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ornement, comme si les Hindous avaient été chassés du lieu avant d’avoir mis la dernière main à leur œuvre. Enfin, je retrouve ma pierre cabalistique marquée au signe du bélier. C’est une grande pierre ovale, cintrée ainsi qu’une carapace de tortue, où sont gravées quatre têtes humaines, et, dans le milieu, une rosace formée par deux têtes, l’une de bœuf, l’autre de bélier tenant une hache entre ses dents. D’un côté, cinq flèches s’alignent en ordre parallèle, de l’autre un arc tendu, le tout en l’honneur de Rama et des races du Bélier, monture d’Agni, « la conscience du monde. » Le point central de la rosace se relève en une saillie excavée, qu’on utilisait soit pour une lampe, soit pour des libations.

Les flèches dont les têtes répondent à cinq types ne présentent point les barbes interdites par les lois de Manou, non plus que cette pointe longuement conique en usage au XVIIIe siècle, et dont vous pouvez voir des spécimens au musée de la Marine à Paris. Ce sont des flèches rituelles, celles que tiennent dans leurs mains les Divinités pouraniques, les flèches de Rama, l’archer sans rival, et aussi celles d’Indra. Celle dont la tête est un disque évidé représente le tchakra, la foudre ; celle à tête en croissant est la flèche de Rama qui se reconnaît encore ici à la hache (Paraçou Rama). Les flèches en feuille, en cœur, en fleuron rappellent encore des épisodes de cette lutte épique où Indra succomba, tandis qu’Agni gardait l’avantage grâce à l’aide de Krichna, ou Rama, c’est-à-dire de Vichnou. La pierre bombée de Genji est un monument commémoratif de la victoire que les Brahmes remportèrent sur les Tchatrias qui tombèrent sous les coups de Paraçou Rama Mais l’état des ruines prouve qu’aux temps modernes les Tchatrias, sous les espèces des Mahrattes prirent sur les Brahmes des pagodes plus d’une éclatante revanche. Les cavaliers de Pounah n’ont pas mieux respecté les monumens de leur religion que ne le firent les musulmans. Ils ne respectèrent pas davantage les personnes ; et les bayadères, servantes des Dieux, ne furent pas à l’abri de leurs entreprises. A Tirnamalé, ainsi que l’écrivait en 1741 le P. Saignes à Mme de Sainte-Hyacinthe, religieuse ursuline à Toulouse, « ils firent d’un seul coup un butin très considérable,… enlevèrent non seulement tout ce qui s’y trouva d’effets, mais encore les danseuses et les filles de la pagode qui leur plurent. »

Je continue mon ascension après avoir, à la sueur de mon