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viande de poney ! Ce soir, le rata est vraiment excellent ! D’une part la saison et l’état défavorable de la Barrière, de l’autre notre expérience et notre bonne alimentation : de quel côté penchera la balance ?

Samedi, 25 février. — Température au déjeuner : −21°,1. Parcouru 11 kilom. 1. Partis découragés, nous ne sommes pas précisément réconfortés par les difficultés du halage. Peu à peu cependant la piste s’améliore, les sastrugi deviennent plus rares et les plaques de neige glissante plus nombreuses ; puis, à un moment, légère brise. Il nous est alors possible d’allonger un peu l’allure ; néanmoins le traînage reste très pénible. Les ondulations de terrain disparaissent, seules des inégalités subsistent.

À environ 3 kilomètres et demi en avant, nous distinguons le 26e campement grâce aux murs de neige élevés par nous, à l’aller, pour protéger nos poneys du vent. Les traces de toutes les caravanes qui ont sillonné la Barrière sont visibles, particulièrement celle du lieutenant Evans. C’est quelque chose, mais le halage nous met à bout, quoique le terrain soit plus favorable à l’emploi du ski. Bowers ne marche pas bien avec ces patins. Mes critiques le froissent, je n’ai pourtant jamais douté de lui.

La nuit, quand le ciel est clair comme à présent, la température devient très basse. Au total, un temps admirable : seuls le mauvais état de la neige et l’absence de vent nous sont contraires. Les anciennes traces demeurent très nettes ; par contre, les murs des poneys sont en partie enfouis sous des congères. Des âmes charitables ont remplacé une pyramide au camp 27. Les vieux cairns ne semblent pas avoir souffert.

LE CAPITAINE SCOTT MONTÉ SUR SES SKIS.

Dimanche, 26 février. — Température au déjeuner : −27°,2. Au départ, ciel couvert, néanmoins les traces et les cairns visibles de très loin ; marche un peu meilleure, 12 kilomètres avant le déjeuner. Bowers et Wilson forment l’avant-garde. Éprouvé un grand soulagement à passer à l’arrière pour pousser le traîneau et de n’avoir plus à rechercher l’ancienne piste.

Les nuits sont maintenant très froides ; chaque matin, au départ, nous avons les pieds glacés, nos chaussures ne séchant pas pendant la nuit. Les vivres sont suffisants, mais nous en désirons davantage. Le prochain dépôt n’est plus qu’à 50 milles ; j’espère qu’il contient assez de provisions pour que les rations puissent être augmentées. Nos maigres ressources en fait de combustible me sont une source d’inquiétude.

Température : −29°,5. En neuf heures de marche acharnée, 21 kilomètres. Plus que 80 kilomètres jusqu’au prochain dépôt ! Temps merveilleux, mais froid, très froid même. Rien ne sèche ; trop souvent nous avons les pieds glacés. Une plus copieuse alimentation, surtout une plus grande quantité de graisse, nous seraient nécessaires. Le combustible est terriblement bas. En cette saison, nous ne devions guère nous