Page:Le Tour du monde - 14.djvu/276

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tenant le bourg de Saint-Saturnin. On rencontre, au-dessous du lit de basalte, à environ quarante pieds de profondeur, une couche d’argile qui contient en abondance des restes de végétaux réduits en carbone par l’intense chaleur de la lave qui les a recouverts.

Ainsi, à l’époque ou le groupe méridional des Dômes déversait ses torrents de feu dans la Limagne, ce bassin lacustre possédait déjà son niveau actuel. Il n’y a pas de plus fort argument contre le mode de formation attribué par M. Poulett-Scrope aux reliefs intérieurs de ce bassin.

Le plateau primitif sur lequel je venais de dresser ce procès-verbal géologique, renferme les sources, très-rapprochées l’une de l’autre, de deux ruisseaux dont nous avions peu auparavant suivi les cours divergents dans la plaine : l’Artière qui serpente dans les prairies de Beaumont et d’Aubières, et l’Auzon qui, creusant son lit au pied des contre-forts méridionaux de Gergovie, rappelle les grandes luttes de nos pères contre les Romains.

Vieille femme et jeune fille de la montagne. — Dessin de Jules Laurens.

En franchissant le faible sillon, où vagit ce cours d’eau à ses débuts, nous foulons un nouveau sol : notre voiture roule silencieusement sur un lit de pouzzolane pulvérisée et de cendres fines couleur d’asphalte. Des scories pareilles à du matras de verreries ou à du machefer, hérissent çà et là cette coulée pulvérulente ou semblent flotter à sa surface. Tout cela est sorti de la fournaise du Puy Noir, ou proviennent des débris de son immense cratère, aux deux tiers écroulé, et dont le restant de paroi, encore debout, se profile de la manière la plus étrange à deux cents mètres de hauteur, rouge de brique sur toute sa surface concave, d’un vert in-