LA BRETAGNE DU CENTRE[1]
III. — Les Montagnes Noires.
ourin, où je vais en quittant le Faouët, me fait traverser de magnifiques paysages,
les descentes et les remontées qui creusent et soulèvent la terre, les
premiers vallonnements qui annoncent les montagnes. Mais Gourin même ne
me donne pas le plaisir que j’attendais de sa situation sur le versant sud des
montagnes Noires, et je crois passer là une soirée assez maussade, d’autant que
les jours sont longs à ce moment de l’année. Faute de mieux, je me résigne,
dès l’arrivée, à la comédie de la table d’hôte. C’est une comédie un peu monotone,
encore que l’on puisse s’amuser des échantillons humains qui s’y montrent,
des physionomies aux expressions poseuses, épieuses, hargneuses, comme si
les gens craignaient de n’avoir pas leur part de pain et de sel. Je sais que j’y
trouverai aussi des loustics, en faciles intrigues avec les malheureuses bonnes.
Mais quoi ! la table d’hôte fait partie du voyage, c’est le théâtre de tous les soirs.
Passons donc la troupe en revue. Voici les acteurs, et moi avec eux. Deux jeunes
gens, des habitués, ou qui veulent en avoir l’air, car ils regardent effrontément la bonne qui les sert. Cette
- ↑ Suite. Voyez pages 469 et 481. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.