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devait en effet se produire une série d’échos répercutant le bruit du vent dans les dunes, et pouvant produire un bruit analogue à celui d’un tambour.

Pendant que nous faisions une halte à El-Eurma, l’agha d’Ouargla, Sid-Lalla, vint nous rejoindre, entouré de son maghzen. La joie éclatait sur sa mâle figure ; la nouvelle de l’arrivée de notre colonne avait changé à son égard les dispositions des esprits des oasis ; les cavaliers les moins compromis avaient demandé à l’accompagner ; les djemâa (assemblée des villages) avaient décidé qu’on irait au-devant de nous, pour nous faire honneur : c’était un revirement complet.

Radjel-el-Hachem (marabouts quêteurs). — Dessin de M. Alfred Couverchel.


VIII

Vers deux heures de l’après-midi, nous débouchâmes en bon ordre dans l’immense bas-fond où se trouve Ouargla. La forêt de palmiers s’étendait à perte de vue ; à la lisière des dattiers nous trouvâmes, rangés en bataille, les fantassins de l’oasis, drapeaux et musique en tête. Une décharge générale de leurs armes fut le signal de notre bienvenue. Nous répondîmes au salut par une fantasia effrénée. Une revue de ces fantassins eut lieu, après laquelle hommes de pied et hommes de cheval se mêlèrent, et nous allâmes installer notre bivac près du bordj de l’agha.

Une des portes de Ouargla. — Dessin de M. de Lajolais.

Jusque-là ce chef n’avait eu qu’une autorité à peu près nulle, et depuis sa nomination, récente il est vrai, il n’avait osé pénétrer dans la ville d’Ouargla. Notre présence venait de tout modifier. Aussi, pour ne pas perdre le fruit du bon accueil qui venait de nous être fait, nous nous dirigeâmes, aussitôt le camp tracé, vers la ville aux Sultans, guidés par Sid-Lalla et son maghzen. Nous étions accompagnés de Si-Bou-Beker et son jeune frère, montés sur leurs magnifiques chevaux, et ruisselants d’or et de soie. Nos jeunes peintres et nos Savants étaient de la partie.

Notre Premier soin fut de conduire Si-Bou-Beker et ses gens à la mosquée, où une diffa improvisée nous fut immédiatement offerte. Pendant les préparatifs de la diffa, nous escaladâmes le minaret le plus élevé, afin d’embrasser toute la cité du regard. Cette ascension n’est pas une opération facile pour qui n’en a pas l’habitude. La tour du minaret est une pyramide quadrangulaire,