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XIII
DU TRADUCTEUR.

voque du mot de Certitude qu’ils prendroient dans un ſens populaire, au lieu que M. Locke l’a toûjours pris dans un ſens Philoſophique pour une Connoiſſance évidente, c’eſt-à-dire pour la perception de la convenance ou de la diſconvenance qui eſt entre deux Idées, ainſi que M. Locke le dit lui-même pluſieurs fois, en autant de termes. Comme cette Objection a été imprimée en Anglois, j’ai été bien aiſe d’en avertir les Lecteurs François pour empêcher, s’il ſe peut, qu’on ne barbouille inutilement du Papier en la renouvellant. Car apparemment elle ſeroit ſifflée ailleurs, comme elle l’a été en Angleterre.

Pour revenir à ma Traduction, je n’ai point ſongé à diſputer le prix de l’élocution à M. Locke qui, à ce qu’on dit, écrit très-bien en Anglois. Si l’on doit tâcher d’encherir ſur ſon Original, c’eſt en traduiſant des Harangues & des Piéces d’Eloquence dont la plus grande beauté conſiste dans la nobleſſe & la vivacité des expreſſions. C’eſt ainſi que Ciceron en uſa en mettant en Latin les Harangues qu’Eſchine & Démoſthene avoient prononcées l’un contre l’autre : Je les ai traduites en Orateur,** Nec converti ut Interpres, ſed ut Orator. De optimo genere Oratorum, Cap. 5. dit-il, & non en Interprete. Dans ces ſortes d’Ouvrages, un bon Traducteur profite de tous les avantages qui ſe préſentent, employant dans l’occaſion des Images