Page:Le Tour du monde - 10.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La plaine s’étend loin devant nous onduleuse, coupée de ruisseaux et de marais. Nos marmites passent, faisant jaillir l’eau, poussant des cris sauvages ; le tacon semble léger pour leurs épaules robustes ; ils se hâtent et luttent de vitesse, comptant bien sur notre générosité pour une distribution de rhum ou de betza-betza.

Nous atteignons alors la première limite des bois ; l’étroit sentier court au milieu d’une végétation vigoureuse où se mêlent les copaliers à l’écorce blanchâtre, le nath couleur d’acajou et l’indraména au bois rouge ; le vacoa pyramidal élève sa tête conique au-dessus des palmiers nains, et des touffes d’immenses bambous viennent en se recourbant entraver notre course et nous fouetter le visage ; le bois est désert, les oiseaux sont rares, et le cri désolé du coucou solitaire se mêle seul au bruit de nos voix.

Vacoa (pandanus utilis.) — Dessin de E. Thérond.

La plaine s’ouvre de nouveau, couverte d’une herbe haute et serrée où nos porteurs disparaissent ; plus nous avançons et plus les marais deviennent larges et profonds. Les marmites s’y engagent néanmoins, et ce n’est pas sans appréhension que du haut de nos siéges mobiles nous les voyons s’enfoncer dans cette fange liquide ; ils en ont parfois jusqu’aux épaules et ce n’est qu’à force d’adresse, sondant le terrain et nous soulevant au--