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bons spécimens des grandes embarcations de l’Irawady ; il y en avait de 120 à 130 tonneaux.

On se sert sur la rivière de deux sortes de barques différant complétement l’une de l’autre. Les plus grandes, les hnau, sont aussi les plus employées : quelle que soit leur grandeur, le modèle pour toutes est le même. La quille se compose d’un tronc d’arbre qu’on creuse et qu’on élargit à l’aide du feu, quand le bois est vert encore ; c’est simplement un canot. Sur cette espèce de quille on monte les membrures et les clins. Les courbes de l’avant, toujours très-bas, sont magnifiques, très-évidées, et ressemblent beaucoup à celles de nos steamers modernes. L’arrière s’élève beaucoup au-dessus de l’eau, et ses lignes d’eau sont très-fines. On y trouve toujours un banc élevé, ou plutôt une espèce de plate-forme soigneusement sculptée servant au timonier. Le gouvernail est un large aviron attaché à la hanche de bâbord ; il se manœuvre à l’aide d’une petite barre qui vient en travers du banc du pilote.

Birmans dans une forêt. — Dessin de J. Pelcoq d’après une photographie.

Ce qu’il y a de plus curieux dans ces navires, c’est la mâture et la voilure. Le mât se compose de deux espars ; attachés à deux morceaux de charpente et fixés à la quille, ils sont disposés sur ces pièces de bois de façon à pouvoir s’abaisser et même se démonter à volonté. Cette même mâture sert aux fameux pirates d’Ilanon, dans l’archipel Indien ; quand ces écumeurs de mer sont poursuivis, ils se réfugient dans une crique et abaissent leurs mâts, qui pourraient trahir leur retraite. Il me semble qu’il y a entre les races iudo-chinoises et les habitants de l’archipel Indien de nombreux points de ressemblance qui doivent fixer l’attention des ethnologistes.

Ces deux mâteraux, réunis par des traverses qui for-