Page:Le Tour du monde - 11.djvu/296

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C’est par là qu’il faut passer pour gravir le Tongariro ; mais les difficultés sont encore aujourd’hui les mêmes qu’en 1841, lorsque Dieffenbach s’efforça en vain d’obtenir la permission de faire cette ascension, ou lorsqu’en 1850, le gouverneur d’alors, sir Georges Grey, tenta la même entreprise. La montagne est tabou, et quand bien même Te Heuheu donnerait l’autorisation de gravir la montagne, bien certainement ses voisins la refuseraient. Les deux Européens que je viens de nommer sont parvenus il leurs fins à l’insu des indigènes. Quant à moi, je ne fis aucune tentative pour obtenir leur acquiescement à ce sujet, le temps était beaucoup trop mauvais pour une telle entreprise, et, pour arriver à des résultats Satisfaisants, il aurait fallu une longue et complète exploration que ne me permettait pas la durée de mon séjour.

Le Tongariro n’est pas une montagne conique isolée comme le Ruapahou ; il forme plutôt un système volcanique très-complexe qui se compose d’un groupe entier de puissants cônes encore en activité ; le Ngauruhoe, cône d’éruption très-beau et très-régulier, avec un vaste cratère en forme d’entonnoir, en est la partie la plus importante. Ce cône de cendres et de scories dépasse les autres points les plus élevés d’environ cinq cents pieds.

Les volcans Tongariro et Ruapahou, vus du sud-ouest. — D’après M. F. de Hochstetter.

Je n’ai pas appris non plus que jamais un indigène ait gravi cette montagne ; la crainte des puissances infernales paraît les avoir détournés d’un pareil dessein.

À ma connaissance, il n’y a que deux Européens qui aient réussi à gravir le Ngauruhoe, M. Bidwill, en mars 1839, et M. Dyson, en mars 1851. Nous donnerons un extrait de la relation de ce dernier, qui a paru dans un journal d’Auckland, le New-Zealander :

« …Au mois de mars 1851, un peu avant le lever du soleil, je partis du lac Rotorua ; je traversai la plaine et je gravis les hauteurs au nord de la rivière Whanganni ; j’arrivai alors dans une vallée couverte de grands blocs de lave qui embarrassaient beaucoup ma marche. C’est dans le fond de cette vallée que coule le Whanganni ; je passai la rivière qui, en cet endroit, n’a que trois pieds de large, et j’atteignis de l’autre côté un terrain fort inégal et fort difficile à gravir. Je m’avançai aussi directement que possible vers le sommet le plus élevé. Je parvins enfin au pied du cône, autour duquel se trouvent de grands blocs de lave qui, évidemment, ont été lancés par le cratère. C’est ici le moment le plus critique de ma périlleuse entreprise. Je dus gravir le cône à pic, qui me parut former le quart de la hauteur totale de la montagne. Il me fallut ramper assez longtemps sur mes