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Une fontaine dans la ville de Chihuahua.


VOYAGE DANS L’ÉTAT DE CHIHUAHUA


(MEXIQUE)


PAR M. RONDÉ.


1849-1852. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS[1].




De France au Chihuahua.

Parti du Havre le 5 février 1849, j’arrivai, après vingt-cinq jours de traversée, à New-York. De là, je me dirigeai vers la Nouvelle-Orléans, où je fis mes préparatifs de voyage pour la Californie. J’étais en compagnie de M. H. du Pasquier de Dommartin. Nous rencontrâmes plusieurs jeunes gens qui se proposaient, comme nous, d’aller à San Francisco, et, le 14 avril, nous prîmes passage ensemble à bord du vapeur le Globe en destination pour Brazos-San-Iago dans le Texas. Il nous fallut ensuite passer du golfe du Mexique dans le Rio-Grande ou Bravo del Norte, que nous remontâmes jusqu’à Brownsville, terme de notre navigation.

Brownsville est située sur la rive droite du Rio-Grande del Norte dans le Texas. En face, sur la rive gauche, se trouve Matamoros, qui dépend du Mexique et est située dans l’état de Tamaulipas. Ces deux villes communiquent ensemble par un bac.

Le 21 avril, nous nous installâmes à Matamoros. Huit jours nous suffirent à peine pour acheter nos vivres et nos autres provisions que nous plaçâmes dans deux wagons de transport.

Toutes nos dispositions nous paraissant bien prises, notre petite caravane composée de douze hommes, y compris deux nègres, se mit en marche.

Après avoir traversé l’État de Tamaulipas en longeant le Rio-Grande ou Bravo del Norte, et ceux de Nuevo-Leon, Cohahuila, Bolson de Mapimi et Durango, nous arrivâmes vers la fin de mai sur les frontières de l’État de Chihuahua ; c’est de ce point que je commence le récit de ma vie dans les déserts.


Notre guide. — Le mescal. — Cerro-Gordo. — Les maisons. — Les soldats mexicains.

Jusque-là, il nous avait été possible d’acheter, aux étapes, des vivres frais ; nos chevaux et nos mulets rencontraient de gras pâturages : mais à mesure que nous avancions vers le nord, les populations étaient de plus en plus clair-semées, et nous devions nous attendre à être bientôt exposés à beaucoup de privations.

Un guide nous devint indispensable, non-seulement parce que nous n’avions pas devant nous de route tra-

  1. Tous les dessins qui entrent dans cette livraison et la suivante ont été faits au Chihuahua par le voyageur lui-même, M. Rondé.