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au nord, Horn-Sound, la baie de la Corne ; Bell-Sound, la baie de la Cloche, Jce-Sound, la baie des Glaces, Cross-Bay, la haie de la Croix ; Kings-Bay, la baie du Roi. La baie de Hambourg et celle de la Madeleine sont des golfes moins profonds et moins ramifiés.

Toutes les vallées, dans le nord comme dans le sud du Spitzberg, sont comblées par des glaciers qui descendent jusqu’à la mer. Leur longueur est variable : le plus long que j’aie vu, celui de Bellsound, avait dix-huit kilomètres de long sur six kilomètres de large ; celui du fond de Magdalena-bay 1 840 mètres de long sur 1 580 mètres de large au bord de la mer. Suivant Scoresby, les deux plus grands glaciers sont ceux du Cap sud et un autre au nord de Hornsound, qui tous deux ont vingt kilomètres de large au bord de la mer et une longueur inconnue. Les sept glaciers qui bordent la côte au nord de l’île du Prince Charles ont chacun près de quatre kilomètres de large. Tous ces glaciers forment à leur extrémité inférieure de grands murs ou escarpements de glace qui s’élèvent verticalement au-dessus de l’eau à des hauteurs qui varient entre 30 et 120 mètres. Les premiers navigateurs hollandais et anglais, voyant ces murailles colossales de glace qui dépassaient la hauteur des mâts de leurs navires, les désignèrent sous le nom de montagnes de glace (icebergs), ne soupçonnant pas leur analogie avec les glaciers de l’intérieur du continent : le nom leur est resté, et Phipps, Parry, Scoresby lui-même ignoraient la nature de ces fleuves de glace qui s’écoulaient sous leurs yeux dans les flots. Quand j’abordai pour la première fois au Spitzberg, en 1838, je reconnus immédiatement les glaciers que j’avais si souvent admirés en Suisse. L’origine est la même, mais les différences tiennent au climat, au voisinage de la mer et à la faible élévation des montagnes du Spitzberg.

Apparence de l’aurore boréale dans le sud, à Bossekop (Finmark), le 6 janvier 1839, à 6 h. 4 min. du soir. Dessin et gravure de Rapine d’après Bévalet.

Un glacier se forme par l’accumulation des neiges pendant l’hiver des pays froids dans une plaine, une dépression du sol ou une vallée. Cette neige fond partiellement en été, regèle, fond de nouveau, s’infiltre d’eau, gêle définitivement à l’entrée de l’hiver et se transforme ainsi d’abord en névé, puis en glace plus ou moins compacte, mais toujours remplie des nombreuses bulles d’air qui étaient logées dans les interstices de la neige. Ces masses de glace, dont l’imagination serait tentée de faire l’emblème de l’immobilité et de la rigidité la plus absolue, sont douées d’un mouvement de progression dû à leur plasticité et à la dépression des parties supérieures. Ce mouvement lent, mais continu, plus rapide en été qu’en hiver, pousse sans cesse en avant l’extrémité inférieure du glacier. En Suisse, cette extrémité inférieure descend souvent dans les vallées habitées, telles que celles de Chamounix, de Mont-Joie et du val Veni autour du Mont-Blanc ; de Zermatt, de