Page:Le Tour du monde - 02.djvu/149

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ils rampent sur le ventre et la queue, s’arrêtent souvent, et sommeillent pendant une ou deux minutes, les yeux clos, les pattes de derrière étendues sur le sol. Ils creusent quelquefois leurs terriers entre des fragments de lave, mais de préférence sur les plateaux unis du tuf friable et gréseux. Les trous ne paraissent pas très-profonds, et pénètrent sous terre à angle court, de sorte qu’en marchant sur ces garennes de lézards, on enfonce à chaque pas dans le terrain qui cède, au grand ennui du marcheur fatigué. Pour faire son terrier, l’amblyrhinchus met en jeu alternativement un seul côté de son corps : une patte de devant gratte le sol et pousse les débris à la patte de derrière, qui est placée de manière à les rejeter hors du trou ; quand un côté est las, l’autre reprend la tâche et ainsi de suite. J’en observai un à l’œuvre jusqu’à ce que la moitié de son corps fût enfouie ; je m’avançai alors et le tirai par la queue, ce qui parut fort l’étonner. Il se dégagea aussitôt, et me regarda en face d’un air inquisiteur, comme s’il m’eût dit : « Pourquoi donc m’avez-vous tiré la queue ? »

Îles à coraux (voy. p. 151) : Oeno, dans l’archipel Pomotou. — Dessin de E. de Bérard d’après un croquis inédit du lieutenant Smyth. Voyage du capitaine Beechey (communiqué par sir Charles Lyell).

Ils mangent de jour et ne s’écartent guère de leurs terriers, où, en cas d’alarme, ils se réfugient avec l’allure la plus gauche. La position latérale de leurs pattes ne leur permet de marcher vite que dans les descentes ; ils ne sont pas du tout craintifs. Quand ils observent attentivement quelqu’un, ils agitent leurs queues, se dressent sur leurs pattes de devant, et impriment à leur tête un mouvement rapide et vertical, pour se donner l’air formidable ; mais en réalité ils ne le sont pas le moins du monde. S’avise-t-on de frapper du pied, leur queue s’abaisse, et ils regagnent leurs trous en toute hâte. J’ai souvent vu les petits lézards, qui se nourrissent de mouches remuer la tête de la même façon, quand leur attention était captivée ; mais j’ignore dans quel but.

Îles à coraux (voy. p. 151) : Village de Vanou, dans l’île de Vanikoro. — Dessin de E. de Bérard d’après l’atlas de l’Astrolabe.