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troduction dans laquelle il rend témoignage à la fidélité scrupuleuse et à la justesse d’expressions avec lesquelles le traducteur a rendu tout ce qui a rapport à la géologie et aux sciences physiques. Devant donner à la suite de cette notice la liste des ouvrages composés ou traduits par Eyriès, nous ne croyons pas nécessaire de passer ici en revue tous ceux que ce laborieux savant a publiés pendant le cours de sa longue vie, et dont la plupart sont consacrés aux voyages et à la géographie. Nous nous bornerons à citer, outre ceux dont nous avons déjà parlé, le Voyage en Perse, en Arménie, en Asie mineure et à Constantinople de Jacques Morier, les voyages de Pottinger dans le Belouchistan et le Sindhy ; celui du prince Maximilien de Wied-Neuwied au Brésil ; celui de Burckhardt en Arabie, et celui d’Alexandre Burnes, de l’embouchure de l’Indus à Lahor, Caboul, Balk et Boukara. Eyriès a joint à une partie de ces ouvrages des préfaces et quelquefois des introductions historico-géographiques, qui dénotent en lui un vaste savoir. Quelques articles insérés par Eyriès dans les Annales des Voyages, journal géographique que Malte-Brun avait créé en 1808, et qui avait cessé de paraître en 1814, mirent en rapport ces deux hommes distingués. Appréciant l’érudition et le style facile d’Eyriès, le savant Danois lui proposa de continuer avec lui ce journal, que des circonstances politiques avaient fait interrompre depuis quelques années, et les Nouvelles Annales des voyages parurent à partir de 1819 sous les noms réunis d’Eyriès et de Malte-Brun. A la mort de ce dernier, son collaborateur a toujours continué d’être un des principaux rédacteurs des Nouvelles Annales, d’abord avec M. de la Renaudière, qui avait déjà coopéré, depuis 1824, à la première série, et ensuite avec MM. Klaproth, Walckenaer, Ternaux-Compans et quelques autres géographes. Eyriès a inséré dans les 104 volumes des quatre premières séries de ces Nouvelles Annales une multitude de mémoires et d’articles critiques fort remarquables, parmi lesquels on doit citer un Mémoire sur la découverte de la Nouvelle-Hollande[1]. Pendant qu’il suivait activement la rédaction des Nouvelles Annales des voyages, Eyriès se livrait à d’autres travaux importants. Devenu, dès 1812, un des principaux rédacteurs de la Biographie universelle, il continua d’y coopérer jusqu’à sa mort. C’est à lui qu’on doit la plupart des notices consacrées aux voyageurs et aux géographes, comme à un grand nombre de souverains du Nord. Nos lecteurs savent qu’elles se font remarquer, en général, par beaucoup d’exactitude et de lucidité. Lorsque, en 1821, l’idée de créer à Paris une société de géographie fut conçue, Eyriès, à cette époque l’un des rédacteurs des Nouvelles Annales des voyages et de la Biographie universelle, et connu par plusieurs ouvrages géographiques estimés des savants, en devint l’un des membres fondateurs. Lors de la première réunion, il fut appelé à faire partie de la commission centrale, à laquelle il n’a pas cessé d’appartenir jusqu’à sa mort, et dont il a été plusieurs fois président. En 1831 et 1832, il a présidé les assemblées générales en qualité de vice-président, et quelques années avant sa mort il avait été nommé président honoraire, titre qui le flattait singulièrement, parce qu’il plaçait son nom à côté de ceux des Laplace, des Pastoret, des Cuvier, des Humboldt, des Châteaubriand et d’autres personnages illustres, bien qu’il n’eût jamais été comme eux président titulaire de la Société ; il a enrichi son bulletin d’une infinité de bonnes analyses critiques et de rapports. Toujours assidu aux séances de la commission centrale, il prenait part à toutes les discussions et faisait admirer sa mémoire prodigieuse, sa sagacité et son érudition. L’Académie des inscriptions l’admit le 13 décembre 1839 au nombre de ses membres libres, et il justifia le choix qu’avait fait de lui ce corps savant, en ne manquant à aucune de ses séances et en coopérant à ses divers travaux. Malgré tous ses titres à l’attention du gouvernement, le docte et vénérable Eyriès n’était cependant point encore décoré. Vainement furent-ils rappelés au ministre de l’instruction publique le 13 juin 1842 par l’auteur de cette notice, alors vice-président de la commission centrale de la Société de géographie, par une lettre où il traçait en quelques lignes une espèce de biographie, de son savant collègue, et dans laquelle il passait en revue ses principaux ouvrages. Vainement encore se rendit-il de nouveau l’interprète de la société en représentant les droits d’Eyriès dans son Rapport sur les travaux de la Société de géographie et sur les progrès des sciences géographiques lu à la séance générale du 30 décembre 1842, présidée par le ministre du commerce. Ce ne fut qu’au mois d’avril 1844 que le monde savant eut enfin la satisfaction de voir briller l’étoile de la Légion d’honneur sur la poitrine du plus laborieux et de l’un des géographes modernes les plus érudits ; il allait entrer dans sa soixante-dix-huitième année. Peu de mois s’étaient écoulés depuis qu’on lui avait rendu cette justice tardive, lorsque Eyriès, que la maladie à laquelle il succomba a pu seule contraindre de renoncer au travail qui avait rempli sa vie, présentait, comme l’a si bien dit Dacier

  1. Les Annales des voyages, créées par Malte-Brun et dirigées par lui seul, commencées en 1808 et terminées en 1814, forment 25 volumes in-8o, dont une table. Les Nouvelles Annales des voyages, qui en furent la suite, se composent de six séries : la première, commencée en 1819 et terminée en juin 1826 inclus, forme 30 volumes in-8o ; la seconde, commencée en juillet 1826 et terminée en 1833, forme également 30 volumes in-8o ; la troisième, commencée en 1834 et terminée en 1839, est composée de 24 volumes in-8o ; les tables générales des trois premières séries forment 1 volume in-8o ; la quatrième, comprenant les années 1840 à 1844, forme 20 volumes in-8o ; la cinquième, commencée en 1845, a été dirigée par M. Vivien de Saint-Martin jusqu’en 1854 (inclus), et se compose de 40 volumes ; et la sixième et dernière série, commencée au 1er janvier de la présente année (1855), et dont l’auteur de cette notice est un des collaborateurs, a pour rédacteur en chef Victor A. Malte-Brun, fils du fondateur des Annales des voyages. Les différents volumes des Annales des voyages et des Nouvelles Annales sont enrichis de cartes, de plans et de vues.