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EN ROUTE POUR L’AUDIENCE IMPÉRIALE. — CHAISE À PORTEURS D’UN MINISTRE CORÉEN ESCORTÉE DE DEUX SOLDATS D’INFANTERIE. — PHOTOGRAPHIE DE M. J. DE PANGE.



UN VOYAGE EN CORÉE[1]

PAR LE DOCTEUR A. HAGEN.


II. — La population de Séoul — Le vieux palais. — Comment mourut l’impératrice. — L’ère nouvelle de la Corée. — Les administrations. — Les mines. — Les transports. — L’audience de l’empereur. — Après l’audience. — Banquet et danses. — À Fou-san.


GEISHAS « EN REPRÉSENTATION » À SÉOUL. D’APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE.


Les Japonais sont, à Séoul, au nombre de quatre à cinq mille ; ils habitent une concession particulière, bien tenue, avec ses maisons en bois, tapissées de nattes étincelantes de propreté, garnies de fenêtres en papier avec des vitres bien claires. Les magasins sont suffisamment approvisionnés et renferment des marchandises d’Extrême-Orient et d’Occident ; quelques banques ont été créées, mais n’acceptent que le yen et se refusent même à échanger la livre sterling anglaise. Mais, en fait, le commerce japonais est loin d’être prépondérant à Séoul ; il y a beaucoup de petits boutiquiers, tenanciers d’hôtels, impresarios de Geishas, photographes, traîneurs de pousse-pousse. Disons aussi que ce n’est pas le meilleur élément de la population japonaise qui émigre en Corée.

La tranquillité ne règne pas toujours à Séoul ; dans cette ville de deux cent cinquante mille habitants, il y a un fond, une lie d’individus qui sont toujours prêts à causer des troubles en se mettant à la solde de n’importe qui veut louer leurs services. Un ministre étranger me disait qu’il se faisait fort de provoquer, à un moment donné, une révolution devant intimider l’empereur en distribuant à bon escient quelques piastres et sapèques dans certains milieux fort connus. Le reste de la population se laisse mener sans résistance jusqu’à ce qu’une répression terrible, impitoyable, vienne rétablir l’ordre.

La colonie chinoise s’élève à cinq cents membres ; ce sont tous des négociants tranquilles, paisibles, heureux de fumer l’opium en cachette, car le Gouvernement coréen a pris des mesures énergiques pour empêcher l’importation de cette drogue.

Nous avions fait un pèlerinage à la tombe de l’impératrice, mais nous désirions voir l’endroit où le crime avait été commis, à l’instigation du Gouvernement japonais et avec la complicité de certains serviteurs. Par l’entremise de la légation de France, nous ne tardons pas à obtenir l’autorisation de visiter le vieux palais qui fut longtemps la résidence des rois coréens et que l’empereur a complètement abandonné, depuis les tragiques événements de 1896.

Ce vieux palais est situé à l’extrémité d’une grande avenue, bordée de chaque côté par les différents

  1. Suite. Voyez page 133.