Page:Le Tour du monde - 05.djvu/288

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qui passe sur le sinciput, soutient une seconde cruche beaucoup plus petite. Celle-ci pend devant lui, à la hauteur de ses genoux. Elle est destinée à contre-balancer par son poids celui du chochocol et à conserver au porteur un centre de gravité normal. On raconte qu’un Anglais, désireux de vérifier ce problème d’équilibre, se donna le plaisir de briser d’un coup de canne le petit cantaro ; le pauvre aguador de rouler par terre, sur le dos, ou plutôt sur les débris de son chochocol. L’Anglais satisfait paya la casse. On ne dit pas s’il donna quelque chose pour l’outrage fait à la dignité humaine.

Serenos, gardiens de nuit, à Mexico. — Dessin de Riou d’après une photographie.

Je ne songeai point à faire une pareille épreuve ; mais j’en fis une autre, infiniment moins aristocratique il est vrai. Je m’assurai par expérience que l’eau contenue dans le cantaro cassé par l’Anglais était charitablement à la disposition de tout homme altéré, et cela sans rétribution aucune ; l’usage a fait une loi de cette habitude patriarcale. L’aguador auquel je m’adressai, voyant que je n’appartenais pas à sa clientèle ordinaire, qui est assez peu vêtue, se crut en droit de me demander, fort honnêtement du reste, une cigarette que je n’eus garde de lui refuser.

Ern. Vigneaux.

(La fin à la prochaine livraison.)