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Les mille îles, à l’entrée du lac Ontario. — Dessin de Paul Huet d’après M. Deville.



VOYAGES DANS L’AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE,

PAR M. L. DEVILLE.




ÉTATS-UNIS ET CANADA[1].
1853 — 1854


Les cataractes du Niagara. — Leurs premiers découvreurs. — Leur aspect il y a un demi-siècle et aujourd’hui. — L’hôtel Clifton. — Le grand pont suspendu. Le gouffre. — L’île de la Chèvre. — Promenade sous la chute centrale. — La grotte des Vents. — Certificat.

Le premier Européen qui ait décrit les chutes du Niagara est un prêtre français, le franciscain Hennepin ; il les vit vers l’an de grâce 1678. Mais dans le demi-siècle qui précéda cette date elles avaient dû être connues successivement : — de Champlain, dès 1615, — des Jésuites, qui de 1634 à 1647 n’exécutèrent pas moins de dix-huit voyages entre le Saint-Laurent et le lac Supérieur, et enfin de Robert de la Salle, qui en 1670 releva minutieusement les contours des lacs Érié et Ontario. Si le silence gardé par ces explorateurs sur cette merveille de la nature américaine est difficile à expliquer, le peu qu’en ont dit leurs successeurs jusqu’à la fin du siècle dernier n’est pas moins étonnant. Il est vrai que les routes suivies alors par les trafiquants, les chasseurs et les missionnaires, laissaient toutes le Niagara à une certaine distance. Sur les rives des lacs et des rivières leurs tributaires, s’élevaient déjà des établissements prospères, des villes florissantes, que rien ne troublait encore la solitude des grandes cataractes. Lorsque l’auteur d’Atala vint tremper ses pinceaux dans ces colonnes d’eau du déluge, c’était encore une aventureuse entreprise que de se frayer un chemin dans les lacis infréquentés de la forêt

  1. Suite et fin. — Voy. pages 236 et 241.