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Un spectacle curieux nous attendait au dehors.

L’avenue de la gare est remplie d’une foule grouillante de soldats débraillés, déambulant au travers d’un nombre considérable de boutiques foraines chargées de montagnes de saucissons à l’ail et de monceaux de fromage fondant au soleil. Il y a aussi des avalanches d’œufs durs et des éventaires garnis de pêches à un sou le tas, de prunes écrasées, de raisins encore verts sur lesquels plane un épais nuage de mouches bourdonnantes.

Les boutiques les plus entourées sont celles où l’on débite de la bière et du vin à un sou la « choppe ». Je vois que le prix en est souvent payé en nature, avec des pains de munition qui s’entassent en pyramides branlantes en arrière des petites boutiques.

De temps à autre, un cri s’élève, des injures sont échangées, un homme ivre