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La préparation du poison « le curare » chez les Indiens Mondurucus (voy. page 391).



VOYAGE AU BRÉSIL,

PAR M. BIARD[1],
1858-1859. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS[2].




L’AMAZONE.

Canoma. — Les Mondurucus. — Privations.

Après avoir longtemps côtoyé des terres incultes, nous arrivâmes enfin devant des champs où s’élevaient des cases assez bien construites. Nous approchions de Canoma ; là était le véritable Madeira. Nous venions de remonter un de ses bras, et j’avais pour itinéraire de redescendre par un autre, qui alors prenait le nom de Paraná-Mirim et descendait derrière différentes îles, pour se rendre dans l’Amazone, beaucoup plus bas que la bouche par laquelle je l’avais remonté.

J’avais une lettre pour le vicaire de Canoma : je fis remonter le canot jusqu’en face de ce lieu et nous y passâmes la nuit, pour être prêts à descendre le lendemain de bonne heure.

Le vicaire était absent. Son frère m’a reçu fort obligeamment et, après déjeuner, je l’ai prié de me procurer de suite un modèle. Il en a fait venir un qui s’est prêté assez facilement à ce que je désirais de lui.

Dans ce petit endroit, habité seulement par le vicaire et quelques Portugais sous ses ordres, on faisait construire une église ; plusieurs Indiens à peu près sauvages avaient été requis pour ce travail. Il y avait là une tribu entière de Mondurucus, hommes, femmes et enfants. Ces tribus sont les plus estimées pour leur douceur, leur bravoure et leur fidélité.

La plupart de ces Indiens étaient à moitié vêtus ; les femmes avaient de tout petits corsets descendant sous la poitrine, et celles qui avaient des jupes les attachaient fort bas. Ces braves gens passaient la journée à travailler en riant aux éclats avec leurs femmes, grosses et fraîches

  1. Suite et fin. — Voy. pages 353 et 369.
  2. Tous les dessins joints à cette relation ont été exécutés par M. Riou d’après les dessins de M. Biard.