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chrétiens avaient été bien fous de donner leur peine et leur argent pour payer la vie d’un mahométan qui ne craignait pas la mort.

Le bourreau seul fut quelque peu mécontent, car il perdait par ce dénomment imprévu le gain qu’il comptait faire pour cette triple exécution. Si le supplice avait eu lieu, c’était le père de la victime qui aurait dû payer à l’exécuteur le prix de son office.


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Un moulin près de Djewilisk.


VOYAGE A GUMUCH-KHANÉ ET A BAÏBOURT.

XX
Nouveau départ de Trébizonde. – La route nouvelle. – Gumuch-Khané. – Hospitalité d’un Arménien. – Promenade dans la ville. – Importunité des marchands.

Parti le 9 juin, je pris jusqu’à Ardasa le chemin que j’avais déjà parcouru en allant à Karatchoukour. Partout on travaillait avec activité à la nouvelle route, et l’on pouvait prévoir le moment prochain où serait livrée à la circulation cette voie si importante à la fois sous le rapport commercial et militaire ; à ce dernier point de vue, elle devait être surtout utilisée pour le transport de la grosse artillerie de siège, dont le gouvernement ottoman se disposait à munir les remparts d’Erzeroum, et ceux de plusieurs places fortes de l’intérieur.

En franchissant le col du Zigana, j’eus le spectacle du transport d’un énorme canon de bronze. On l’avait d’abord placé, à la sortie de Trébizonde, sur un lourd chariot que tiraient des bœufs réquisitionnés dans les villages voisins ; à Djewilisk, on le fit passer sur un