Page:Le Tour du monde - 08.djvu/185

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forent pas de puits nouveaux ; ils se contentent de réparer les puits morts et d’entretenir les anciens qui fonctionnent encore.

Il y a bien deux cents puits effondrés qu’un peu de travail ferait revivre, et dus aux ancêtres de l’oasis à l’époque où la ville était florissante ; mais la race des oasis a suivi la même marche rétrograde que toutes les populations musulmanes en contact avec la civilisation ; elle est sur cette pente fatale de décadence, où, une fois engagé, un peuple se laisse aller jusqu’à ce qu’il tombe.

La place de la Boucherie, à Ouargla. — Dessin de M. de Lajolais.

Si les puits artésiens d’Ouargla offrent de grandes facilités pour l’arrosage, ils offrent aussi de graves inconvénients pour leur entretien en bon état. L’un des plus fréquents est l’obstruction de l’œil souterrain (nom que les Arabes donnent au trou pratiqué dans la roche super-artésienne) par les sables provenant soit de la couche aquifère que le courant d’eau vertical entraîne, soit des coups de vent de la surface du sol. Il faut alors descendre au fond du puits et déblayer le passage rocheux qui met le puisard en communication avec la nappe. C’est une opération d’une difficulté et d’un péril extrêmes, et qu’une corporation de plongeurs que l’on désigne sous le nom de kertassa se charge d’exécuter. La profondeur moyenne, avons-nous dit, est de cent vingt à cent trente pieds. Les hommes voués à ce pénible travail forment des brigades ayant chacune son chef ; chaque plongeur va à son tour remplir un couffin de sable, et reste, pour cela, trois ou quatre minutes sous l’eau ; s’il reste davantage, le plus hardi se hâte d’aller le chercher, et le plus souvent ne ramène qu’un cadavre.

Le trajet des plongeurs s’effectue au moyen d’une