Page:Le Tour du monde - 07.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un quart d’heure du fleuve, près du village de Koïoundjik ; c’est à celle-là que s’attaqua d’abord M. Botta.


M. Botta continue ses fouilles à quelques heures de Mossoul.- Le village de Khorsabad.

Les premières tentatives dans le monticule de Koïoundjik n’eurent pas de grands résultats : on n’avait pas porté encore la pioche assez avant. Mais, pendant que les ouvriers sont à l’œuvre, survient un paysan des environs.

« Ce sont ces choses-là que vous cherchez ? leur dit-il à la vue de quelques fragments que l’on avait déterrés. Venez à mon village : je vous-en montrerai bien d’autres, que l’on a trouvés en creusant les fondations de nos maisons. »

M. Botta n’avait pas une bien grande confiance dans ces promesses trop communes en Orient. Il envoya cependant deux ou trois de ses hommes à l’endroit désigné. C’était un village appelé Khorsabad, — nom devenu depuis si fameux, — à quatre heures de Mossoul dans la direction du nord-est. Il y avait là en effet beaucoup de briques couvertes d’empreintes cunéiformes.

On y pouvait espérer des trouvailles importantes ; M. Botta s’y transporta immédiatement et y fit commencer les travaux.

Tel a été le point de départ des magnifiques découvertes qui ont pris une place si considérables dans l’histoire scientifique de notre époque.

Un grand monticule, en partie couvert par les maisons du village, révélait un ancien site. Une coupure fut pratiquée sur le talus du tumulus, et après quelques heures de travail la pioche des ouvriers mit à découvert l’angle d’un mur, — puis un second mur, — puis un troisième, — puis une salle entière, et une autre, et une autre encore, les parois partout couvertes de sculptures et d’inscriptions, de scènes de chasse, de scènes guerrières, de scènes religieuses, puis des figures colossales aux formes symboliques, un vaste palais avec toutes ses magnificences, une véritable habitation royale. Des poutres carbonisées, des pans de murailles noircis ou calcinés, attestaient que les flammes avaient accompli l’œuvre de destruction. Les fureurs de la guerre qui renversa la dernière dynastie assyrienne, et la main dévastatrice d’un ennemi victorieux, ont laissé partout leur trace.

Bas-relief provenant du palais de Sardanapal. — Un convoi de prisonniers. — Dessin de H. Catenacci d’après M. Rawlinson.

On peut juger des émotions de l’heureux explorateur devant ce monde nouveau qui se dépouillait, heure par heure, de son linceul séculaire.

M. Botta rendit compte en toute hâte, à son gouvernement, de sa magnifique découverte. M. Guizot et M. Villemain, les ministres d’alors, en apprécièrent l’importance et l’avenir. Deux choses furent mises aussitôt à la disposition du consul français : de l’argent pour suivre activement les fouilles, et un artiste habile, M. Eugène Flandin, qui avait déjà fait ses preuves dans un voyage en Perse. Les travaux, à l’arrivée de ce double auxiliaire, furent poussés avec une ardeur nouvelle. Une nombreuse série de magnifiques dessins reproduisit, dans leur ensemble et dans tous leurs détails, les richesses de l’art assyrien, en même temps que M. Botta copiait, avec l’exactitude la plus scrupuleuse, l’immense suite d’inscriptions tracées à côté des sculptures et sur les colosses symboliques. Tout ce qui pouvait se détacher sans être détruit ou endommagé fut transporté jusqu’au Tigre et embarqué sur des radeaux ; et quoiqu’un déplorable accident ait englouti dans le fleuve une partie de ces richesses, — ce qui nous en est arrivé a suffi pour remplir toute une salle basse du