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Combats de taureaux, à Cuzco.


VOYAGE DE L’OCÉAN PACIFIQUE À L’OCÉAN ATLANTIQUE,

À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD,

PAR M. PAUL MARCOY[1].
1848-1860. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




PÉROU.




QUATRIÈME ÉTAPE.

D’ACOPIA À CUZCO.
Cuzco ancien et moderne.

Cependant l’homme ou la femme accorde la guitare qui lui est présentée, tousse en fausset, se mouche, s’éponge les lèvres et pratique ces singeries gracieuses, qui sont comme le prélude du morceau musical. Pendant ce temps les auditeurs ont disposé leurs siéges de façon à ne perdre ni un geste du chanteur, ni une contraction de ses muscles faciaux, ni une des notes et des paroles du yaravi qu’il va chanter, car le yaravi est le grand air, on pourrait dire le seul air en honneur dans ces réunions musicales. La première note et la première syllabe s’échappent enfin du gosier de l’exécutant. Un silence profond et admiratif — Milton eût dit un silence ravi — règne dans l’assemblée. On croirait que l’ange de la mélodie et du yaravi, pareil à celui d’Habacuc, s’est abattu sur elle, l’a saisie aux cheveux et la pénètre d’effluves enthousiastes. Tous les cous sont tendus et les yeux agrandis ; toutes les oreilles sont ouvertes et les bouches aussi. Chacun dévore du regard le chanteur

  1. Suite. — Voy. t. VI, p. 81, 97, 241, 257, 273 ; t. VII, p. 225 et la note 2, 241, 257 et 273.