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CHAPITRE XVIII

Un peu de discussion

Je suis reconnaissant à M. Crépieux-Jamin d’avoir bien voulu lire mon travail et me suggérer plusieurs rectifications, éclaircissements et améliorations, dont j’ai profité. Nous n’avons pas été entièrement d’accord sur les conclusions que j’ai tirées du cas de Renan. Sur ma prière instante, M. Crépieux-Jamin s’est décidé à écrire et à résumer ses objections. Voici la note qu’il m’envoie :

Il y avait donc deux autographes de Renan dans les papiers anonymes que vous nous avez remis. L’un est de l’écriture de Renan bien portant, je l’ai coté 53, l’autre est de Renan probablement plus âgé, en tout cas fatigué, c’est un petit billet à l’écriture rectiligne, montante au début mais de moins en moins et dont les lignes finissent par une courbe descendante, indice de fatigue. Dans la première ligne le scripteur écrit : « Nous avons avons demandé. » Cette répétition, signe d’agraphie, est un nouvel indice de fatigue, pathologique cette fois. Les mots bien et comblerez sont tracés d’un mouvement fébrile qui trahit le surmenage. La plupart des r sont compliqués et tremblés. D’autre part, il y a de très nobles signes dans cette écriture, ainsi ai-je coté 38, c’est-à-dire une intelligence vive. Cette appréciation est une grosse erreur si on la met en regard de l’œuvre de Renan, elle n’en est plus une si l’on veut bien admettre que Renan, vu à travers son œuvre, est un être synthétique, qui ne saurait être représenté dans l’écriture que par une documentation graphique copieuse, ou tout au moins par un document qualitatif.

Ce billet de huit lignes a été écrit sous le coup d’une dépression et il serait étrange de nous voir reprocher de ne pas trouver tout Renan dans ce petit exploit de malade. Je trouve de l’agraphie, puis-je accorder cela avec l’éloquence et l’attention ? Sans documents pour contrôler, si les indices défavorables sont normaux ou accidentels, je les ai considérés forcément comme normaux. C’était dans les conditions tacites de l’expérience saine.