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C’est, en effet, bâtir sur le sable que de vouloir édifier une théorie précise sur des faits notés dans un court intervalle de temps. L’activité solaire est essentiellement variable. Il est, jusqu’à un certain point, légitime de la considérer comme une superposition de phénomènes périodiques qu’une analyse judicieuse démêlera. Mais il y a peu de probabilité pour que toutes ces périodes soient dans des rapports simples ou comprises dans les limites d’une vie humaine. Les constatations isolées, que l’on juge à tort ou à raison particulièrement intéressantes, sont utiles pour suggérer de nouvelles voies de recherche. S’agit-il de formuler une explication cohérente, elles doivent s’effacer devant les statistiques impartiales et prolongées. La variation est-elle rapide, il faudra que l’enregistrement soit pour ainsi dire continu. Est-elle lente, il faudra que la même méthode soit appliquée sans variation ni défaillance pendant des années, des décades, peut-être des siècles. Dans un cas comme dans l’autre, un travailleur unique ne pourra remplir le programme. Ou bien la série de ses documens présentera des lacunes imposées par les caprices du climat, ou bien ses forces ne suffiront pas à la tâche.

Une coopération paraît donc indispensable, mais l’organiser est chose délicate. Il faut assurer l’uniformité des méthodes, ménager les contrôles nécessaires tout en évitant les doubles emplois et les déperditions de force, assigner à chaque participant la tâche qui convient le mieux à son instrument et à sa situation géographique. Ce sont naturellement les astronomes déjà distingués par leurs recherches personnelles qui auront le plus de chances de formuler, à ce sujet, des conseils écoutés et salutaires. Ils pourront utiliser des auxiliaires de deux ordres différens ; soit qu’ils fassent appel au zèle et à I abnégation des astronomes amateurs, soit qu’ils mettent en jeu le personnel et les ressources des observatoires officiels.

La première voie paraîtra plus indiquée s’il s’agit de méthodes qui n’ont pas encore reçu, au degré désirable, la sanction de l’expérience. On peut aussi invoquer en sa faveur des précédens historiques. Les nombreux relevés de taches solaires faits au XVIIe et au XVIIIe siècle n’avaient fourni la matière d’aucun énoncé précis, à part la durée moyenne de rotation du globe. Dans la première moitié du siècle suivant, la persévérance de Schwabe, simple pharmacien de Dessau, a mis en lumière la