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La semaine a été belle, mais très froide. La température a oscillé autour de −34° ; aujourd’hui elle descend à −38°,3.

Demain, Bowers, Simpson, le sous-officier Evans et moi partirons pour une excursion à la Terre Victoria. Je désire revoir encore une fois le glacier Ferrar, et relever la position des piquets plantés l’an dernier sur cet appareil pour mesurer sa vitesse d’écoulement.

LE CHÂTEAU DE GLACE À LA FIN DE L’HIVER MONTRANT LA POSITION DE LA CAVERNE.

Dimanche, 1er octobre. — Le 28 septembre, nous sommes rentrés après une absence de treize jours. L’excursion a été fort instructive. En dix marches, nous avons couvert 280 kilomètres. Le 26 septembre, nous allions nous diriger vers le cap Evans lorsqu’un violent blizzard fondit sur nous. Tout d’abord, nous essayons de marcher contre le vent ; mais telle est sa violence que nous pouvons à peine avancer et, après avoir fait 3 kilomètres, nous sommes obligés de camper. Après un jour de détention, nous nous remettons en route, bien que la tempête fasse toujours rage. Bientôt nous devons camper. À neuf heures du soir, la neige ayant cessé, nous levons le camp et, à 1 h. 15, arrivons, épuisés, à la station. Pas un seul moment pendant toute la journée, le vent ne s’était calmé et jamais la température ne s’était élevée au-dessus de 27° sous zéro. Cette journée comptera parmi une des plus rudes du voyage. En somme, sauf pendant les dernières étapes, l’excursion avait été agréable, quoique le temps ne fût pas précisément chaud. Jamais le thermomètre n’était monté au-dessus de 27° sous zéro et souvent il était tombé à −40°.

Mercredi, 3 octobre. — Décidément le poney Jéhu est trop faible pour être attelé. Après avoir été malade pendant le voyage de la Nouvelle-Zélande à l’Antarctique et avoir failli mourir à la suite d’un bain de mer accidentel, il s’est rétabli et, pour le moment semble bien portant ; mais sa vigueur est loin d’égaler celle de ses camarades. Si, au moment du départ, il vient à nous manquer, ce sera une grosse perte. Je redoute que les poneys ne nous réservent beaucoup d’ennui. D’autre part, Oates éprouve les plus grandes difficultés à atteler Christopher.

Le temps s’enfuit tandis que progressivement le soleil monte dans le ciel. Maintenant les lampes sont devenues inutiles, même pour le dîner, et toute la nuit une lumière blanche traîne dans l’air.

Vendredi, 6 octobre. — Hier, passé une inspection minutieuse des poneys, Jéhu me paraît en effet trop faible pour tirer un traîneau ; Chinaman et James Pigg ne sont pas non plus solides ; en revanche, les sept autres paraissent très vigoureux. Si, au dernier moment, plusieurs chevaux viennent à nous manquer, les autres deviendront notre principale ressource comme moyens de transport et alors… Il faut envisager toutes les éventualités, les mauvaises comme les bonnes.