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l’élimination du hasard.

dans un sac, des chances identiques pour sortir. Certaines habitudes mentales favorisent les uns au détriment des autres.

Ainsi, une personne qui devine un âge est portée, comme tous ceux qui citent des chiffres, à fixer de préférence son attention sur des nombres ronds ; l’expérience a démontré depuis longtemps qu’on dira plus souvent 20 que 18 ou que 22 ; un juge condamnera plus souvent à 10 ans de prison qu’à 9 ans ; cela n’a rien à faire avec la justice, cela tient au mécanisme de l’attention.

En outre, le graphologue ayant à étudier des séries d’écritures, fera volontiers des comparaisons d’âge entre des écritures qui se suivent immédiatement ; on percevra des contrastes ou des analogies qui pourront faire modifier les appréciations. Après une écriture qui exhale la fraîcheur de la jeunesse, une écriture d’adulte semblera vieillie. Parfois, pour lutter contre la monotonie d’une série de chiffres, on éprouvera le besoin de varier un peu ceux qu’on donne, on en voudra de plus catégoriques, de plus extrêmes, ou au contraire de plus prudents, de plus moyens.

Pour tenir compte, autant que possible, de toutes les particularités de cette mécanique mentale, je me suis avisé de l’expédient suivant[1] : j’ai calculé les écarts que je trouvais entre l’âge réel d’une personne et l’âge qu’un expert avait attribué à la personne dont l’enveloppe portait le numéro précédent ou suivant ; comme cet expert n’avait point cherché à deviner l’âge de la personne no 6 ou no 7, par exemple, mais

  1. Le terme expédient que j’emploie ici me paraît ramener le procédé à sa véritable valeur ; ce n’est pas une application régulière du calcul des probabilités ; c’est quelque chose d’empirique, c’est une sorte d’opération hybride. Pour ceux qui aiment à se rendre compte de la valeur de chaque méthode, je veux indiquer de suite le point faible de celle-ci. Son principe est d’appliquer les solutions d’un expert à des documents autres que ceux qu’il avait en vue quand il donnait chaque solution, et nous avons admis en quelque sorte de plano que les erreurs de ces solutions constitueraient l’erreur de hasard. Ceci continue à me paraître juste, mais à une condition pourtant, c’est qu’il existe entre les diverses solutions de l’expert de très grandes différences. Si les solutions étaient au contraire très homogènes, le procédé cesserait d’être applicable. Je prends de suite un exemple. Supposons que les âges de tous les scripteurs sont uniformément de 40 ans ; supposons que l’expert ait attribué à tous ces scripteurs des âges variant de 35 à 45 ans, c’est-à-dire qu’il y ait homogénéité dans les âges réels et dans les âges attribués. Il est clair, dans un cas de ce genre, qu’on ne pourrait faire la part du hasard en appliquant la solution A au document B, et ainsi de suite ; car les solutions, étant très peu variées, différeraient insuffisamment entre elles pour que la substitution de la solution B à la solution A exprimât le jeu du hasard.