Page:Le Tour du monde - 02.djvu/104

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sous toutes les latitudes. Leurs femmes ont un accoutrement qui rappelle les modes du Directoire : un diadème en carton, recouvert de métal et serré sous la mâchoire par une étoffe légère, leur cache complétement les cheveux, fait saillir les joues et ressortir la pâleur mate de leur visage. Une robe de laine frangée en dents de scie, retenue sous les seins par une ceinture agrafée d’or, accuse les formes et laisse voir les pieds chaussés de babouches ou de brodequins lacés.

En butte au mépris de tous, hommes et femmes ont cet air inquiet qu’imprime la persécution.

Un hasard heureux nous avait fait arriver à Salonique le jour où les bergers descendent de la montagne pour se louer pendant le temps de la moisson : le bazar en était encombré. Nous profitâmes de cette foule pour perdre deux ministres anglicans qui, depuis le bateau, nous entretenaient avec ténacité de discussions religieuses à notre gré trop subtiles, et nous nous mîmes à la recherche des mosquées.

Salonique, qui compte au plus soixante mille habitants, n’a pas moins de trente sept mosquées, parmi lesquelles on reconnaît dix anciennes basiliques appropriées au culte musulman par l’adjonction de minarets et de portiques sarrasins. Un Juif, qui tenait comptoir de saraf (banquier) au coin d’une rue, consentit à nous servir de guide, et nous mena à Saint-Démétrius (Kassoumihié-Djami), dans le quartier d’Eski-Acapoussi.

Mosquée de Salonique. — Dessin de Girardet d’après M. A. Proust.

Cette basilique a été construite au commencement du huitième siècle sur le tombeau de saint Démétrius, marty-