Page:Le Tour du monde - 02.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un rivage où s’élevaient d’innombrables cônes, noirs et tronqués. Du sommet d’une petite éminence, j’en comptai soixante, tous terminés par un cratère plus ou moins parfait, composé souvent d’un simple cercle de scories rouges cimentées ensemble. Ils ne dépassaient la plaine de lave que de vingt à trente mètres ; aucun n’avait été très-récemment actif. La montagne, indiquée dans le dessin ci-dessous, a 1000 à 1200 mètres de haut. C’est un volcan à cime plate, avec de récentes coulées de lave sur les flancs supérieurs : la base est parsemée de petits cratères. La surface entière de l’île semble avoir été perforée comme un crible par des vapeurs souterraines. La lave, soulevée dans son état fluide, a formé çà et là de gigantesques boursouflures. Ailleurs, les cimes de cavernes de semblable formation se sont affaissées laissant béantes des fosses circulaires à bords escarpés. La coupe régulière de ces nombreux cratères donnait au pays un aspect artificiel qui me rappela vivement les parties du Staffordshire où abondent les fonderies de fer. Le jour était d’une chaleur brûlante, et c’était un rude labeur que de gravir à travers un labyrinthe de broussailles ce sol inégal et tranchant, mais je fus bien récompensé de ma peine par l’étrangeté de ce site cyclopéen. Je rencontrai dans ma course deux grosses tortues de terre, pesant bien au moins chacune cent kilogrammes. L’une d’elles mangeait un morceau de cactus ; à mon approche elle leva la tête, me regarda et s’éloigna avec une majestueuse lenteur ; l’autre poussa un sifflement

L’île Chatam, dans l’archipel Galapagos. — Dessin de E. de Bérard d’après un croquis inédit de Ph. King, midshippman à bord du Beagle.
Baie de la Poste, dans l’île Floriana, archipel Galapagos. — Dessin de E. de Bérard d’après l’atlas de la Vénus.