Page:Le Tour du monde - 02.djvu/408

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village, aux ruelles tortueuses, aux chalets enfumés qui semblent porter la trace de récents incendies. En outre, les maisons situées sur le bord du torrent ont été en partie détruites par l’inondation de 1856 : depuis cette époque, on n’a rien fait pour réparer le désastre ; les chambres et les greniers délabrés sont encore ouverts à tous les vents, et ces pauvres débris de constructions ruinées sont à la merci de la première crue. Les habitants de Ville-Vallouise n’oseraient guère s’enorgueillir de leur patrie s’ils n’avaient les fresques de l’église représentant saint Christophe et l’enfant Jésus. Cette ignoble peinture, qui occupe presque toute la hauteur du clocher, leur semble une merveilleuse œuvre d’art ; ils l’admirent consciencieusement et montrent avec satisfaction aux étrangers les longues jambes rouges du géant, son pourpoint bleu, sa face paterne et débonnaire. « Que dites-vous de notre saint Christophe ? me demandait un Vallouisais. A-t-on d’ainsi belles peintures à Paris ? »

Le lac de l’Échauda. — Dessin de Sabatier d’après nature.

Si le village lui-même n’est remarquable que par le délabrement et la saleté de ses constructions, en revanche sa position est vraiment belle. Il est situé au confluent de deux vallées, au pied d’un promontoire crénelé de rochers et portant sur son plateau presque uni de vastes pâturages semés de chalets et de bois. D’un côté le Gir, qui reçoit toutes les eaux du Pelvoux et de l’Échauda ; de l’autre côté, l’Onde alimentée par les neiges de l’Alp-Martin, de Bonvoisin, du Célard, environnent le village et se réunissent pour former la Gironde, torrent presque aussi fort que la Durance dans laquelle il va se jeter à un kilomètre au nord de l’Argentière. Des talus de sable et de pierres rouges, tombés des cimes du Sablier et du Montbrison, cachent en partie les