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SAINTE-ANNE-D’AURAY OÙ SE TIENT LE CÉLÈBRE PARDON DU 26 JUILLET.


LA BRETAGNE DU SUD[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


III. — Le Pays d’Auray.


La campagne d’Auray. — Auray. — Vieilles maisons des contes de fées. — Le champ de bataille de 1364. — Sainte-Anne-d’Auray. — La légende d’Yves Nicolazic. — La Scala sancta. — Quatre pèlerins. — Le pèlerinage. — Le crâne de sainte Anne. — La procession. — Les cantiques. — Les costumes. — La Kermesse bretonne. — Le Champ des Martyrs. — La chapelle sépulcrale. — La chapelle expiatoire. — Les exécutions de 1795. — La Chartreuse. — Douceur des cloîtres. — Baud. — Recherche d’une femme de pierre. — La Vénus de Quinipily. — Le pardon de Saint-Nicodème. — La procession des vaches. — L’art de la Renaissance, continuation de l’art gothique. — L’aubade au seuil de la chapelle. — Le calvaire de Melrand. — Locmariaquer. — Monuments mégalithiques. — La Table des Marchands. — Carnac. — Le grand rendez-vous des menhirs. — Hypothèses. — Le Musée de Plouharnel. — La chaussée de Quiberon. — Port-Haliguen. — La côte sauvage. — Le fort Penthièvre. — La bataille de 1795. — Hoche et les émigrés.



RETOUR DU PARDON DE SAINT NICODÈME, PROTECTEUR DES ANIMAUX.


Autour de la petite ville d’Auray, la campagne est pauvre et monotone, mais une certaine grâce l’embellit. Les ajoncs dorés, la bruyère rose ou rouille couvrent, de leur délicate et riche ornementation, la terre rocheuse. Quelques arbres se dressent, vus de loin, au-dessus de ces étendues de fleurs, et leur silhouette isolée prend une importance sous le grand ciel gris, incessamment mouvementé par le vent de la mer. De loin, Auray dresse son clocher ; de grandes maisons qui sont des couvents, de petites maisons couvertes d’ardoises. Si l’on pénètre dans la ville, par de beaux chemins plantés d’arbres, on découvre, après les constructions modernes qui rejoignent la gare, un vieil Auray qui ne manque pas de gaieté, même de cocasserie. Ce vieil Auray est séparé de l’autre, moins vieux, par la rivière du Loc, assez large. À droite, c’est Saint-Gildas, à gauche, c’est Saint-Goustan. Un ancien pont réunit les deux quartiers fort dissemblables d’apparence. La gaieté de cette ville d’autrefois est la gaieté de l’enfance, toutes ses maisons sont petites comme des maisons de nains ou de poupées. On croirait volontiers qu’elles ont été apportées par une fée géante qui les a disposées comme des jouets, avec leur petite porte, leurs petites fenêtres, leurs toits tombants. C’est un théâtre avec sa toile de fond, ses portants, ses coulisses, ses décors de carrefours et de rues, ses montées, ses descentes. Les gens qui vivent là, hommes et femmes, sont trop

  1. Suite. Voyez pages 409 et 421. — Les photographies qui ont servi aux illustrations sont de M. Paul Gruyer.