait abasourdie.

Elle tenait la lettre que lui avait apportée mère Malheur.

— Est-ce vous qui avez écrit ceci ? demanda-t-elle enfin.

La Corriveau fit un signe affirmatif.

— Oh ! dites-moi franchement, est-ce la vérité ?

— C’est la pure vérité.

Il était surprenant qu’une simple paysanne put écrire aussi correctement et connaître si bien le baron de St. Castin.

— Au nom du ciel, s’écria Caroline, qui êtes-vous ? je ne vous ai jamais vue !

— Vous m’avez vue déjà, répliqua la Corriveau.

Caroline la regarda fixement, cherchant à se souvenir, mais ne put la reconnaître.

La Corriveau ! continua :

— Votre père est le baron de St. Castin, et vous, madame, vous aimeriez mieux mourir que d’être trouvée ici. Ne me demandez pas comment je sais cela, ce serait inutile. Quant à moi, je ne suis que ce que je parais être.

— Vous êtes vêtue en paysanne, mais vous parlez