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résoudre à sa manière un intéressant problème international, l’application de l’architecture indigène aux exigences de notre civilisation.

L’édifice principal a la forme d’un carré long, composé de deux hautes murailles à pignon, au levant et au couchant, et de deux longues et basses façades latérales, au nord et au midi, construites partie en briques, partie en bois et en pisé.

Une vérandah, spacieuse galerie en bois, exhaussée à trois pieds du sol et reposant sur des piliers, comme les chalets suisses, fait le tour des trois façades du couchant, du nord et du levant. Elle est entrecoupée sur chaque façade par un élégant péristyle qui conduit au jardin.

Toutes les pièces d’habitation ouvrent sur la vérandah par des portes vitrées à deux battants, lesquelles tiennent lieu de fenêtres. La façade du levant, occupée tout entière par le salon, compte quatre de ces doubles portes, et celle du nord en a huit. C’est au couchant que se trouve le péristyle d’honneur, la principale porte d’entrée de la maison. Elle donne accès à un corridor très-spacieux, très-élevé, qui aboutit au salon, et avec lequel communiquent aussi tous les autres appartements. Chaque pièce est donc indépendante des pièces voisines et possède deux issues, l’une sur la vérandah, l’autre sur le corridor.

La loge des portiers de la résidence hollandaise : Portier et voisines. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.

Le côté du midi ne contient que des chambres de bain, le cellier, la dépense, l’office, la cuisine, et des chambres à coucher. Grâce à la hauteur des plafonds et aux belles dimensions du corridor et de la cuisine, l’air circule librement dans l’intérieur de la maison. Quant à la lumière, elle serait fort interceptée par la vérandah, si le nombre des portes vitrées ne remédiait jusqu’à un certain point à cet inconvénient.

Tel est le rez-de-chaussée de notre demeure de Benten, et celle-ci ne renferme rien de plus, car tout le reste de cette vaste construction consiste en charpentes et en toitures dont l’ingénieux échafaudage est complétement vide à l’intérieur, sans étage, ni galetas, ni chambres hautes, ni mansardes, ni lucarnes. Ce genre d’architecture, propre au Japon, doit avoir pour but de permettre aux plus grands édifices, tels que les temples et les palais, de résister aux tremblements de terre ou aux terribles ouragans connus sous le nom de typhons.

Un escalier extérieur gravit en zigzag le pan méridional de la toiture et conduit au sommet du bâtiment, où l’on a établi un belvédère. Souvent nous avons épié du haut de cet observatoire aérien, l’arrivée du paquebot apportant la malle d’Europe ; souvent nous y sommes montés quand les lenteurs traditionnelles du gouvernement japonais nous forçaient à l’inaction et nous retenaient des mois entiers dans la situation de pas-