BEAUNE DE BOURGOGNE
352 kilomètres de Paris, à 37 au delà de Dijon, sur la grande ligne
de Paris à Lyon, Beaune de Bourgogne, que brûlent les express,
est, au pied des longs coteaux de la Côte-d’Or fameux en vins, une
petite ville exquise et morte, close de murailles et de silence. Par
l’unité de son dessin à peine ébréché par la vie moderne ; par le calme
désertique de ses rues pavées, nettes et propres, où un sou qui tombe
éveille d’interminables résonances, où un enfant qui crie, un chien qui
hurle, semblent déchaîner des tonnerres ; par son beffroi à clocher, son
église à porche, ses longs toits bruns et ses logis à tourelles ; par le
magnifique joyau mystique de son Hôtel-Dieu, on dirait une cité des
Flandres.
Seuls, des bruits sourds de maillets de tonnelier, qui ça et là sortent des caves ; seuls des relents parfumés, âcres à la fois et sucrés, et des coulées violâtres, éparses dans les ruisseaux, vous disent que vous êtes dans la cité du vin. Non pas du vin populeux et bruyant du Midi, mais du vin de rubis, précieux et rare, soigneusement clos dans les celliers qui le gardent, et dont il ne partira que pièce à pièce pour le riche acheteur lointain qui l’attend. Le commerce même est ici tout aristocratique. Chacun vit dans sa maison. Les gens, lorsqu’ils parlent, ont le timbre doux et légèrement chantant.
Il fut un temps cependant où la rumeur de la vie emplissait Beaune. Sœur d’origine de Dijon, la ville, après avoir été pareillement un simple oppidum militaire des Romains chez les Gaulois