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De temps en temps, une clairière se présentait à nous et nous laissait voir de verts pâturages, que bornaient les montagnes bleues du plateau mexicain. Une croix plantée sur une hutte de terre encore fraîche nous apprit qu’une bande de vingt à trente individus avait récemment péri en cet endroit. C’était un triste débris du dernier pronunciamiento. À la suite de chaque guerre civile au Mexique, quelques bandes de partisans continuent à errer sur les chemins, se livrant au vol sous le couvert de la politique. »

Après avoir traversé une plaine cultivée, animée çà et là par des ranchos, les voyageurs atteignirent dans l’après-midi la petite ville de San Andres Chalchicomula. Des lotions faites, près d’un aqueduc, aux yeux des deux malades avaient un peu adouci leurs souffrances, en sorte qu’ils commençaient à voir faiblement.

Les informations prises aussitôt après leur arrivée dans la petite ville s’accordèrent sur ce point que l’ascension du volcan était beaucoup plus facile du côté du sud. Le baron de Müller voulut faire sans retard une nouvelle tentative.

Vue de l’Orizaba (État de Vera-Cruz). — Dessin de Français d’après l’Illustrite Zeitung.

Malgré quelques jours de repos, MM. Malmsjö et Sonntag se trouvèrent encore trop souffrants pour se remettre en route. Deux autres personnes, M. Campbell, un Nord-Américain, inspecteur des lignes télégraphiques du Mexique, et M. de La Huerta de Puebla, s’offrirent à les remplacer.

« Le Citlaltepetl, la Montagne de l’Étoile[1], était couvert d’épais nuages, lorsque, le 8 septembre 1856, je pris congé de mes amis et quittai San Andres Chalchicomula au milieu des souhaits de bonheur des habitants.

« Deux Indiens courageux et expérimentés, que le préfet avait mis à ma disposition, furent envoyés en avant afin de préparer, dans une grotte au bas de la limite des neiges, du côté méridional de la montagne, une provision d’eau et de bois, car nous devions passer en cet endroit la première nuit. Ma caravane se composait de M. Campbell, de M. de La Huerta et de deux serviteurs, tous quatre à cheval, puis d’un mulet chargé des vivres et des provisions.

« En montant avec ardeur, nous arrivâmes sur un plateau, parsemé d’un grand nombre de collines volcaniques peu élevées, à travers de très-belles forêts de pins et de sapins, et nous passâmes souvent au milieu des rochers par les sentiers les plus impraticables et les plus dangereux. Le baron de Müller parle en ces termes du danger des chemins et de l’excellence des chevaux mexicains :

« À cinq heures, comme nous chevauchions le long d’une baranca, qui n’était pas profonde de plus de trente-trois mètres, mais très-escarpée, Huerta tomba avec son cheval. Il se trouvait près de moi sur un rocher poli

  1. Nom indien de l’Orizaba.