Page:Poilay - Souvenirs d'un engagé volontaire, 1907.pdf/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Prends ma lettre ; envoie-la ! » Mais à la place de sa poche il n’y avait plus qu’un amas de chair à vif et de chiffons sanglants. « Ne la trouves-tu pas ? » insista-t-il, et son regard prêt à se clore, me poursuivait ; il voulait voir « sa lettre » ; — j’usai d’un subterfuge. J’avais, moi aussi, une lettre dans ma poche. Je la pris et la lui montrai en disant : « La voilà ! » Il ferma les yeux… il avait eu cette dernière satisfaction. »

Lisez encore le récit du factionnaire alsacien qui prévoit sa mort cinq minutes avant d’être emporté par un obus, la visite du caporal Pichon au colonel Denfert occupé dans sa casemate à jouer une partie de whist, ou bien les péripéties du combat de Bosmont, l’assaut des Basses-Perches… et vous penserez, avec moi, que ce petit volume est d’une forte tonalité et qu’il faut se réjouir qu’après trente ans