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pour arriver sur un terrain sûr. Pourvu que la banquise ne se brise pas avant que nous ayons pu atteindre la Barrière !

Vendredi, 27 janvier. — Nous bivouaquons à 1 600 mètres environ au sud du cap Armitage. Une fois les tentes dressées, je me suis avancé vers l’Est jusque par le travers de Pram Point. Au delà du cap, la glace est terriblement mince. Un grand détour est donc nécessaire pour éviter ce passage dangereux.

Le reste du détachement s’est rendu à la hutte de la Discovery[1] pour essayer de dégager les piles de boites de conserves enfouies dans la neige. Cette première tentative demeure infructueuse ; la masse glacée est très dure et des semaines de travail seront nécessaires pour arriver à un résultat. En tout cas, il y a là de nombreuses caisses de biscuits, de beurre et de cacao, etc. ; nous sommes donc assurés de ne pas manquer de vivres si, au retour de notre expédition, nous sommes bloqués par la mer libre.

Ce soir, les chiens sont très fatigués. Ces animaux ne peuvent tirer de lourdes charges ; ils sont épuisés pour avoir traîné 225 kilos à une allure de tortue, et l’attelage ne comptait pas moins de onze bêtes. Meares a fixé leur ration quotidienne à 300 grammes de biscuit. Évidemment c’est trop peu. Les poneys font d’excellente besogne ; ils tirent allégrement de 360 à 405 kilos, et aujourd’hui ils auraient pu fournir une étape un peu plus longue, assure Oates.

LA « TERRA NOVA » PENDANT LA TEMPÊTE : LA MANŒUVRE DES POMPES.

Samedi, 28 janvier. — Les poneys sont allés chercher les dernières charges à notre premier campement. Pendant ce temps, je pars reconnaître le terrain au Sud ; dans cette direction, nous devons contourner une grande chaîne de monticules engendrés par la pression de la glace. Ces monticules ont été créés tout récemment. Les entassements de glaçons brisés par la pression finissent à l’est du point où j’arrive : au delà, la dislocation se traduit simplement par une énorme vague en forme de dôme. Le creux de cette ondulation est occupé par une nappe d’eau dans laquelle grouille une troupe très nombreuse de phoques. Les uns dorment, tandis que d’autres s’ébattent dans le bassin.

Dans l’après-midi, la cavalerie parcourt d’abord 4 kilom. 4 dans le Sud pour traverser cette dislocation, puis 2 kilomètres dans l’Est jusqu’au front de la Barrière, et ensuite fait l’ascension de cet immense glacier.

Après une trotte d’environ 800 mètres, les bêtes sont déchargées : juste à ce moment elles commençaient à

  1. Hutte construite par la mission de la Discovery 1902, que dirigea Scott, et qui atteignit le 80° de latitude Sud.