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l’intelligence dans l’écriture.

J’ai d’abord envoyé mes documents sans signaler à personne l’erreur que je redoutais. Puis j’ai attendu les réponses.

Tous les experts, sans exception, m’ont prévenu qu’ils avaient reconnu certaines écritures ; ils n’émettaient aucun doute, ils affirmaient. L’écriture portant le numéro X, m’ont-ils dit, est de M. un tel. Toutes ces affirmations étaient exactes. Ainsi, Mme Ungern-Steinberg m’écrit : « Si vous en avez le temps, dites-moi les noms des supérieurs suivant les numéros qui en représentent la fiche signalétique. Je n’en connais que Zola et Flournoy ». Bien qu’elle eût reconnu ces deux personnalités, Mme Ungern-Steinberg n’en crut pas moins nécessaire de faire leur portrait graphologique à tous les deux ; et même le portrait de Zola, qui l’a vivement intéressée, est plus long que celui des anonymes. « Je me suis étendue sur lui, dit Mme Ungern-Steinberg, parce que ma conception de son génie diffère un peu de celle de Crépieux-Jamin ; je ne lui reconnais ni affectuosité considérable, ni l’esprit vrai de système, qui est seul dévolu au logicien, jamais à l’intuitif. » Ainsi cette dame n’hésite pas à faire le portrait graphologique d’un auteur dont elle connaît le nom ; elle suppose par conséquent d’une manière implicite que ce portrait ne lui est pas inspiré par l’œuvre littéraire de Zola.

Lorsque j’eus obtenu toutes ces réponses, où mes experts me signalaient spontanément les écritures qu’ils avaient expressément reconnues, je sortis de ma réserve. Jusque-là, je n’avais parlé à personne de l’erreur que je redoutais, je craignais d’inspirer à quelques-uns l’idée de feuilleter des albums et des collections d’autographes. Mais du moment que le travail était terminé, ce danger était écarté, il fallait interroger chaque expert de la manière la plus pressante sur les écritures par lui reconnues. On sait que l’interrogatoire est un excellent moyen d’obtenir les aveux, que dans un récit spontané beaucoup de gens n’ont pas l’idée de faire. J’en ai eu ici une nouvelle preuve[1]. Tel qui connaissait l’écriture de Brunetière et ne songeait pas à m’en prévenir, devient bien plus explicite, quand on lui fait cette demande catégo-

  1. Voir mon livre sur la Suggestibilité, où j’ai traité cette question de méthode.