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fils de Napoléon avait été empoisonné. Marie-Louise est à côté du duc de Reichstadt.

Le capucin qui nous conduit nous donne à peine cinq minutes pour tout voir avec sa lampe fumeuse, mais il nous attend patiemment à la porte pour nous tendre la main.

À l’église des Augustins, vu le tombeau de la duchesse de Saxe-Teschen par Canova. C’est l’œuvre la plus considérable qu’il ait faite : tout un drame en marbre blanc. Toujours quelque chose qui charme, rien qui enlève. Dans cette église, qui est celle de la cour, la garnison fait célébrer une messe, le 3 novembre de chaque année, pour le repos de l’âme de tous les soldats autrichiens morts dans les combats. C’est une cérémonie pieuse et touchante. Le 18 juin elle y revient encore, mais joyeuse et bruyante, faisant retentir les sabres sur les dalles saintes, de manière à montrer que la lame tient bien mal au fourreau et ne demande qu’à sortir. C’est l’anniversaire de la victoire remportée en 1757, près de Collin en Bohême, sur les Prussiens de Frédéric II. Chaque année, l’armée autrichienne remercie Dieu de lui avoir permis de battre ce jour-la les chers confédérés, ce qui ressemble beaucoup à une prière pour solliciter la faveur de les battre encore.

Plan de Vienne.

Saint-Étienne, la cathédrale, est du quatorzième siècle, l’âge du gothique flamboyant, de la pierre tourmentée, de cette architecture enfin qui ne dit rien à l’esprit, parce qu’il n’y a de vraiment grand que ce qui est simple. La flèche est magnifique et une des plus hardies du monde catholique : il lui manque quelques pieds seulement pour monter aussi haut que celle de Strasbourg. On a gâté l’intérieur en y construisant quantité de chapelles dans le style gréco-romain, avec colonnes corinthiennes et frontons qui jurent dans ce grand vaisseau gothique.