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suite le tour d’une messe, puis celui d’un sermon et d’une procession, et la solennité s’achève au milieu d’un tourbillon de peuple endimanché avec un redoublement de folies, de violons, de guitares, de caisse, de chansons bourrées de propos libres et peu décents, et de danses où la foffa traditionnelle s’évertue sans vergogne, laissant loin derrière elle les gestes, les cambrures et les coups de hanche de la cachucha. Dans une Romaria, si la foffa ne tient pas précisément la place d’honneur, il faut avouer cependant qu’elle en devient l’épisode le plus original ; elle la complète en effet par un de ces traits hardis et passionnés qui plaisent tant au voyageur affamé de pittoresque et de couleur locale. Pour couronner la fête, des disputes s’engagent, des volées de coups de bâton s’échangent… et tout cela dure deux jours et deux nuits.

Tombeau dans l’intérieur de l’église de Batalha. — Dessin de Catenacci d’après une photographie de M. Lefèvre.

« … Mais nos chevaux vont un train d’enfer… Bussaco et Cantanhède n’ont fait que paraître et disparaître… Nous sommes à Coïmbre. »


XVI

Nous étions descendus dans la rue Large, auprès de l’Université.

Le lendemain matin de notre arrivée (3 mai), en me penchant en dehors de la fenêtre de notre chambre, j’aperçus dans la rue quelques gamins jouant aux boules avec des oranges. En France et partout, c’est à peine si les enfants sacrifieraient des pommes à ce passe-temps, mais ici, c’est autre chose ; les fruits d’or du jardin des Hespérides ne sont pas de trop pour servir à l’amusement des petits Portugais en guenilles.

La ville, en amphithéâtre sur la rive droite du Mon-