Utilisateur:Мишоко/Match014 Génération des animaux T2 137-240

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LIVRE TROISIEME



CHAPITRE PREMIER

Nécessité de l’accouplement dans les vivipares ; différences des œufs dans les ovipares ; ils sont toujours de deux couleurs chez les oiseaux ; œufs intérieurs des sélaciens ; la grenouille de mer ; diversité des matrices ; des œufs clairs chez les oiseaux ; quantité plus ou moins grande des œufs selon les espèces ; lascivité des petits oiseaux ; fécondité relative des oiseaux de proie ; la cresserelle ; le coucou ; comparaison de la fécondité chez les plantes et chez les animaux ; l’excès de production les épuise également ; épuisement du lion ; l’intervention du mâle est nécessaire, partout où il y a des œufs, chez les poissons et les oiseaux ; exemples de diverses espèces ; citation de l’Histoire des Animaux ; les perdrix, et leur fécondation particulière ; explication de la double couleur des œufs d’oiseaux et de la couleur simple des œufs de poissons ; séparation du blanc et du jaune selon les espèces ; expérience par laquelle on peut la constater..


§ 1[1]. On vient de voir ce qu’est la stérilité des mulets ; on a vu aussi ce qu’est la génération chez les animaux qui sont vivipares, soit extérieurement, soit en eux-mêmes. Pour les ovipares qui ont du sang, tantôt les phénomènes de la génération sont, chez eux, à peu

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près ce qu’ils sont chez les animaux qui se meuvent, et l’on peut faire sur les uns et les autres les mêmes observations. Mais tantôt aussi, il se présente des différences, soit entre eux, soit avec les autres animaux qui se déplacent. D’ailleurs, tous ces animaux sans exception viennent d’un accouplement, et de l’émission que le mâle introduit et dépose dans la femelle. § 2[2]. Parmi les ovipares, les oiseaux pondent un œuf complet, dont l’enveloppe est dure, sauf les cas d’infirmité par suite de maladie. Les œufs d’oiseaux sont toujours de deux couleurs. Mais parmi les poissons, les sélaciens, ainsi que nous l’avons déjà dit plus d’une fois, font d’abord un œuf en eux-mêmes et sont vivipares ensuite. Leur œuf se déplace d’un lieu à un autre dans la matrice ; et de plus, il est mou et d’une

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seule couleur. L’animal qu’on nomme la grenouille marine est le seul de cet ordre qui ne soit pas vivipare ; nous nous réservons d’expliquer plus loin la cause de cette exception. § 3[3]. Tous les autres poissons qui sont ovipares ne pondent que des œufs d’une seule couleur ; mais leur œuf est incomplet. Cet œuf se développe ensuite au dehors, par la même cause qui agit sur les œufs qui sont complets dans l’intérieur des autres animaux. § 4[4]. Quant aux différences qu’offrent les matrices, nous les avons signalées antérieurement, et nous avons expliqué d’où viennent ces différences. Ainsi, dans les vivipares, la matrice est tantôt en haut près du diaphragme ; tantôt elle est en bas près des parties sexuelles. Elle est en haut chez les sélaciens ; mais, chez les animaux qui sont vivipares et en eux-mêmes et au dehors, elle est en bas, comme on le voit dans l’homme, dans le cheval et dans toutes

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les espèces analogues. Parmi les ovipares, elle est tantôt en bas, comme chez les poissons ovipares, et tantôt en haut, comme chez les oiseaux.

§ 5[5]. Il se trouve chez les oiseaux des embryons conçus spontanément par la femelle, et qu’on appelle parfois des œufs clairs, ou des œufs éventés. Ils ne se rencontrent que dans les oiseaux qui ne volent pas et qui n’ont pas de serres, mais qui sont très féconds, parce que chez eux l’excrétion est très abondante. Au contraire, chez les oiseaux à serres recourbées, cette excrétion se tourne en plumes et en ailes ; leur corps est petit, sec et chaud, tandis que l’excrétion mensuelle, ainsi que le sperme, ne sont que des résidus ; et comme les plumes et le sperme ne viennent naturellement que de résidus de ce genre, la Nature ne peut satisfaire à la fois ces deux besoins. § 6[6]. C’est encore par la même raison que les oiseaux armés de serres ne sont, ni très lascifs, ni très féconds. Au contraire, les

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oiseaux qui ont le corps lourd, et, parmi les oiseaux de grand vol, ceux dont le corps est massif, sont féconds et lascifs, comme les pigeons et les oiseaux de cette classe. Ceux qui sont lourds et qui volent mal, comme la poule, la perdrix et autres oiseaux semblables, ont beaucoup d’excrétion spermatique. Aussi, dans cette espèce, les mâles sont-ils très ardents, et les femelles émettent-elles une matière abondante. § 7[7]. Ces oiseaux font tantôt beaucoup d’œufs à la fois, et tantôt ils en font souvent. Ainsi, la poule, la perdrix, l’autruche (moineau de Libye) en font beaucoup en une seule ponte, tandis que l’espèce des pigeons n’en fait pas beaucoup à la fois, mais en fait très fréquemment. Ces espèces tiennent le milieu entre les oiseaux à serres recourbées et les oiseaux à vol pesant. C’est qu’ils volent comme les oiseaux pourvus de serres, et qu’ils ont le corps développé comme les oiseaux qui volent mal. En tant qu’ils sont oiseaux de grand vol, et que l’excrétion, chez eux, tourne au profit de

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cette fonction, ils pondent un petit nombre d’œufs ; mais ils en pondent fréquemment, parce que leurs corps est considérable relativement, parce que leur ventre est chaud, et très puissant décoction, et qu’en outre ils trouvent facilement leur nourriture, tandis que les oiseaux à serres recourbées ne se procurent la leur qu’à grand-peine.

§ 8[8]. Les petits oiseaux sont lascifs ; ils produisent beaucoup, et avec la même fécondité qu’on voit aussi dans quelques plantes. La croissance du corps se change en excrétion spermatique ; et voilà comment les poules Adrianiques sont les plus fécondes de toutes. La petitesse de leur corps fait que toute la nourriture est employée à faire des petits. Les poules les moins courageuses pondent plus que les poules qui le sont davantage. Le corps de celles-là est plus humide et plus massif ; le corps des autres est plus maigre et plus sec ; et c’est surtout dans des corps ainsi faits que le

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courage se manifeste. § 9 De plus, chez ces oiseaux, la petitesse et la faiblesse des jambes accroissent encore leur nature lascive et prolifique, comme on peut l’observer même chez les hommes. La nourriture, qui, dans les êtres ainsi constitués, devrait aller aux membres, se tourne alors en excrétion spermatique ; et ce que la Nature enlève d’un côté, elle le rend et l’applique de l’autre. Les oiseaux pourvus de serres ont des pattes très solides, et des jambes fort grosses, en vue de la vie qu’ils doivent mener ; et c’est là ce qui fait précisément qu’ils ne sont, ni très lascifs, ni très féconds. La crécerelle est le plus fécond de tous ces volatiles ; et c’est à peu près le seul des oiseaux pourvus de serres qui boive ; son humidité soit naturelle, soit prise du dehors, le rend très spermatique, grâce aussi à la chaleur qui est originairement en lui. D’ailleurs, la crécerelle ne fait pas beaucoup d’œufs, et elle en pond quatre tout au plus. § 10[9]. Le coucou, qui

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n’est pas un oiseau pourvu de serres, pond très peu, parce qu’il est naturellement froid ; et ce qui le prouve bien, c’est sa timidité ; car l’animal qui a beaucoup de sperme doit être chaud et humide. On peut voir combien cet oiseau est poltron, puisque tous les oiseaux sont de force à le faire fuir, et qu’il pond dans le nid des autres. § 11[10]. La classe des pigeons ne pond habituellement que deux œufs tout au plus. Ils ne pondent jamais un œuf unique ; car il n’y a, parmi les oiseaux que le coucou qui en fasse un seul, et encore en pond-il quelquefois deux. Les pigeons n’en font pas non plus beaucoup à la fois ; mais ils en font souvent, deux ou trois au plus ; le plus ordinairement ils en font deux ; c’est-à-dire, des nombres entre un et plusieurs.

§ 12[11]. On peut se convaincre, en observant les faits, que, chez les animaux très féconds, c’est la nourriture qui se convertit en sperme. Même parmi les arbres, ceux qui ont produit trop de fruits dépérissent après les avoir portés, parce que le corps n’a pas reçu assez

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de nourriture. On peut constater ce phénomène sur les végétaux après l’été, surtout sur ceux qui ont des gousses, par exemple sur le blé et sur d’autres plantes semblables, qui emploient toute la nourriture qu’elles prennent à former leur graine, et dont les graines sont en effet très abondantes. § 13[12]. On a vu des poules qui, après avoir beaucoup pondu, et même pondu jusqu’à deux œufs par jour, sont mortes de cette fécondité excessive. C’est que les oiseaux et les plantes s’épuisent également ; et que cet accident vient en eux de la surabondance de l’excrétion spermatique. C’est là aussi chez le lion ce qui provoque une stérilité qui se manifeste avec le temps. Ainsi, la lionne, à sa première portée, fait cinq ou six petits ; l’année suivante, elle n’en a plus que quatre ; l’année d’ensuite, trois ; et puis, elle n’en fait plus qu’un seul ; enfin, elle n’en fait plus du tout, comme si l’excrétion

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spermatique était épuisée, et comme si, avec l’âge qui s’en va, le sperme s’en allait ainsi que lui.

§ 14[13]. On voit donc que parfois certains oiseaux ont des œufs clairs ; et l’on a dit quels sont ceux qui, parmi eux, font beaucoup de petits, et ceux qui n’en font presque pas. On sait aussi quelles sont les causes de ces faits. Nous avons également déjà dit que les œufs clairs se produisent, parce que la femelle a en elle la matière spermatique, mais que les oiseaux n’ont pas de sécrétions mensuelles, comme en ont les vivipares pourvus de sang. Dans ces derniers animaux, les uns ont une évacuation plus abondante, tandis que pour les autres elle l’est moins ; mais elle l’est toujours assez pour être reconnaissable. § 15[14]. Il n’y en a pas plus chez les poissons que chez les oiseaux ; et voilà comment, chez les poissons, la constitution des fœtus se fait sans copulation, comme il arrive aussi chez les oiseaux, où d’ailleurs le phénomène est moins évident. La nature des poissons est plus froide. Chez les oiseaux, cette sécrétion, qui, dans les vivipares, prend

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la forme de menstrues, se montre aux époques fixes de l’excrétion ; et comme la région du diaphragme est chaude en eux, cette sécrétion y prend ses proportions complètes et la grosseur qu’elle doit avoir. § 16[15]. Mais pour les oiseaux aussi bien que pour les poissons, les œufs restent incomplets sous le rapport de la génération, s’il n’y a pas intervention du mâle et de sa semence. Du reste, nous avons déjà expliqué la cause de ces phénomènes. S’il n’y a pas d’œufs clairs chez les oiseaux de grand vol, cela tient à la même cause qui les empêche d’avoir beaucoup de petits. Chez les oiseaux pourvus de serres, il y a très peu d’excrétion et de résidu, et ils ont besoin du mâle pour exciter la sécrétion de ce résidu. Si les œufs clairs sont plus nombreux que les œufs féconds, bien qu’ils soient toujours de dimension plus petite, cela vient d’une

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seule et même cause. C’est parce qu’ils sont imparfaits qu’ils sont moins gros ; et c’est parce qu’ils sont moins gros qu’ils sont plus nombreux. Le goût en est moins agréable, parce que la coction y a été poussée moins loin ; car toujours le produit est d’autant plus agréable au goût que la coction en a été plus complète.

§ 17[16]. On peut voir assez bien, pour les oiseaux et pour les poissons, que la génération ne peut pas être complète sans l’action des mâles ; mais, chez les poissons, on ne voit pas aussi clairement qu’il puisse y avoir de conception sans mâles. C’est ce qu’on peut observer surtout chez les poissons de rivière, dans les rougets par exemple ; car il y en a qui pondent immédiatement des œufs, comme on l’a remarqué dans l’Histoire des Animaux, en parlant de cette exception. § 18[17]. En général, du moins dans les oiseaux, les œufs même venus d’une copulation ne prennent leur développement

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ordinaire que si l’oiseau a été coché plusieurs fois de suite. Ceci tient à la même cause qui agit chez les femmes, où le rapprochement sexuel fait remonter la sécrétion des menstrues ; la matrice échauffée attire le liquide, et les canaux s’ouvrent. C’est là précisément ce qui arrive aussi dans les oiseaux ; le résidu qui correspond aux menstrues ne s’accumule que peu à peu ; il ne filtre point au dehors, parce qu’il n’est pas assez abondant, et que les matrices sont en haut sous le diaphragme ; mais il coule alors dans la matrice même ; et, en coulant à travers la matrice, il y nourrit et y fait grossir l’œuf, comme les embryons des vivipares se nourrissent par le cordon ombilical. § 19[18]. Il suffit que les oiseaux aient été cochés une seule fois pour qu’ils aient presque toujours des œufs ; mais, en ce cas, ces œufs sont extrêmement petits. C’est là ce qui a fait croire, vulgairement, que les œufs clairs ne viennent pas directement de la femelle, mais qu’ils sont simplement le reste d’une copulation anté-

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rieure. C’est là une erreur, qui ne peut se soutenir devant ce fait, d’une observation positive, que de jeunes poules et de jeunes oies ont eu des œufs sans aucun accouplement. Il en est de même pour les perdrix femelles. Qu’elles n’aient jamais été montées ou qu’elles le soient, après avoir été conduites à la chasse, il leur suffit de sentir le mâle, ou d’entendre sa voix, tantôt pour être pleines, et tantôt pour pondre sur-le-champ § 20[19]. Il en est, dans ce cas, absolument comme il en est pour l’espèce humaine et pour les quadrupèdes. Quand les corps sont déjà dans l’orgasme sexuel, il suffit de la vue et du moindre attouchement pour que le sperme sorte. Or, les perdrix sont fort lascives, et elles ont naturellement beaucoup de liqueur spermatique. Il ne leur faut donc qu’un très léger mouvement, quand elles sont dans cette excitation,

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pour que l’excrétion se produise aussitôt en elles, et pour que des œufs clairs se forment dans celles qui n’ont pas été cochées, tandis que, dans celles qui l’ont été, les œufs prennent leur croissance et arrivent bien vite à leur perfection.

§ 21[20]. Parmi les animaux qui sont ovipares extérieurement, les oiseaux pondent un œuf complet ; mais les poissons, comme on vient de le dire plus haut, font un œuf incomplet, qui ne peut se développer qu’au dehors. C’est que la race des poissons produit énormément ; et comme ils ne pourraient tout garder en dedans, jusqu’au bout, ils doivent pondre au dehors. Si, d’ailleurs, l’émission des œufs est rapide, c’est parce que les matrices se trouvent près des organes sexuels, dans les poissons qui sont ovipares au dehors. § 22[21]. Les œufs des oiseaux sont de deux couleurs ; mais les œufs des poissons n’en ont jamais qu’une. On comprendra aisément la cause de cette double couleur, en songeant à la fonction des deux parties de

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l’œuf, le blanc et le jaune. Cette division intérieure de l’œuf vient du sang ; et aucun animal privé de sang ne fait des œufs de ce genre. Le sang, on l’a dit de reste, est la matière des corps. Une portion de l’œuf importe davantage à la forme de l’animal qui doit naître ; c’est la portion chaude ; l’autre, qui est plus terreuse, fournit la consistance matérielle du corps, et elle est plus éloignée de la forme qu’il prend.

§ 23[22]. Dans tous les œufs qui ont deux couleurs, l’animal reçoit du blanc de l’œuf le principe de la génération, parce que le principe vivant est dans la portion chaude ; il reçoit du jaune la nourriture dont il a besoin. Chez les animaux qui ont une nature plus chaude, les deux portions d’où viennent le principe de vie et le principe de la nutrition se séparent ; ici le blanc, là le jaune. La portion pure et blanche est toujours plus considérable que la portion jaune et terreuse. Au contraire, chez ceux qui sont moins chauds et plus humides, le jaune est plus considérable et plus liquide.

§ 24[23]. On observe bien cette différence dans les oiseaux de marais ; ils sont d’une nature plus aqueuse et plus froide que les oiseaux de terre. Aussi, ont-ils la portion appelée la Lécithe très abondante et

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moins jaune, parce que le blanc en est moins séparé. Ceux des ovipares qui sont déjà froids par leur nature, et qui sont encore plus aqueux que ces oiseaux, comme le sont tous les poissons, n’ont plus le blanc bien séparé, parce qu’il est en petite quantité, tandis que le froid et le terreux est considérable. Voilà comment les œufs des poissons n’ont jamais qu’une couleur, et comment leur jaune est blanc, et leur blanc est jaune. § 25[24]. Les œufs des oiseaux, même les œufs clairs, sont de deux couleurs, parce qu’ils ont les éléments dont sont formées les deux parties, l’un pour le principe

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vital, l’autre pour la nourriture. Mais tout cela est incomplet ; et il y faut pour complément l’intervention du mâle. Les œufs clairs deviennent féconds si, à un certain moment donné, la femelle a été cochée par le mâle. Ce ne sont pas, par conséquent, le mâle et la femelle qui causent la double couleur, comme si le blanc venait du mâle, et le jaune de la femelle ; les deux viennent également de la femelle ; seulement, l’un est chaud, et l’autre est froid. § 26[25]. Dans les animaux où la chaleur est forte, elle se sépare ; dans ceux où elle est moindre, elle ne peut pas se séparer. Aussi, les œufs de ces animaux qui ont peu de chaleur ne sont-ils, on le répète, que d’une couleur ; la semence n’a pu en constituer qu’une seule. Voilà aussi pourquoi l’embryon dans les oiseaux paraît tout d’abord blanc et petit ; avec le temps, il devient jaune entièrement, à mesure que la partie sanguine toujours de plus en plus forte se mêle au reste. Enfin, a

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chaleur se séparant, le blanc se met complètement à la circonférence, comme un liquide qui bout également partout. § 27[26]. Le blanc est liquide de sa propre nature, et il a en lui la chaleur qui donne la vie. Il se sépare circulairement, tandis que la partie jaune et terreuse reste en dedans. Si l’on mêle des œufs dans un plat ou dans tel autre vase, et qu’on les fasse cuire au feu, sans trop presser le mouvement de la chaleur et la séparation qui se fait, dans les œufs réunis, comme elle se ferait dans un seul œuf, l’ensemble de tous les œufs mélangés devient jaune au milieu, et le blanc vient se ranger circulairement.

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CHAPITRE II

De la production du jaune et du blanc dans l’œuf ; la pointe de l’œuf sort la dernière, parce qu’elle contient le principe vital ; de la manière dont l’œuf se nourrit et se développe ; mollesse initiale de la coquille, qui ne durcit qu’au contact de l’air ; différence entre la sortie des petits chez les vivipares et la sortie des petits des ovipares ; le jaune, et non pas le blanc, est le lait du poussin ; sollicitude naturelle des parents pour les petits ; différence du blanc et du jaune ; citation de l’Histoire des Animaux ; organisation anatomique des cordons ombilicaux ; des chorions ; études sur les grands animaux plus faciles à faire que sur les petits.


§ 1[27]. On a expliqué d’où vient que les œufs ont tantôt une couleur unique ; et tantôt, deux couleurs. Dans les œufs, le principe qui vient du mâle se sépare pour aller vers le point où l’œuf se rattache a la matrice ; et dans les œufs à deux couleurs, la forme des deux bouts devient dissemblable. Elle n’est pas tout à fait ronde ; et elle est plus pointue à l’un des bouts, parce qu’il faut qu’il y ait une différence pour le blanc, où l’œuf a son principe. Aussi, l’œuf est-il plus dur en

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ce point qu’il ne l’est en bas, parce qu’il est nécessaire de couvrir et de protéger le principe. § 2[28]. C’est aussi pour cette raison que la partie pointue de l’œuf sort la dernière. La portion ajoutée par le mâle sort en dernier lieu, parce que cette portion ajoutée tient au principe, et que le principe est dans la pointe. On peut faire la même observation sur les semences des plantes. Le principe de la semence y est ajouté, tantôt dans les tiges, tantôt dans les enveloppes, tantôt dans les péricarpes. C’est ce qu’on peut voir clairement dans les plantes qui ont des cosses. Là où se trouve la commissure des deux valves des fèves et des semences de ce genre, là aussi est ajouté le principe de la graine.

§ 3[29]. Il est difficile de savoir comment le développement

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de l’œuf peut venir de la matrice. On sait que les animaux tirent leur nourriture et la reçoivent par le cordon ombilical ; mais par quoi les œufs la reçoivent-ils ? Ils ne tirent pas leur nourriture d’eux-mêmes uniquement, comme le font les larves. Puis, s’il y a quelque organe par où la nourriture leur arrive, que devient cet organe quand l’œuf est tout à fait formé ? Il ne sort pas avec l’œuf, comme sort le cordon chez les animaux ; car lorsque l’œuf est formé tout à fait, c’est la coquille circulaire qui se montre.

§ 4[30]. On fait donc bien de se poser cette question ; mais on n’a pas remarqué que la coquille n’est tout d’abord qu’une membrane molle, et qu’elle ne devient dure et sèche que quand l’œuf est achevé. Tout est si bien calculé qu’elle est molle au moment où l’œuf sort, pour éviter

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à l’oiseau la douleur qu’elle lui causerait en sortant. Mais aussitôt qu’elle est sortie, elle devient solide, refroidie par la rapide évaporation du liquide qui s’y trouve en petite quantité, et qui n’y laisse que la partie terreuse.

§ 5[31]. A la pointe de l’œuf, il reste quelque chose de cette membrane, qui, au début, est une sorte de cordon, et qui se sépare des œufs sous la forme d’un canal, quand ils sont encore tout petits. C’est ce qu’on peut observer clairement dans les petits œufs sortis trop tôt. Quand l’oiseau se baigne, ou qu’il se refroidit par tout autre accident, au moment de la ponte, le germe paraît encore tout sanguinolent, et il a autour de lui un appareil fort petit en guise de cordon ombilical. À mesure que l’œuf grossit, cet appareil s’étend et diminue ; et quand l’œuf est complet,

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cette partie en devient la pointe. La membrane intérieure qui est au-dessous, sépare le blanc et le jaune. Quand ce travail est achevé, l’œuf se détache entièrement ; alors tout naturellement le cordon disparaît, et il devient l’extrémité de la dernière partie de l’œuf.

§ 6[32]. La sortie de l’œuf est tout l’opposé de la sortie des petits qui naissent vivants. Tandis qu’ils sortent par la tête et la partie principale, l’œuf sort, on peut dire, par les pieds ; et la cause est celle que nous venons de dire, à savoir qu’il est rattaché au principe.

§ 7[33]. Pour les oiseaux, les jeunes ne peuvent sortir de la coquille et naître que si l’oiseau couve et mûrit les œufs ; le poussin se sépare d’une partie de l’œuf, et il reçoit son développement et sa croissance complète par la partie restante. La Nature a placé dans l’œuf,

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tout à la fois, la matière de l’animal et les aliments qui doivent suffire à sa croissance. Comme la mère ne peut faire le jeune tout entier en elle-même, elle pond avec lui sa nourriture, qui est dans l’œuf. Pour les petits des vivipares, la nourriture vient dans une autre partie du corps ; et c’est ce qu’on appelle le lait, qui est dans les mamelles de la mère. § 8[34]. La Nature fait bien aussi du lait pour les oiseaux dans les œufs ; mais le fait se passe tout autrement que ne le croit le vulgaire, et que ne le dit Alcméon de Crotone. Ce n’est pas le blanc de l’œuf qui est le lait ; c’est le jaune, puisque c’est lui qui est la nourriture des poussins ; mais, en général, on suppose que c’est le blanc, à cause de la ressemblance de la couleur. § 9[35]. Le poussin vient donc, ainsi qu’on l’a dit, de l’incubation de la mère. Mais les œufs des oiseaux et ceux des quadrupèdes ovipares viennent toujours à bien et à leur

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coction entière, quand la saison est favorable, et que le lieu où ils sont placés est suffisamment chaud ; car ces animaux pondent tous dans la terre, où la chaleur qui s’y trouve donne aux œufs la coction nécessaire. Ceux des quadrupèdes ovipares qui couvent en se mettant sur leurs œufs, le font plutôt encore pour les protéger. § 10[36]. Du reste, les œufs des oiseaux et des quadrupèdes ovipares se produisent absolument de même ; ils ont aussi une coquille dure et deux couleurs. Chez ces quadrupèdes, les œufs se forment également près du diaphragme, comme chez les oiseaux ; et tous les autres phénomènes intérieurs et extérieurs sont les mêmes. Par conséquent, l’étude de leurs causes est la même pour tous. Seulement, les œufs des quadrupèdes ovipares reçoivent leur coction par leur propre force et par la saison, tandis que ceux des oiseaux sont exposés à plus de chances, et ont encore besoin de l’incubation de la mère qui les a pondus. § 11[37]. C’est que la Nature semble avoir voulu

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inspirer aux animaux une sollicitude particulière pour les jeunes. Dans les animaux inférieurs, elle a borné ce sens à la parturition ; mais dans les animaux plus intelligents, elle l’a poussée à ce point qu’ils achèvent et élèvent leurs petits. Pour ceux qui ont le plus d’intelligence entre tous, il se forme, des parents aux petits devenus complets, une habitude et une affection de famille, comme on le voit dans l’espèce humaine, et chez quelques quadrupèdes. Mais pour les oiseaux cet instinct ne va que jusqu’à produire et à nourrir les petits. Aussi, les femelles qui ne couvent pas après avoir pondu, s’en trouvent-elles assez mal, comme si elles étaient privées de quelque fonction qu’exige leur nature. § 12[38]. Les petits qui sont dans les

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œufs s’y forment plus vite quand il fait chaud ; la saison alors coopère à les faire éclore ; car la coction tient à la chaleur. La terre peut contribuer par sa chaleur à la coction définitive ; et l’incubation de la mère produit le même effet, parce qu’elle y apporte sa propre chaleur. Les œufs se gâtent et deviennent des œufs d’urine, comme on dit, dans la saison chaude plus que dans toute autre ; et cela se comprend bien. Les vins s’aigrissent de même pendant la chaleur, parce que la lie monte en haut et tourne ; c’est elle qui gâte les vins ; et dans les œufs, c’est de même le jaune ou la lécithe qui les gâte. § 13[39]. Dans les uns et les autres, c’est la partie terreuse qui est la cause du phénomène ; les vins se gâtent parce que la lie vient à s’y mêler ; et les œufs se pourrissent, parce que la lécithe s’y mêle au blanc. Dans les oiseaux qui pondent beaucoup, cela se conçoit aisément ; car il n’est pas facile de bien maintenir pour tous les œufs

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la chaleur qui leur convient ; les uns en ont plus qu’il n’en faut ; les autres en ont moins ; et elle les gâte également, en les pourrissant. § 14[40]. Cet accident se présente non moins souvent chez les oiseaux pourvus de serres, quoiqu’ils pondent très peu d’œufs. Souvent, sur deux de leurs œufs, il y en a un qui est pourri ; et le troisième l’est toujours. Comme leur nature est essentiellement chaude, ils font en quelque sorte bouillir à l’excès le liquide qui est dans les œufs. § 15[41]. Evidemment, cela tient à ce que le jaune et le blanc ont eux aussi une nature contraire. Le jaune durcit par le froid, tandis que la chaleur le liquéfie ; aussi, se liquéfie-t-il, soit par la coction dans la terre, soit par l’incubation ; voilà comment le jaune peut servir de nourriture aux petits qui se forment. Le feu et la cuisson ne le rendent pas plus dur, parce qu’il est de sa nature terreux, comme la cire. Mais quand les œufs sont échauffés

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par trop, s’ils ne viennent pas d’un résidu très liquide, ils tournent à l’urine et ils se pourrissent. § 16[42]. Quant au blanc, loin de se solidifier par le froid, il se liquéfierait plutôt ; et nous en avons dit antérieurement la raison ; mais mis sur le feu, il y devient solide. Aussi, la coction qu’il reçoit pour la génération des animaux l’épaissit ; et c’est lui qui constitue l’animal, de même que c’est le jaune qui l’alimente. C’est de lui que toutes les parties prennent leur croissance, en se formant de mieux en mieux ; et voilà pourquoi le jaune et le blanc sont séparés par des membranes, comme étant de nature différente.

§ 17[43]. Si l’on désire connaître exactement ce qu’il en est de ces rapports du blanc et du jaune, dès le début de la conception, et lorsque l’animal est déjà constitué ;

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si l’on veut savoir aussi ce que sont les membranes et le cordon ombilical, il faut consulter ce qui en est dit dans l’Histoire des Animaux. Mais pour l’étude que nous faisons en ce moment, nous nous bornerons à répéter qu’après l’apparition du cœur, qui est le premier à se montrer, et après la formation de la grande veine, qui en part, deux cordons ombilicaux, sortis de cette veine, se dirigent l’un vers la membrane qui entoure le jaune, l’autre vers la membrane choroïde dont l’animal est circulairement enveloppé. Ce second cordon se rend à la membrane de la coquille. § 18[44]. C’est par l’un des cordons que le fœtus reçoit la nourriture qui vient du jaune ; et le jaune grossit, en devenant plus liquide par la chaleur qu’il reçoit. Il faut que la nourriture, corporelle comme elle l’est, devienne liquide comme elle le devient pour les végétaux. Les embryons qui se forment dans les œufs, et aussi ceux qui se forment dans les animaux,

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n’ont tout d’abord que la vie du végétal. C’est parce qu’ils sont en rapport avec un autre être qu’ils en tirent leurs premiers développements et leur nourriture. § 19[45]. L’autre cordon ombilical se dirige vers le chorion qui entoure le fœtus. Il est bien à croire que les petits des ovipares sont, avec le jaune, dans les mêmes rapports que, dans les vivipares, les embryons sont avec la mère, tant qu’ils sont dans son sein. Il est vrai que les embryons des ovipares ne sont pas nourris dans la mère ; mais ils prennent encore de la mère une certaine partie de sa substance ; et ils sont, avec le cordon extérieur et sanguinolent, dans la même relation qu’ils le seraient avec la matrice. En même temps, la coquille de l’œuf entoure le jaune et le chorion, qui répond à la matrice, comme si l’on entourait de quelque membrane, et l’embryon, et la mère elle-même tout entière. § 20[46]. Cette organisation tient à ce que l’embryon doit être dans la matrice et être rattaché à la mère. Pour les embryons des vivipares, la matrice est dans la mère ; dans les embryons des ovipares, c’est tout le contraire ; et à l’inverse, on pourrait dire que la mère est dans la matrice. En effet ce qui vient de la mère, la nourriture, est le jaune ; et cela tient à ce que la nutrition de l’embryon ne se fait pas dans la mère elle-même.

§ 21[47]. Quand l’embryon s’est développé, le cordon ombilical qui va au chorion est le premier à tomber, parce que c’est par ce point que l’animal doit sortir ; mais le reste du jaune et le cordon qui se rend au jaune ne tombent que plus tard. Il faut que le petit, dès qu’il est né et vivant, puisse avoir sur-le-champ sa nourriture indispensable ; car il n’y a pas de mère pour l’allaiter, et il ne peut à lui seul se procurer ses aliments. Voila pourquoi le jaune entre à l’intérieur

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avec le cordon ; et la chair du poussin se forme tout autour. § 22[48]. Les petits qui sortent d’œufs complets se forment comme on vient de le voir, soit chez les oiseaux, soit chez les quadrupèdes ovipares qui ont des œufs à coquille dure. Ce sont là d’ailleurs des faits qu’on peut observer mieux sur les grands animaux ; car sur les plus petits, la ténuité de leurs dimensions rend les choses presque invisibles.


CHAPITRE III

De l’œuf des poissons, et spécialement de l’œuf des sélaciens ; de l’œuf de la grenouille de mer ; particularités qu’il présente, à cause de la forme de l’animal, dont la tête est énorme et hérissée de piquants ; comparaison des œufs d’oiseaux et des œufs de poissons ; ressemblances et différences dans leur production ; il n’y a qu’une seule couleur dans les œufs de poissons ; ils n’ont ni blanc ni jaune.


§ 1[49]. Les poissons font aussi des œufs ; mais ceux d’entre eux dont la matrice est en bas ne font qu’un

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œuf incomplet, par la raison qu’on en a donnée plus haut ; au contraire, ceux qu’on appelle des sélaciens font d’abord un œuf complet en eux-mêmes, et produisent ensuite un petit vivant. § 2[50]. Il faut excepter le sélacien qu’on nomme la grenouille marine ; il est le seul poisson de cette espèce qui ponde extérieurement un œuf complet. La cause de cette différence tient à la constitution de son corps. Sa tête est plusieurs fois plus grosse que tout le reste ; elle est hérissée de piquants et fort dure. Cette conformation s’oppose d’abord à ce que l’animal puisse recevoir en lui des petits ; et c’est ce qui fait aussi qu’il n’est pas vivipare. La grosseur et la dureté de la tête empêchent les petits de sortir, tout aussi bien que d’entrer. L’œuf des autres sélaciens a une coquille molle ; et ils ne peuvent pas la durcir et la sécher dans tout son pourtour ;

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car ils sont plus froids que les oiseaux. § 3[51]. L’œuf de la grenouille de mer est le seul qui soit solide et sec, afin qu’il puisse se conserver au dehors. Mais les œufs des autres poissons sont liquides et naturellement mous ; au dedans, ils sont protégés par le corps même de la mère qui les renferme. Mais le développement, après la sortie de l’œuf, est le même pour les grenouilles qui se complètent au dehors que pour les œufs qui restent a l’intérieur. § 4[52]. Comparativement aux oiseaux, cette génération est en partie semblable et en partie différente. D’abord, les œufs de poissons n’ont pas le second cordon ombilical qui se rend au chorion, lequel est sous la coquille qui l’enveloppe. Cela vient de ce que les œufs des poissons n’ont pas

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la coquille qui entoure les œufs des oiseaux. Elle ne leur serait pas utile ; car c’est la mère qui les couvre et les protège ; mais pour les œufs pondus extérieurement, c’est la coquille seule qui doit être leur rempart, contre tous les accidents nuisibles qui peuvent les assaillir au dehors. En second lieu, la naissance du petit des poissons se fait aussi par un bout de l’œuf, mais non pas par le bout qui se rattache à la matrice. § 5[53]. Les oiseaux naissent par le petit bout, au point d’attache de l’œuf. Cette disposition tient à ce que, dans les oiseaux, l’œuf se sépare de la matrice, tandis que, dans ces animaux-là, si ce n’est dans tous, au moins dans la plupart, l’œuf à l’état complet est attaché à la matrice. L’animal venant à se développer dans la pointe, l’œuf s’épuise comme dans les oiseaux et dans les autres animaux où les œufs se détachent, et où, à

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la fin, le cordon ombilical des œufs déjà tout complets est attaché à la matrice. C’est tout à fait ce qui se passe aussi dans les animaux où l’œuf est déjà tout détaché de la matrice ; car, dans quelques-uns de ces animaux, dès que l’œuf est complet, il se détache.

§ 6[54]. On pourrait donc se demander en quoi, sous ce rapport, la génération des oiseaux et celle des poissons différent entre elles. La vraie différence, c’est que chez les oiseaux le blanc et le jaune des œufs sont séparés, et que, les œufs des poissons étant d’une seule couleur, le tout est absolument mélangé, de telle sorte que rien n’empêche que le principe du développement n’y soit placé en sens opposé ; car, non seulement l’œuf est ainsi mélangé dans son point d’attache, mais il ne l’est pas moins au point opposé ; et alors, il est plus facile à l’embryon de tirer sa nourriture

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de la matrice par des vaisseaux qui viennent de ce principe. § 7[55]. C’est là ce que l’on peut très bien voir sur les œufs qui ne se détachent pas ; car dans certains sélaciens, l’œuf ne se détache pas de la matrice ; mais, sans la quitter, il descend tout au bas, pour que le petit sorte vivant. Cela se voit dans ceux où l’animal complètement achevé a encore le cordon venu de la matrice, bien que l’œuf soit déjà épuisé. Il est donc évident que d’abord les vaisseaux se rendaient aussi à la matrice quand l’œuf y était encore. C’est là ce qu’on peut observer, ainsi que nous l’avons dit, dans les chiens de mer, ou raies plates.

§ 8[56]. Voilà donc les différences qu’on peut à cet égard remarquer entre la génération des poissons et celle

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des oiseaux ; et nous en avons expliqué les causes. A tout autre égard, les choses se passent de même des deux côtés. Les poissons ont également le second cordon, qui chez les oiseaux se rend au jaune, mais qui chez les poissons va à l’œuf entier, qui n’a ni blanc ni jaune, et qui est tout d’une couleur. Les petits se nourrissent également de cet œuf ; et quand l’œuf est épuisé, la chair en sort, et elle continue de même à se développer au-dehors.


CHAPITRE IV

Des œufs des poisons, et des causes de leur petitesse et de leur quantité prodigieuse ; le développement de l’œuf est une sorte de fermentation intérieure ; les œufs des poissons, s’ils étaient plus gros, ne pourraient tenir dans la matrice ; exemple de poissons crevant à cause de leurs œufs trop gros.


§ 1[57]. La génération a donc lieu comme on vient de le dire chez les poissons qui font d’abord en eux-mêmes un œuf complet, et qui ensuite produisent un

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petit vivant ; mais presque tous les autres poissons font leur œuf au dehors ; et tous ils le font incomplet, a l’exception de la grenouille de mer. Nous venons d’expliquer la cause de cette exception, en même temps que nous avons expliqué aussi comment il se fait que les poissons pondent des œufs incomplets. § 2[58]. Leur génération, en tant que venant de l’œuf, a lieu encore pour eux de la même manière que pour les sélaciens, qui font des œufs à l’intérieur, si ce n’est que leur croissance est très rapide et qu’elle part d’une extrême petitesse ; si ce n’est aussi que le bout de l’œuf est plus dur. Quant à la croissance de l’œuf, elle est tout à fait la même dans les larves. Ainsi, les

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animaux qui font des larves produisent un embryon d’abord très petit ; puis, cet embryon s’accroît par lui-même, et sans rien emprunter au dehors. § 3[59]. La cause de ce phénomène est à peu près pareille à celle qui produit l’ébullition. L’ébullition grossit beaucoup la masse du liquide qui est d’abord plus petite ; le plus solide de cette masse se liquéfie, et le liquide se vaporise. Dans les animaux, la chaleur de l’âme produit naturellement cet effet, tandis que, dans l’ébullition, cet effet est du à la chaleur particulière du suc qui a été mêlé au liquide. C’est donc par cette même cause que les œufs grossissent nécessairement, puisqu’ils ont une excrétion et un résidu qui fermente ; mais outre la nécessité, c’est encore en vue du mieux que le phénomène se produit. § 4[60]. Car, il est impossible que les œufs prennent leur développement total

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dans les matrices, par suite de l’excessive fécondité des poissons. C’est là ce qui fait que les œufs se détachent, bien qu’en étant d’abord tout petits, et qu’ils prennent ensuite une rapide croissance. Si d’abord, ils sont si petits, c’est que la matrice est très étroite pour l’énorme quantité des œufs ; et une fois dehors, ils se développent très vite, afin que, ne s’attardant pas à sortir et à croître, la race entière ne périsse pas, puisque, même dans les conditions actuelles, la plupart des embryons qui sont produits par les poissons viennent à se perdre. La race des poissons étant extrêmement féconde, la Nature combat les chances de perte par le nombre. Il y a même des poissons qui, comme celui qu’on appelle l’aiguille, crèvent par la grosseur de leurs œufs ; celui-là, au lieu d’en avoir beaucoup, en a de très gros ; et ici la Nature compense par la grosseur ce qu’elle enlève à la quantité.

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CHAPITRE V

Tous les poissons sont ovipares, même les sélaciens ; erreur du quelques naturalistes croyant que tous les poissons sont femelles ; nécessité de bien observer les faits ; action des poissons mâles répandant leur laite sur les œufs pondus par la femelle ; erreur des pécheurs et d’Hérodote ; erreur d’Anaxagorc sur l’accouplement des corbeaux et de l’ibis, et sur la parturition de la belette ; erreur d’Hérodore d’Héraclée sur l’hermaphrodisme de l’hyène.


§ 1[61]. On vient de voir comment les œufs de ce genre prennent leur croissance, et pourquoi ils la prennent ainsi. Mais ce qui prouve bien que ces poissons aussi pondent des œufs, c’est que même les poissons vivipares, comme les sélaciens, commencent par faire un œuf à l’intérieur. On peut donc en conclure évidemment que toute la classe des poissons est ovipare. Cependant, dans les espèces de poissons où il y a des mâles et des femelles et qui viennent d’accouplement,

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aucun œuf n’est achevé et complet que si le mâle répand sa laite sur le frai. § 2[62]. Il y a quelques naturalistes qui soutiennent que tous les poissons sont femelles, les sélaciens exceptés ; mais c’est là une erreur ; car, ces naturalistes supposent que la différence des femelles à ceux qu’ils prennent pour des mâles, est semblable à la différence que présentent les plantes, dont les unes, dans la même espèce, portent des fruits, et dont les autres n’en portent pas, comme l’olivier et le kotinos, le figuier et l’érinéos. Ils trouvent que les poissons, sauf les sélaciens, seraient donc dans le même cas, puisque pour les sélaciens, on ne peut pas élever le moindre doute, § 3[63]. Cependant, les mâles dans

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les sélaciens et dans les poissons ovipares ont la même organisation en ce qui concerne leur laite ; pour les uns et pour les autres, le sperme est émis et répandu dans la saison régulière. Les femelles ont également des matrices ; mais il fallait que non seulement les poissons ovipares eussent des matrices, mais encore que les autres en eussent aussi, quoique différentes, de même que, dans la classe des animaux pourvus de crins à la queue, les mules présenteraient ce phénomène que, si toute leur classe était composée uniquement de femelles, il n’y en aurait pas moins quelques-unes d’entre elles qui seraient stériles. Mais, dans l’état présent des choses, parmi les poissons, les uns ont de la laite ; les autres ont des matrices ; et dans tous, si l’on en excepte deux seulement, le rouget et le serran, cette même différence se retrouve identiquement. § 4[64]. Ainsi, les uns ont de la laite et les autres ont des matrices. Mais la question que ces naturalistes résolvent, comme on vient de le dire, est facile à trancher si l’on veut bien observer les faits et les écouter. D’ailleurs, ces naturalistes ont pleinement raison de croire que les animaux où un accouplement a lieu ne font jamais un grand nombre de petits ; car, ceux des animaux qui font des êtres complets en les tirant d’eux-mêmes, soit vivants, soit sous forme d’œufs, ne sont jamais aussi féconds à beaucoup près que les poissons ovipares, chez lesquels la quantité des œufs est à peu près incalculable. § 5[65]. Mais nos naturalistes n’avaient pas encore remarqué qu’il en est tout autrement des œufs des poissons que des œufs des oiseaux. Les oiseaux, les quadrupèdes ovipares et quelques-uns des sélaciens peut-être, font un œuf

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complet, qui, une fois sorti, ne prend plus aucun accroissement. Au contraire, les poissons font des œufs incomplets, et c’est au dehors que les œufs se développent. Même c’est là encore le phénomène que présentent les mollusques et les crustacés. On peut les voir accouplés, parce que leur accouplement dure longtemps ; et l’on observe aisément chez eux que l’un des deux est mâle et que l’autre a une matrice. § 6[66]. Il serait bien singulier que cette organisation ne se retrouvât pas dans le genre entier des poissons, comme elle se trouve évidemment chez les vivipares, où l’un des deux est mâle et l’autre est femelle. Ce qui cause l’ignorance de ceux qui soutiennent cette théorie, c’est qu’ils ne se rendent pas compte assez clairement de la diversité des accouplements et de la parturition des animaux, tout évidentes qu’elles sont, et que, ne regardant qu’à quelques cas particuliers,

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ils s’imaginent que tout le reste doit être absolument pareil. Aussi, quand on soutient que les femelles des poissons conçoivent en avalant la semence des mâles, on ne peut commettre cette méprise qu’en omettant bien des faits, auxquels on ne réfléchit pas assez. § 7[67]. Ainsi, c’est à la même époque que les mâles ont leur laite et que les femelles ont leurs œufs ; et plus la femelle est près de pondre, plus aussi la laite s’accumule et se liquéfie dans le mâle. Et de même que, l’accumulation de plus en plus grande de la laite dans le mâle coïncide avec l’œuf dans la femelle, de même l’émission a lieu à la même époque également. Les femelles ne pondent pas d’un seul coup, mais petit à petit ; et les mâles ne répandent pas davantage leur laite en une seule fois. § 8[68]. Tous ces faits sont parfaitement acceptables à la raison. Car, de même que, dans les oiseaux, il y en a qui produisent des œufs sans les avoir par accouplement, en petit nombre il est vrai et rarement, mais que la plupart des oiseaux ont des œufs par suite de copulation, de même ce phénomène

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se représente encore dans les poissons, quoique moins généralement. Ce que les parents font d’eux seuls et spontanément reste stérile, si le mâle ne répand pas sa laite sur les œufs, du moins dans toutes les espèces de poissons où il y a un mâle. § 9[69]. Pour les oiseaux, qui pondent au dehors des œufs complets, il faut nécessairement que le travail se passe quand les œufs sont encore à l’intérieur. Au contraire, pour les poissons qui pondent des œufs incomplets, dont l’accroissement a toujours lieu à l’extérieur, l’œuf a beau venir d’un accouplement, il n’y a d’œufs sauvés au dehors que ceux qui ont été aspergés par la laite ; et c’est précisément à cet usage qu’est employée la laite des mâles. Aussi, la quantité de la laite tombe et diminue en même temps que les œufs diminuent chez la femelle ; car, toujours les mâles la suivent, en répandant leur laite sur les œufs qui viennent

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d’être pondus par elle. Il y a donc, chez les poissons, des mâles et des femelles ; et tous les poissons s’accouplent, si ce n’est que, dans quelques espèces, la femelle et le mâle ne sont pas bien distincts. Mais jamais sans la semence du mâle aucun œuf de ces animaux ne pourrait venir à bien.

§ 10[70]. Ce qui peut contribuer à causer l’erreur qu’on commet en tout ceci, c’est que l’accouplement de ces poissons est extrêmement rapide, et que la plupart des pêcheurs eux-mêmes ne l’observent pas ; il est vrai qu’aucun d’eux ne s’inquiète du fait au point de vue de la science. Cependant, on a pu faire quelques observations sur l’accouplement des poissons. On a constaté en effet que les dauphins s’accouplent en se frottant les uns contre les autres, comme le font aussi tous les poissons dont la queue est un obstacle a un autre mode d’accouplement. Mais la séparation des

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dauphins demande plus de temps pour se produire, tandis qu’elle est très rapide dans les autres poissons. Ne voyant pas cet accouplement, mais ne voyant que la dispersion de la laite et des œufs, les pêcheurs eux-mêmes s’en vont répétant une opinion erronée et fort répandue sur la gestation des poissons, celle qu’accueillait aussi Hérodote, dans ses légendes fabuleuses, quand il supposait que les femelles des poissons conçoivent en avalant la laite des mâles. § 11[71]. On aurait bien dû s’apercevoir que c’est là une chose absolument impossible. Le canal qui part de la bouche se rend à l’estomac et ne se rend pas dans les matrices ; or, tout ce qui entre dans l’estomac y devient nécessairement de la nourriture, parce qu’il y est digéré. Mais, comme les matrices sont remplies d’œufs, on peut se demander d’où viennent ces œufs.

§ 12[72]. On appliquerait encore les mêmes considérations à la génération des oiseaux ; car, il y a des naturalistes

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qui ont prétendu que c’est par la bouche que s’accouplent les corbeaux et les ibis, et que, parmi les quadrupèdes, la belette met bas par la bouche également. Telle est l’opinion d’Anaxagore et de quelques autres naturalistes ; mais ce sont là des opinions par trop naïves et par trop irréfléchies. § 13[73]. Pour les oiseaux, c’est se laisser tromper par un faux raisonnement que de se dire qu’on ne voit que très rarement les corbeaux s’accoupler, tandis qu’on les voit très fréquemment se becqueter l’un l’autre, comme le font tous les oiseaux de l’espèce corvide, et comme aussi on le voit faire aux geais qu’on apprivoise. On peut également l’observer sur les colombes ; mais, comme on les voit s’accoupler, on ne leur a pas fait l’honneur de cette singulière réputation. L’espèce des

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corbeaux n’est pas lascive : elle fait peu de petits ; et, bien souvent, on les a déjà vus s’accoupler. § 14[74]. Mais il est vraiment absurde de ne pas songer qu’on aurait à prouver comment le sperme peut parvenir aux matrices en passant par l’estomac, lequel digère toujours tout ce qu’il reçoit comme aliment. Ces oiseaux ont des matrices tout aussi bien que les autres ; et leurs œufs sont placés aussi sous leur diaphragme. Quant à la belette, elle a sa matrice disposée absolument comme celle des autres quadrupèdes ; et en elle, d’où l’embryon pourrait-il venir pour arriver dans sa bouche ? Comme la belette fait des petits excessivement grêles, et qu’elle les transporte souvent dans sa gueule, où elle les prend ainsi que le font les autres fissipèdes dont nous aurons à nous occuper plus tard, c’est là ce qui aura provoqué cette fable absurde. § 15[75]. Ce qu’on raconte du trochos et de l’hyène n’est guère moins étrange ni moins erroné. En parlant du trochos,

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on dit généralement, et Hérodore d’Héraclée, en parlant de l’hyène, dît, en particulier, que ces animaux réunissent les deux organes sexuels du mâle et de la femelle, que le trochos s’accouple avec lui-même, et que l’hyène monte une année, et est montée l’autre. On a vérifié que l’hyène n’a qu’un seul organe du sexe ; et il y a plus d’un pays où cette observation peut n’être pas rare. Ce qui est vrai, c’est que les hyènes ont sous la queue une ligne qui ressemble à l’organe de la femelle ; mais les mâles et les femelles ont indistinctement cette ligne remarquable. D’ailleurs, ce sont les mâles qu’on prend le plus ordinairement. Ce n’est donc qu’une observation superficielle qui a pu autoriser une telle opinion ; et ce que nous venons d’en dire est plus que suffisant.

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CHAPITRE VI

De la génération particulière aux sélaciens ; comparaison de la génération chez les sélaciens et chez les poissons ordinaires ; des œufs clairs des oiseaux et des phénomènes spéciaux qu’ils présentent ; ils deviennent féconds par une seconde copulation ; la femelle peut à elle seule donner au germe le principe nutritif, comme la plante l’a aussi ; mais elle ne peut donner le principe de la sensibilité, qui constitue essentiellement l’animal ; c’est le mâle seul qui le donne ; explication de ces phénomènes.


§ 1[76]. Pour ce qui regarde la génération des poissons, on peut se demander comment il se fait que, dans les sélaciens, on ne voit jamais les femelles produire leurs embryons, ni les mâles répandre leur laite, tandis que, pour les poissons qui ne sont pas vivipares, on voit les femelles pondre leurs œufs et les mâles répandre leur semence dessus. A cette question, on peut répondre que cela tient à ce que l’espèce des sélaciens n’est pas du tout féconde en sperme, et à ce que les femelles ont leurs matrices près du diaphragme ; car, les sélaciens mâles diffèrent des autres mâles tout aussi bien que les sélaciens femelles diffèrent des autres femelles. § 2[77]. Les sélaciens sont pourvus de très peu de semence spermatique ; au contraire, chez les poissons ovipares les mâles répandent leur laite en abondance, de même que les femelles pondent une énorme quantité d’œufs, parce que les mules ont plus de laite qu’il n’en faut pour la fécondation. C’est que la Nature veut employer la laite à hâter la croissance des œufs pondus par la femelle, plutôt qu’à les constituer dès l’origine. § 3[78]. Nous pouvons répéter, comme nous l’avons déjà dit, et comme nous le disions encore tout à l’heure, que chez les oiseaux les œufs se complètent en dedans, et que, chez les poissons, ils s’achèvent au dehors. Chez eux aussi, c’est en quelque sorte le travail qui se fait dans la larve ; et même les animaux larvipares produisent leur progéniture encore plus informe. Mais, dans les œufs des oiseaux

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et dans ceux des poissons, c’est également le mâle qui les parfait et les achève. Seulement, chez les oiseaux, c’est à l’intérieur que le fait se passe ; car c’est bien intérieurement que l’œuf se complète, tandis que chez les poissons, c’est au dehors, parce que c’est extérieurement que les œufs sont rejetés dans un état imparfait ; mais, dans ces conditions, c’est, au fond, de part et d’autre le même phénomène. § 4[79]. Ainsi, les œufs clairs des oiseaux deviennent féconds ; et ceux qui ont été cochés antérieurement par des mâles d’une autre espèce, changent de nature, pour prendre celle du mâle qui a coché le dernier. Même les œufs ordinaires qui n’ont pas pu croître, parce que la première copulation a été insuffisante, s’ils sont cochés de nouveau, reprennent très rapidement toute leur croissance. Cette transformation ne se produit pas d’ailleurs à toute époque du développement des œufs,

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mais seulement quand la copulation a lieu avant que le blanc ne se soit séparé du jaune. § 5[80]. Rien de pareil à ceci ne se passe pour les œufs des poissons ; mais les mâles se hâtent de répandre leur laite pour les sauver en les fécondant. C’est que les œufs de poissons ne sont pas de deux couleurs. Il n’y a donc pas pour ces œufs un temps fixe, comme pour les œufs d’oiseaux. La raison comprend ceci sans peine. Quand le blanc est séparé du jaune et qu’ils sont isolés l’un de l’autre, l’œuf a déjà reçu le principe qui vient du mâle ; car c’est là ce qui est la part du mâle dans l’acte de la génération. Quant aux œufs clairs, ils reçoivent tout le développement de génération qu’ils peuvent prendre ; mais il est bien impossible qu’ils arrivent à former un animal complet ; car il faudrait pour cela qu’ils eussent la sensibilité. Or les femelles, ainsi que tous les êtres vivants, comme on l’a déjà dit bien

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souvent, n’ont à donner que la faculté nutritive de l’âme ; et alors, l’œuf que la femelle produit est complet en tant que germe végétatif, mais, en tant que germe d’animal, il est incomplet. § 6[81]. S’il n’y avait pas de mâle dans la classe des oiseaux, il leur arriverait ce qui arrive chez les poissons, si toutefois la génération peut se faire dans une de leurs espèces quelconque sans l’intervention du mâle. Mais nous avons déjà antérieurement rappelé que le fait n’avait pas été encore suffisamment observé. Dans l’état actuel des choses, il y a pour toutes les espèces d’oiseaux une femelle et un mâle, de telle sorte que la femelle achève l’œuf en tant que plante ; et sous ce rapport, il ne change pas après la copulation ; mais en tant que l’œuf n’est pas plante, la femelle ne peut le parfaire ; et il ne sort jamais de la femelle un autre être vivant ;

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car ce n’est pas d’une plante, absolument parlant, qu’il est venu, et ce n’est pas non plus tout à fait d’un animal par accouplement. Quant aux œufs qui résultent de copulation, et où le blanc s’est déjà sépare du jaune, ils se modèlent sur le mâle qui a coché le premier ; car ces œufs-là possèdent dès lors les deux principes.


CHAPITRE VII

De la génération des mollusques et particulièrement de la seiche ; elle a lieu par copulation ; erreur de ceux qui croient que tous les poissons sont femelles ; observations mal faites ; des œufs des crabides, placés sous la femelle ; singulière position de la petite seiche au moment de sa naissance ; citation de l’Histoire des Animaux.


§ 1[82]. Les mollusques du genre de la seiche et de genres analogues produisent leurs petits de la même manière, ainsi que les crustacés, tels que

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les crabes et leurs congénères. Ces animaux également engendrent par copulation, et l’on a vu plus d’une fois le mâle accouplé à la femelle. Aussi, ne serait-ce que pour ce seul exemple, on peut dire qu’on ne parle pas scientifiquement, quand on avance que tous les poissons sont femelles, et qu’ils ne se reproduisent pas par copulation. Il est bien étonnant d’admettre que les mollusques viennent d’accouplement, et que les autres poissons n’en viennent pas. § 2[83]. Si on ne l’a pas vu, c’est signe qu’on observe bien mal. L’accouplement de ces animaux, comme celui des insectes, dure plus longtemps que tout autre ; et cela se comprend de reste, puisqu’ils ne sont pas pourvus de sang, étant de leur nature froids, comme ils le sont. Les seiches et les teuthis ont deux œufs apparents, parce que leur matrice est divisée et a deux cornes, tandis que les polypes n’ont qu’un seul œuf. Cela tient à ce que la forme du corps des polypes est arrondie et sphérique, et que, quand la femelle est pleine, on ne voit plus la division de la matrice. Quant à la matrice des crabes, elle est divisée aussi en deux parties. § 3[84]. Tous ces animaux ne produisent que des fœtus incomplets, et par la même cause. Les femelles de tous les crabides gardent en elles-mêmes leur fœtus ; et c’est pour cela qu’elles ont l’éventail de la queue beaucoup plus grand que les mâles, afin de pouvoir protéger les œufs quelles portent.

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Les mollusques déposent les leurs au dehors. Dans les mollusques, le mâle répand sa laite sur les femelles, de même que les autres poissons mâles la répandent sur les œufs ; ce qui les coagule et en fait une masse visqueuse. § 4[85]. Dans les crabides, on n’a rien observé de pareil ; et ce ne serait pas sage en effet qu’il en fût ainsi, puisque l’embryon est sous la femelle, et qu’il a une peau très dure. Du reste, les œufs des crabides et ceux des mollusques se développent à l’extérieur comme ceux des poissons. Quand la petite seiche vient de naître, elle est attachée aux œufs par sa partie antérieure ; et, en effet, ce n’est que par là qu’elle peut s’attacher, puisque cet animal est le seul qui ait d’un même côté le derrière et le devant du corps. C’est d’ailleurs dans l’Histoire des

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Animaux qu’on peut voir quelle est la position que les petites seiches présentent au moment où elles naissent.


CHAPITRE VIII

De la génération des insectes ; variétés de cette génération ; ses différences avec la génération des vivipares et des ovipares ; les larves des insectes ; métamorphoses successives des larves, au nombre de trois ; immobilité de la larve ; les chrysalides ; les nymphes ; vie et développement de la larve ; génération des insectes copulative ; génération spontanée.


§ 1[86]. Après avoir étudié la génération de tous les autres animaux qui marchent, qui volent et qui nagent, il faut, pour les insectes et les testacés, adopter encore la méthode jusqu’à présent suivie. Occupons-nous d’abord des insectes. Nous avons déjà dit que, parmi les insectes, les uns viennent de copulation et que d’autres naissent spontanément. Nous avons ajouté qu’il y en a quelques-uns qui font des larves, et nous

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avons expliqué pourquoi ils en font. § 2[87]. A vrai dire, on pourrait croire que tous les animaux font des larves en quelque sorte, et qu’ils commencent tous par là, puisque le fœtus des larves est le plus imparfait de tous. Dans tous les vivipares et dans les ovipares qui font un œuf complet, le fœtus, qui naît tout d’abord assez informe, prend ensuite sa pleine croissance ; or, c’est bien là aussi la nature de la larve. Mais ensuite, les uns qui sont ovipares produisent un fœtus complet ; les autres le produisent incomplet ; mais, une fois dehors, il se complète, comme on l’a déjà exposé plus d’une fois pour les poissons. § 3[88]. Pour les vivipares qui font leurs petits en eux-mêmes, on peut dire qu’après que l’être s’est constitué, c’est d’abord une sorte d’œuf qui se forme ; car la partie liquide est entourée d’une légère membrane, dans le genre de celle qu’on trouve en enlevant la coquille de l’œuf ; et c’est pour cela qu’on appelle du nom d’écoulement la perte du

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fœtus à cette époque. Les insectes qui engendrent pondent aussi des larves ; et ceux mêmes qui, ne venant pas de copulation, naissent spontanément, sont constitués aussi de cette façon, dans les premiers temps ; car, il faut regarder comme des espèces de larves, et les chenilles et les fœtus d’araignées. § 4[89]. Ces fœtus pourraient passer pour des œufs à cause de leur rondeur ; et ceci s’applique à quelques-uns de ceux-là et à beaucoup d’autres. Mais ce n’est pas à cause de leur forme, de leur mollesse et de leur dureté, qualités qu’ont parfois quelques-uns de leurs fœtus, qu’on pourrait les prendre pour des larves ; c’est uniquement parce que l’animal change tout entier, et qu’il ne vient pas seulement d’une certaine partie. § 5[90]. D’ailleurs, avec le temps et en grossissant, tous les fœtus qui ont forme de larves finissent par devenir une sorte d’œuf. L’enveloppe qui les revêt se durcit ;

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et, pendant toute cette période, ils sont immobiles. C’est ce qu’on peut bien voir dans les larves des abeilles, des guêpes et des chenilles. On dirait que la Nature a fait en quelque sorte un œuf prématurément, tant cet œuf a d’imperfection, et que la larve n’est qu’un œuf mou, qui a encore beaucoup à croître. § 6[91]. C’est bien là aussi ce qu’on peut observer sur tous les autres insectes qui ne viennent pas de copulation, comme ceux qu’on trouve dans les lainages et dans d’autres matières, et sur ceux qui naissent dans les eaux. Après que la larve a été émise, elle reste toujours sans mouvement ; et quand l’enveloppe s’est desséchée, l’animal sort en la brisant, comme s’il sortait d’un œuf ; il est alors tout formé ; et il en est à

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sa troisième métamorphose. La plupart des insectes qui naissent ainsi sont ailés, quand ils vivent sur terre. § 7[92]. On a de justes motifs d’admirer généralement tous ces phénomènes, qui d’ailleurs sont conformes à la raison ; car les chenilles, qui tout d’abord prennent de la nourriture, cessent plus tard d’en prendre ; mais les chrysalides, comme on les appelle quelquefois, restent immobiles. Les larves des guêpes et des abeilles deviennent ensuite ce qu’on nomme des nymphes ; et sous cette forme, elles n’ont plus à se nourrir ; car la nature des œufs est telle que l’œuf, une fois formé, ne s’accroit plus. Mais d’abord il grossit et prend de la nourriture, jusqu’à ce qu’il soit

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définitivement constitué et qu’il soit devenu un œuf complet. § 8[93]. Quant aux larves, il y en a qui ont en elles-mêmes tout ce qu’il faut pour produire cette excrétion qui les nourrit ; et telles sont les abeilles et les guêpes. Il y en a d’autres qui tirent leur nourriture du dehors, comme les chenilles et quelques autres larves. Voilà donc trois sortes de générations pour ces insectes ; et nous avons expliqué pourquoi, après avoir eu le mouvement, ils en sont ensuite privés. Il y a des insectes qui viennent de copulation comme en viennent les oiseaux, les vivipares et presque tous les poissons ; d’autres naissent spontanément, à la façon de quelques plantes.


CHAPITRE IX

De

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la génération des abeilles ; difficultés de cette étude ; erreurs des naturalistes, qui croient que les abeilles tirent leur couvain du dehors, et que les abeilles sont les femelles et que les bourdons sont les mâles ; ce sont les reines qui pondent le couvain des abeilles et des bourdons ; observations diverses sur les fonctions des rois, des bourdons et des abeilles ; dimensions différentes des uns et des autres ; les rois s’engendrent eux-mêmes ; puis, ils engendrent aussi les abeilles, qui engendrent les bourdons ; les bourdons n’engendrent pas ; sagesse de la Nature ; influence du beau temps ou du mauvais temps sur les abeilles et la ruche entière ; les abeilles seules travaillent ; les rois ne font rien, non plus que les bourdons ; règles générales de l’observation des faits ; citation de l’Histoire des Animaux.


§ 1[94]. Il est assez difficile de se rendre compte de la génération des abeilles. S’il y a quelques espèces de poissons qui produisent leurs petits sans accouplement, il semble bien que c’est là aussi la manière dont les abeilles se reproduisent, à en juger du moins

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d’après l’apparence. Il faut nécessairement, ou qu’elles apportent le couvain du dehors, comme le prétendent quelques naturalistes, et ce couvain doit, ou naître spontanément, ou bien venir d’un autre animal qui le pond ; ou bien encore, il faut que les abeilles elles-mêmes le produisent. Il se peut également qu’elles apportent un couvain et qu’elles en produisent un autre ; car il y a des naturalistes qui soutiennent qu’elles n’apportent du dehors que le couvain des bourdons. Elles doivent engendrer, ou par accouplement, ou sans accouplement. Si c’est par accouplement, elles doivent produire chaque genre à part, ou l’un de ces deux genres seulement, le reste se produisant par un genre accouplé à l’autre. Je veux dire que, par exemple, les abeilles viennent d’abeilles accouplées ; les bourdons viennent de bourdons ; les rois viennent de rois. Ou bien encore,

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il se peut que toutes ces espèces viennent d’une seule, c’est-à-dire, des abeilles qu’on appelle des rois ou des chefs ; ou enfin elles peuvent provenir de l’accouplement des bourdons et des abeilles. § 2[95]. On soutient en effet quelquefois que les unes sont mâles et les autres femelles ; on prétend même que ce sont les abeilles qui sont les mâles, et que les bourdons sont les femelles. Toutes ces assertions sont insoutenables, quand on raisonne d’après les faits particuliers que présentent les abeilles, et d’après les faits plus généraux que présente le reste des êtres animés.

§ 3[96]. D’abord, si les abeilles apportaient le couvain du dehors, sans l’avoir produit, il faudrait aussi que des abeilles naquissent sans même que des abeilles rapportassent dans les lieux où elles vont prendre ce couvain. Comment pourrait-il se faire que des abeilles

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se produisissent là où on apporterait ce couvain, et qu’il n’y en eût pas là où se couvain se trouve ? Le couvain n’est pas moins indispensable, soit qu’il vienne spontanément dans les fleurs, soit que quelque animal le produise ; car, en supposant même que cette semence vînt d’un autre animal, c’est un animal pareil qui viendrait de celui-là ; mais ce ne serait pas des abeilles.

§ 4[97]. En second lieu, on comprend bien que les abeilles apportent du dehors le miel, puisqu’il est leur nourriture ; mais qu’elles apportent du couvain étranger, qui ne sert même pas à les nourrir, c’est absurde. A propos de quoi ? Et dans quelle vue ? Tous les animaux qui s’occupent de leur progéniture ne prennent tant de soins que pour leur propre produit, lequel ne fait aucun doute pour eux.

§ 5[98]. On ne peut pas soutenir plus raisonnablement

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que les abeilles sont les femelles, et que les bourdons sont les mâles. La Nature n’a jamais donné a aucune femelle des armes de combat. Or, les bourdons n’ont pas de dard ; et toutes les abeilles en ont. Il n’est pas possible davantage de soutenir que les abeilles sont les mâles, et que les bourdons sont les femelles. Ordinairement, le mâle ne s’occupe jamais des petits ; et ici ce sont les abeilles qui prennent ce soin. § 6[99]. D’autre part, comme le couvain des bourdons semble se produire même sans qu’il y ait intervention d’aucun bourdon, et que le couvain d’abeilles au contraire ne se produit jamais sans les rois, on en conclut que le couvain seul des bourdons est apporté du dehors, puisque évidemment les abeilles et les bourdons ne viennent pas d’un accouplement, ni séparément dans

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chacun de ces genres où aurait lieu l’accouplement des individus entre eux, ni de l’accouplement des abeilles et des bourdons. Mais il est également impossible, par les motifs qu’on vient de donner, que le couvain seul des bourdons soit apporté du dehors ; et la raison ne peut admettre que le cas ne fut pas semblable pour l’espèce tout entière.

§ 7[100]. Il n’est pas davantage permis de supposer que, parmi les abeilles, les unes sont mâles et que les autres sont femelles. Dans toutes les espèces d’animaux, il y a toujours de la différence entre la femelle et le mâle, et il y en aurait dans les abeilles en supposant même qu’elles s’engendrassent toutes elles-mêmes. Mais dans l’état actuel des choses, on ne voit pas qu’il y ait de couvain d’abeilles, s’il n’y a pas dans la ruche des chefs, comme on les appelle.

§ 8[101]. Une objection qu’on peut faire contre leur génération

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réciproque, et contre celle des bourdons, soit avec les abeilles, soit entre eux, c’est qu’on n’a jamais observé qu’aucun de ces insectes s’accouplât ; et certainement on les aurait vus bien des fois, s’il y avait réellement parmi eux des femelles et des mâles. Il reste donc cette hypothèse, si toutefois il y a accouplement, que ce soient les rois qui engendrent en s’accouplant. Mais on voit les bourdons naître sans même qu’il y ait de chefs dans la ruche ; et il n’est pas plus possible que les abeilles apportent le couvain de ces chefs qu’il n’est possible qu’elles le produisent après un accouplement. § 9[102]. Une autre hypothèse, c’est que les abeilles, comme quelques espèces de poissons, engendrent les bourdons sans accouplement, étant bien femelles en ce sens qu’elles engendrent,

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mais ayant, comme les végétaux, la femelle et le mâle renfermés en elles-mêmes ; ce qui fait aussi qu’elles ont des instruments de combat. Mais on ne peut pas parler de femelle là où le mâle n’est pas distinct et séparé. Si, du reste, cette observation s’applique aux bourdons, et s’ils ne viennent pas d’accouplement, il y a évidemment nécessité que la même remarque s’applique aussi aux abeilles et aux rois, qui ne doivent pas venir non plus d’un accouplement quelconque. § 10[103]. Si le couvain des abeilles se produisait certainement sans les rois, il faudrait aussi que les abeilles s’engendrassent elles-mêmes sans s’accoupler. Cependant, comme ce n’est pas là du tout ce qu’assurent les gens qui s’occupent du soin d’élever ces insectes, il resterait à penser que les rois s’engendrent eux-mêmes, et qu’ils engendrent également les

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abeilles. Mais de même que les abeilles sont des insectes à part et uniques en leur genre, de même leur génération paraît n’être pas moins singulière et remarquable. Que les abeilles puissent produire sans accouplement, c’est ce qui se passe chez bien d’autres animaux. Mais qu’elles ne produisent pas la même espèce qu’elles, ceci leur serait tout à fait particulier ; car, par exemple, les rougets produisent des rougets ; les serrans, des serrans. § 11[104]. C’est là ce qui fait que les abeilles ne se produisent pas comme les mouches et d’autres insectes analogues ; elles naissent d’un genre qui est différent d’elles, quoique congénère, puisqu’elles naissent des chefs. Aussi, leur organisation a-t-elle quelque chose d’analogue à celle

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des chefs. Ainsi, les chefs ressemblent aux bourdons par leur grosseur ; et ils ressemblent aux abeilles en ce qu’ils ont un aiguillon comme elles. § 12[105]. Sous ce rapport, les abeilles sont pareilles aux chefs ; comme les bourdons leur sont pareils en grosseur. Il faut bien nécessairement qu’il y ait quelque différence, puisque ce ne doit pas être toujours la même espèce qui sorte de chacun d’eux. Ce serait en effet impossible ; car alors l’espèce entière ne serait composée que de chefs. Les abeilles sont semblables aux chefs par une égale faculté de reproduire ; les bourdons ne le sont que par la grosseur de leur corps. S’ils avaient un aiguillon, ils seraient des chefs aussi ; et c’est le seul point qui reste encore douteux. Les chefs ressemblent à ces deux espèces de la même façon, aux abeilles parce qu’ils ont un dard, et aux bourdons parce qu’ils sont aussi gros.

§ 13[106]. Mais nécessairement, les chefs doivent naître de quelque part ; et comme ils ne viennent, ni des abeilles, ni des bourdons, il faut bien qu’ils s’engendrent eux-mêmes. Leurs cellules ne viennent qu’à la fin, et elles ne sont pas très nombreuses. Mais si, en fait, les chefs s’engendrent eux-mêmes, ils engendrent aussi une espèce autre que la leur ; c’est celle des abeilles, qui, à leur tour, engendrent également une autre espèce, qui est celle des bourdons. Mais les abeilles ne s’engendrent pas elles-mêmes ; et cette faculté leur a été refusée. § 14[107]. Comme tout ce qui est conforme à la Nature est toujours admirablement ordonné, il faut de toute nécessité encore que les bourdons soient également privés de la faculté de produire une autre espèce. Et c’est là en effet ce qui est. Ils naissent, mais ils n’engendrent rien d’autre ; et la génération s’arrête à son troisième degré. De

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cette façon, la Nature a parfaitement combiné les choses, pour que les espèces existantes de ces insectes subsistent et se perpétuent, et qu’il n’y ait jamais de lacunes, quoique tous les êtres qui les composent n’engendrent pas. § 15[108]. Il est aussi tout à fait compréhensible que, par le beau temps, il y ait beaucoup de miel et beaucoup de bourdons ; et que, par les temps de pluie, il y ait beaucoup de couvain. L’humidité produit plus de sécrétion dans le corps des chefs ; et le beau temps, dans celui des abeilles ; car, étant plus petites en grosseur, elle sont plus besoin du beau temps. Il est très bien aussi que les rois, qui sont faits, à ce qu’il semble, pour produire les petits, demeurent a l’intérieur, sans y être soumis aux travaux nécessaires, et qu’ils aient de fortes dimensions pour que leur corps supporte mieux la parturition. Les bourdons doivent également rester inactifs, puisqu’ils ne sont

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pas armés pour disputer la nourriture, et qu’ils ont un corps très lourd, et très lent. § 16[109]. Les abeilles, au contraire, sont de proportions moyennes, entre les deux, pouvant servir ainsi à faire tout le travail, et travaillant énergiquement pour remplir la fonction dont elles sont chargées, qui est de nourrir les enfants et les parents. Il est tout simple qu’elles obéissent à leurs rois, d’abord parce que c’est d’eux qu’elles tiennent leur naissance ; car, sans cette soumission, les faits qui constituent l’hégémonie des rois seraient sans raison ; et il n’est pas moins simple encore que les abeilles tolèrent que, comme parents, les rois ne fassent rien, et que, leur permettant cette oisiveté, elles châtient les bourdons comme des enfants, puisqu’il convient plutôt de châtier des enfants, et ceux qui n’ont rien à faire.

§ 17[110]. Du reste, si les rois, qui sont très peu nombreux, engendrent une si grande quantité d’abeilles, c’est là

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un fait à peu près pareil à ce qui se passe pour la génération des lions. La lionne produit, d’abord, jusqu’à cinq petits ; ensuite, elle en produit de moins en moins, jusqu’à ce qu’elle n’en produise plus qu’un seul, et qu’enfin elle n’en produise plus du tout. Les chefs des abeilles se reproduisent eux-mêmes, d’abord, en grand nombre ; puis, ils ne se reproduisent plus que très peu et de moins en moins ; et ce que la Nature leur ôte en nombre, elle le leur rend en grosseur.

§ 18[111]. Voilà donc tout ce que le raisonnement et les faits observés sur les abeilles nous apprennent de leur génération. Mais on n’a pas encore assez bien observé les faits ; et quand on les aura tous recueillis, il vaudra toujours mieux s’en rapporter à l’observation sensible plutôt qu’au raisonnement ; on ne devra ajouter foi aux théories que si elles sont d’accord avec les faits observés. § 19[112]. Ce qui prouve bien que

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les abeilles ne viennent pas de copulation, c’est que le couvain est peu considérable dans les cellules de cire. Tous les insectes qui proviennent d’un accouplement ont cet accouplement fort long ; ils pondent vite ; et ce qu’ils pondent est une sorte de petite larve. La génération des insectes du même genre, tels que les frelons et les guêpes, se rapproche de celle des abeilles ; mais on comprend bien que ces insectes n’aient pas le privilège qu’ont les abeilles ; ils n’ont rien de divin comme elles. Celles qu’on appellent les mères enfantent les petits ; et elles construisent les premières cellules de cire ; puis, une fois couvertes les unes par les autres, elles engendrent ; et l’on a bien des fois observé leur accouplement.

§ 20[113]. C’est, d’ailleurs, dans les descriptions de l’Histoire des Animaux qu’il faut étudier les différences de ces espèces de guêpes et de frelons, soit entre elles, soit par rapport aux abeilles.

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CHAPITRE X

De la génération des testacés ou coquillages ; le limaçon est le seul testacé terrestre ; le reste vient dans la mer ; rapports du testacé à la plante ; multiplication des testacés ; répartition des êtres selon les milieux où ils peuvent vivre, la terre, l’eau, l’air ; le feu ne peut être un milieu pour les êtres vivants ; action de la lune ; bourgeonnement et génération spontanée des testacés ; formation de leur écaille dans l’eau de mer ; explications diverses sur la création des hommes et des quadrupèdes ; analogies entre le développement des testacés et le développement des larves ; preuves qui démontrent leur génération spontanée ; observations faites à Rhodes sur des coques de navires ; autres observations faites à Chios sur des huîtres de Pyrrha ; erreur sur les prétendus œufs des testacés ; époques de l’année où les huîtres sont les meilleures à manger ; citation de l’Histoire des Animaux.


§ 1[114]. Après avoir traité de la génération de tous les insectes, il nous faut étudier celle des testacés. Cette génération est à certains égards semblable aux autres, et, à certains égards, elle en diffère. Cela se conçoit très bien. Comparativement aux animaux, les testacés sont des plantes ; et comparativement aux plantes, ce sont des animaux. Par suite, les testacés semblent en

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un sens venir d’un germe ; et, en un autre sens, ils n’en viennent pas. Dès lors, ou ils naissent spontanément, ou ils s’engendrent d’eux-mêmes ? ou parmi eux, ceux-ci naissent de cette façon, tandis que ceux-là naissent de l’autre. § 2[115]. Comme les testacés ont une nature qui correspond à celle des plantes, ils ne marchent pas sur terre ; ou du moins ce n’est qu’une petite espèce de testacés, celle des colimaçons, ou telle autre espèce analogue à celle-là. Les espèces de cette sorte sont fort rares, tandis que, au contraire, dans la mer et dans les eaux semblables à celle de la mer, les testacés abondent et revêtent toute espèce de formes. A l’inverse, les végétaux viennent peu dans la mer et dans les cours d’eau ; et l’on pourrait presque dire

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qu’il n’en vient pas du tout, et que la plus grande partie des plantes, ou toutes les plantes, poussent sur la terre. § 3[116]. Mais si, à quelques égards, la nature des testacés est analogue à celle des plantes, à certains égards elle s’en éloigne. Autant le liquide a plus de vie que le solide et le sec, et autant l’eau en a plus que la terre, autant la nature des testacés contient plus de vie que celle des plantes, puisque les testacés sont au liquide ce que les plantes sont à la terre. Les végétaux sont en effet en quelque sorte des coquillages terrestres, et les coquillages proprement dits sont comme des plantes aquatiques. C’est aussi pour la même cause que les êtres qui vivent dans le liquide, présentent bien plus de formes différentes que ceux qui vivent sur la terre. § 4[117]. Le liquide se modifie beaucoup

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plus aisément que la terre sèche ; et le liquide a presque autant de corps qu’elle en a, surtout quand il s’agit des liquides de la mer. L’eau bonne à boire est douce et nourrissante ; mais elle est moins matérielle et moins froide. Aussi, les animaux privés de sang, et froids par nature, ne naissent-ils pas dans les lacs, ni dans les eaux plus potables que les eaux saumâtres. Ou plutôt, ils y naissent moins que partout ailleurs, comme les testacés, les mollusques et les crustacés, parce que tous ces animaux n’ont pas de sang et qu’ils sont de nature froide. Mais ils viennent dans les baies et à l’embouchure des fleuves, parce qu’ils y cherchent tout à la fois la chaleur et leurs aliments indispensables.

§ 5[118]. L’eau de mer est aussi liquide, mais beaucoup plus matérielle que l’eau potable ; elle est naturellement chaude. Elle a en elle toutes les parties ou les éléments de l’eau, de l’air et de la terre ; et, par suite, elle renferme toutes les espèces d’animaux qui vivent

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dans ces trois sortes d’éléments et de milieux. On peut dire en effet que les plantes appartiennent à la terre ; que les animaux aquatiques appartiennent a l’eau ; et les animaux marchant sur le sol, à l’air. Il faut bien admettre qu’en ceci le plus et le moins, le proche ou l’éloigné, font une différence considérable et vraiment surprenante. § 6[119]. On voit, du reste, qu’après les êtres qui appartiennent a ces trois espèces de milieux, il n’y a point à rechercher un quatrième genre d’êtres. Cependant il y a bien quelque chance qu’il s’en trouve un dans l’ordre du feu, puisque le feu est le quatrième des corps élémentaires. Mais toujours le feu se montre à nous sous une forme qui ne lui est aucunement propre, et toujours il est dans quelqu’un des autres corps ; car ce qui est brûlé par le feu est toujours, ou de l’air, ou de la vapeur d’eau, ou de la terre. § 7 Peut être faut-il chercher ce quatrième genre d’êtres dans la lune, qui semble représenter le quatrième milieu ;

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mais nous réservons cette question pour un autre ouvrage.

§ 8[120]. Quant aux testacés, tantôt leur production a lieu spontanément ; tantôt et pour quelques-uns, elle vient d’une force qu’ils tirent et qu’ils émettent d’eux-mêmes, bien que souvent aussi ces derniers se forment spontanément. On peut comparer leurs générations avec celles des plantes. Ainsi, entre les végétaux, les uns viennent de semence ; d’autres viennent de boutures qu’on détache ; d’autres, par tiges qui repoussent tout autour, comme les oignons. C’est de cette manière que se reproduisent les moules, sur lesquelles viennent toujours s’en attacher de plus petites, qui se mettent sur le coquillage originaire. Les buccins, les pourpres et les coquillages, dont on

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dit qu’ils font de la cire, rejettent des liquides muqueux qui sont comme des produits de nature spermatique. § 9[121]. On ne peut pas croire néanmoins qu’aucun de ces animaux aient réellement du sperme ; mais on doit admettre qu’ils ont une certaine ressemblance avec les plantes, sous le rapport qu’on a déjà expliqué. Aussi, il suffit qu’un seul de ces êtres vienne à naître pour qu’il en surgisse aussitôt une foule d’autres. C’est qu’en effet ces animaux peuvent encore se produire spontanément ; mais ils se multiplient proportionnellement beaucoup plus quand il y a des premiers parents. On comprend bien, en effet, qu’il se forme dans chacun d’eux un certain résidu du principe, et que, de ce résidu, germe chacun des sujets qui viennent se greffer sur les premiers, en poussant à côté des autres. Comme la nourriture a une force assez pareille,

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ainsi que le résidu qu’elle produit, on peut supposer que les testacés qui font des alvéoles, ont une force toute semblable à celle du principe, et que tout naturellement il en sort aussi quelque être nouveau. § 10[122]. Mais ceux des testacés qui ne bourgeonnent pas et qui ne font pas d’alvéoles, se produisent spontanément. Tous les animaux qui se forment de cette façon, soit dans la terre, soit dans l’eau, semblent tous naître avec la corruption, à laquelle vient se mêler de l’eau de pluie. La partie douce se rend au principe qu’elle constitue ; et le résidu prend cette forme particulière. Ce n’est pas que réellement aucun être puisse venir de la corruption ; mais il naît de la coction. La pourriture et la matière pourrie ne sont que le résidu de ce qui a subi la coction préalable. § 11[123]. Ici, l’être qui est formé ne l’est pas de la totalité de la matière, pas plus que cela n’arrive dans les œuvres

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que l’art produit ; car à cette condition, l’art ne pourrait rien faire. Mais, dans l’état actuel des choses, l’art enlève une partie des matériaux inutiles, et la Nature, de son côté, les enlève de même que lui. Les animaux et les plantes naissent dans la terre et dans l’eau, parce qu’il y a de l’eau dans la terre, parce qu’il y a de l’air dans l’eau, et que dans tout cela il y a une chaleur vitale, de telle sorte qu’on peut dire que tout est plein d’âme et de vie. § 12[124]. Aussi, des êtres ne tardent-ils pas à se constituer dès que cette chaleur est circonscrite et renfermée ; les corps liquides venant à s’échauffer, la chaleur se concentre, et il se forme une sorte de bulle d’écume. Les différences qui font que le genre d’êtres produits est plus relevé, ou qu’il est moins parfait, résultent de la manière dont

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le principe vital a été circonscrit. Ce qui cause le phénomène, ce sont les milieux où il se passe et le corps qui y est renfermé. § 13[125]. Dans l’eau de mer, il y a beaucoup de terreux ; et c’est d’une combinaison de ce genre que se forme la nature des testacés, le terreux se durcissant tout à l’entour, et devenant aussi compacte que les os et les cornes ; le feu même ne les fait pas fondre, en même temps que le corps qui possède la vie et qui s’y trouve renfermé.

§ 14[126]. Le seul testacé dont on ait observé l’accouplement, c’est le colimaçon ; mais on ne sait pas très bien encore si c’est de cet accouplement que naissent ces animaux, ou s’ils n’en naissent pas. Si l’on voulait

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en faire une étude régulière, il faudrait se demander quelle est en eux la partie qui se constitue pour les produire matériellement. Dans les femelles des autres espèces, la partie matérielle est une certaine excrétion de l’animal, qui, étant en puissance semblable à l’être d’où il provient, reçoit du principe moteur qu’a le mâle l’achèvement qui en fait un animal complet. § 15[127]. Mais pour les testacés, où trouver quelque chose de pareil ? D’où viendrait et quel serait le principe moteur qui doit se trouver dans le mâle ? Pour les animaux qui engendrent par l’effet de la nourriture ingérée, il faut admettre que c’est la chaleur même de l’animal qui, par la sécrétion et la coction, produit le résidu, principe du fœtus. Il en est de même pour les plantes, si ce n’est que, pour elles, et même pour quelques espèces d’animaux, il n’y a pas

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besoin du principe qu’apporte le mâle, parce qu’elles ont en elles-mêmes ce principe mélangé à leur substance, tandis que, dans la plupart des animaux, ce résidu a besoin encore de quelque chose de plus. § 16[128]. Pour les uns, c’est la terre et l’eau qui les nourrissent ; les autres se nourrissent des productions de toutes les deux, de telle sorte que l’action qu’exerce dans les animaux la chaleur qui vient de leur nourriture, se trouve accomplie et concentrée par la chaleur de la saison dans le milieu ambiant, d’où cette chaleur tire, de la mer, ou de la terre, le produit qu’elle digère et qu’elle condense. La partie du principe vital qui y est comprise, ou qui est sécrétée et soustraite dans l’air, forme le fœtus, et y dépose en outre le mouvement qui doit l’animer. La formation des plantes, parmi celles qui naissent spontanément, est bien aussi à peu près la même. Elles viennent également

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d’une certaine partie ; d’une part, il y a le principe ; et, d’autre part, la nourriture première des rejetons qui en poussent.

§ 17[129]. Quant aux animaux, il y en a qui viennent de larves. Dans les espèces privées de sang, ce sont toutes celles qui ne viennent pas d’animaux ; et dans les espèces qui ont du sang, ce sont, par exemple, les muges d’un certain genre et d’autres poissons de rivière, et, par exemple, aussi les anguilles. Tous ces animaux, bien que naturellement ils aient très peu de sang, en ont cependant ; et ils sont pourvus d’un cœur, qui est le principe sanguin de leurs organes. Les matières qu’on appelle les entrailles de terre, et où se trouve le corps des anguilles, sont de la nature

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d’une larve. § 18[130]. Si, pour expliquer la création des hommes et des quadrupèdes, l’on admet qu’ils sont sortis de la terre, comme quelques naturalistes le soutiennent, ils n’ont pu en sortir que de l’une de ces deux manières : ou ils sont issus d’une larve primitive, ou ils sont sortis d’un œuf. Car il y a nécessité, ou qu’ils portent déjà en eux-mêmes la nourriture nécessaire à leur croissance, et la larve est un germe de ce genre, ou bien ils doivent recevoir cette nourriture d’ailleurs, et ils ne peuvent la tenir alors que de la mère qui les a produits, ou d’une certaine partie de l’embryon lui-même. § 19[131]. Mais si l’un de ces moyens est impossible et que la nourriture ne puisse venir de la terre, comme, pour les animaux, elle vient de leur mère, il faut nécessairement que l’animal reçoive ses aliments d’une partie même de l’embryon ;

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et c’est là précisément ce qu’est, selon nous, la génération qui vient d’un œuf. Si donc, il y a eu une création primitive de tous les animaux, il est de toute évidence que de ces deux modes de génération, il n’y en a qu’un seul qui soit possible. La génération par les œufs est celle que la raison admettrait le moins aisément, puisque nous n’observons pas qu’un seul animal se produise de cette manière ; mais la raison admettrait plutôt l’autre mode de reproduction, soit pour les animaux qui ont du sang, soit pour ceux qui n’en ont pas.

§ 20[132]. C’est bien ainsi que se produisent quelques insectes et les testacés, dont nous nous occupons ici. Ils ne viennent pas d’une partie spéciale, comme l’embryon des ovipares ; et de plus, ils se développent absolument comme les larves ; car c’est vers le haut et vers le principe que les larves se développent et grossissent. La nourriture est dans le bas, et elle

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alimente le haut. Il y a bien quelque ressemblance avec ce qui se passe pour les animaux sortant d’un œuf, si ce n’est que les poussins absorbent tout l’œuf, tandis que, dans les fœtus des larves, lorsque la partie supérieure s’est développée, grâce à la substance qui est dans la partie inférieure, la partie d’en bas se forme et se constitue à son tour de ce qui reste. La cause de ce phénomène, c’est que la nourriture destinée à la partie inférieure au diaphragme y vient toujours en dernier lieu, pour tous les animaux. § 21[133]. Si l’on veut se convaincre que c’est bien de cette manière que les larves se développent, on n’a qu’à observer les abeilles et les insectes de cet ordre. D’abord, elles ont la partie inférieure fort grande ; et la partie supérieure est moins grosse. Les testacés aussi se développent absolument de la même façon, et l’on peut bien le voir sur les turbines, en regardant à leurs hélices. Quand ils grandissent, c’est toujours en avant que

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les hélices se multiplient, dans cette partie de leur corps qu’on appelle la tête.

§ 22[134]. Tel est à peu près tout ce que nous avions à dire sur la génération des testacés, et sur celle des autres animaux qui naissent spontanément. Que tous les testacés se produisent d’une manière spontanée, voici ce qui peut le prouver. Ils se montrent sur les parois des vaisseaux, lorsque le limon formé par l’écume de l’eau vient à se dessécher ; et l’on a vu bien des fois, les lieux où il n’y avait auparavant aucun animal de ce genre, se couvrir de ce qu’on appelle des moules, parmi les coquillages, quand l’eau venait à se retirer et que la place n’était plus qu’un amas de boue. C’est ainsi qu’à Rhodes, une flotte s’étant arrêtée et ayant jeté dans l’eau des tessons de vases d’argile, on y trouva de ces huîtres quelque temps après, quand le limon les avait entièrement recouverts. § 23[135]. D’ailleurs, ces testacés n’émettent de leur corps rien qui soit prolifique ; en voici la preuve : des habitants de Chios avaient, de Pyrrha dans l’île de Lesbos, apporté des huîtres vivantes ; et ils les avaient déposées dans des anfractuosités et dans des lieux tout à fait pareils à ceux où ils les avaient prises. Mais ces huîtres ne se multiplièrent pas, et seulement elles grossirent beaucoup. § 24[136]. Les œufs prétendus des testacés n’ont rien à faire avec leur génération ; c’est là simplement un signe que ces animaux sont bien nourris, comme la graisse aussi est un signe de santé chez les animaux qui ont du sang. C’est à ce moment que les huîtres ont un goût excellent et qu’il faut les manger. Ce qui l’atteste bien, c’est que les pinnes, les buccins, les pourpres ont toujours de ces œufs, en plus ou moins grande quantité. Quelques testacés

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n’en ont pas toujours ; ils n’en ont qu’au printemps ; mais à mesure que la saison s’avance, ces prétendus œufs s’atrophient ; et, à la fin, ils disparaissent entièrement, comme on le voit sur les peignes, les moules et ce qu’on appelle les huîtres de marais ; car cette saison est très favorable à la santé de ces animaux.

§ 25[137]. On n’observe rien de pareil chez d’autres testacés, tels que les téthyes ; mais pour les détails sur ces particularités et sur les lieux où les testacés se trouvent, nous renvoyons à l’Histoire des Animaux.

  1. On vient de voir. Dans le chapitre précédent, le dernier du second livre. — On a vu aussi. Voir plus haut, liv. II, ch. I, §§ 8 et suiv. Cette question a été également traitée bien des fois, dans tout ce qui précède, mais d’une manière incidente. — Chez les animaux qui se meuvent. Il semblerait résulter de ceci que l’auteur suppose que les ovipares ne se meuvent point ; il est évident qu’il n’en est rien, et que cette hypothèse n’est pas fondée. — Tous ces animaux sans exception. Ovipares aussi bien que vivipares. — Introduit et dépose. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  2. Un œuf complet. L’auteur entend par là que l’œuf contient tout ce qui est nécessaire à la formation du jeune. Au contraire, l’œuf des poissons est incomplet, puisque le mâle doit encore y répandre sa laite, sans laquelle il n’y aurait pas de fécondation, ni de vie. — Dont l’enveloppe est dure. C’est la coquille, formée en grande partie de matière calcaire. — De deux couleurs. Le blanc et le jaune. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, §§ 1 et suiv., surtout le § 11. — Ainsi que nous l’avons déjà dit. Plus haut, liv. II, ch. I, § 16, et aussi l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV, §§ 1 et suiv. — Se déplace d’un lieu à un autre. Aristote n’entre pas ici dans des détails assez développés ; mais le peu qu’il dit prouve que la reproduction des sélaciens avait frappé son attention ; elle offre en effet des particularités fort importantes. Dans certaines espèces, l’œuf est pondu immédiatement après la fécondation ; mais dans la plupart des espèces, l’œuf reste dans l’utérus, où il subit toutes ses évolutions ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 815 de la trad. franç. — Qui ne soit pas vivipare. La même observation se trouve dans l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. IX, § 5 et 12, et liv. VI, ch. X, § 15. — Plus loin. Voir plus bas, ch. III, § 1.
  3. D’une seule couleur. Le fait semble être exact ; mais je ne sais si la science moderne l’a constaté définitivement. L’analogie exigerait que l’œuf des poissons contint aussi un blanc et un jaune. — Leur œuf est incomplet. Il n’a pas la vie quand il sort de la femelle ; il ne la reçoit que par la fécondation venue du mâle. — Par la même cause. Cette théorie est assez obscure, et elle n’est peut-être pas très fondée. En tout cas, Aristote aurait pu s’expliquer plus clairement.
  4. Les matrices… antérieurement. Plus haut, liv. I, ch. III, § 3, et spécialement dans ce même livre, les ch. VII et VIII. — Ainsi, dans les vivipares… Tous ces détails sont exposés plus au long dans les passages du premier livre qui viennent d’être cités. — Elle est en haut. Ceci est bien vague, et on ne voit pas clairement le lieu que l’auteur entend désigner. — Dans l’homme. On comprend bien pour l’homme ce que veut dire l’expression de En bas ; on le comprend moins pour les autres espèces.
  5. Des œufs clairs… Sur les œufs clairs, voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. I, § 6, et liv. VI, ch. II, §§ 6 et suiv. — Qui ne volent pas. Ou plutôt, qui volent mal, comme les gallinacés. — L’excrétion est très abondante. Je ne sais pas si la science moderne admet cette explication. — Leur corps est petit. Comparativement a l’envergure des ailes. — L’excrétion mensuelle. On ne voit pas bien comment ce fait vient figurer dans ce passage. D’ailleurs, MM. Aubert et Wimraer, p. 214, font remarquer que ces théories d’Aristote sont tout à fait d’accord avec la science actuelle. — Ne sont que des résidus. C’est exact, bien que la remarque ne soit pas ici à sa place. — Ne peut satisfaire à la fois ces deux besoins. Théorie plus que douteuse.
  6. Par la même raison. C’est-à-dire, parce que la Nature ne peut satisfaire à deux besoins à la fois. — Ni très lascifs, ni très féconds. Les faits sont exacts. — Comme les pigeons. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. II, §§ 2, 3, 4. — Ont beaucoup d’excrétion spermatique. C’est ce qui les rend plus lascifs que les autres oiseaux. — Et les femelles émettent-elles une matière très abondante. L’auteur aurait dû dire comment il avait constaté ce fait.
  7. Tantôt beaucoup d’œufs… tantôt ils en font souvent. Ces différentes observations sont fort exactes. — En font beaucoup en une seule ponte. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XVI, § 2. L’autruche pond de seize à vingt œufs ; c’est le mâle qui les couve presque exclusivement, toutes les nuits et une partie du jour. — L’espèce des pigeons. Le pigeon pond ordinairement deux œufs, et quelquefois trois ; mais il pond très souvent. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. IV, § 1, et aussi liv. V, ch. II, §§ 2 et suiv. — Le milieu… L’observation n’est pas fausse, et les pigeons peuvent passer pour des oiseaux de grand vol, sans qu’ils égalent cependant les oiseaux de proie. — Leur corps est considérable relativement. Il faudrait peut-être ajouter : « à l’étendue de leurs ailes », afin de compléter la pensée. — Ils trouvent facilement leur nourriture, qui se compose en général de menus grains, sans parler des espèces domestiques, dont la nourriture est toujours assurée. § 8. Sont lascifs. Ceci s’applique surtout aux passereaux, et l’observation est très juste. — Les poules Adrianiques. Ou d’Adria. Il est aussi question de cette espèce dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. I, § 2. Adria était une ville d’Italie ; mais on ne sait pas précisément de quelle partie. Les poules Adrianiques étaient de petite taille ; mais elles pondaient tous les jours ; elles étaient méchantes, et mangeaient souvent leurs poussins. — La petitesse de leur corps… Cette explication ne paraît pas bonne. — Les poules les moins courageuses… Toute cette théorie de l’influence de la matière sur l’esprit n’est pas fausse, bien que, dans ce cas-ci, elle soit peut-être exagérée. — Dans des corps ainsi faits. Voir, sur le caractère différent des animaux, les généralités de l’Histoire des Animaux, liv. 1, ch. I, § 25, p. 18, de ma traduction.
  8. La petitesse et la faiblesse des jambes… même chez les hommes. Cette observation est contestable, et l’on ne voit pas bien le rapport qu’Aristote veut établir. Ce qui est vrai, c’est que l’usage trop fréquent des organes sexuels maigrit et affaiblit les jambes et les jarrets plus que toutes les autres parties du corps. Ce serait alors la lascivité qui serait cause de la faiblesse des jambes, et non pas au contraire la faiblesse des jambes qui causerait la lascivité. — Se tourne alors en excrétion spermatique. C’est là une des théories qui semblent le plus chères à Aristote. — Elle l’applique de l’autre. Même remarque. — La crécerelle. Les mêmes faits sont rapportés dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. I, § 4, et VI, ch. II, § 2. — Qui boive… Id., ibid., liv. VIII, ch. V, § 15.
  9. Le coucou… Presque tout ce qui est dit ici du coucou se trouve déjà dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. VII §§ 4 et suiv. ; liv. IX, ch. XX, §§ 4 et suiv.; liv. IX, ch. XX, § 81 et suiv.; ibid., ch. XXXVIII, § 6, n.
  10. La classe des pigeons. Ce paragraphe entier n’est guère qu’une répétition de tout ce qui a été dit antérieurement sur les pigeons, dont les mœurs sont faciles à observer dans l’état de domesticité. — Ils en font deux. C’est exact. — C’est-à-dire… Cette explication fort inutile pourrait bien être une interpolation.
  11. En observant les faits. C’est la méthode habituelle d’Aristote, et il la recommande aux naturalistes toutes les fois qu’il en trouve l’occasion. — Même parmi les arbres. Plus haut, § 8, il y a déjà une indication de ce genre, et un rapprochement entre les plantes et les animaux, sous le rapport de la fécondité. — Dépérissent. C’est peut-être exagéré. — Constater ce phénomène sur les végétaux. On ne peut pas douter qu’Aristote ne se fût occupé personnellement de botanique ; c’est lui qui a inspiré les admirables ouvrages de Théophraste, son disciple. — Qui ont des gousses. Peut-être l’expression dont je me sers ici n’est-elle pas très juste ; car le blé n’a pas de gousses proprement dites. Le mot de Gousse s’applique surtout aux légumineuses. Sur le blé, voir la Botanique de MM. Le Maout et Decaisne, pp. 608 et suiv. Les triticées, dans lesquelles est compris le froment proprement dit, forment la treizième tribu des graminées, et elles sont les plus répandues sur la surface de notre terre.
  12. On a vu des poules… Il n’y a rien d’improbable en ceci. — Deux œufs par jour… mortes. Les mêmes faits sont rapportés dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. I, § 2. — Surabondance de l’excrétion spermatique. L’explication est très plausible. — La lionne, à sa première portée… Les mêmes faits relatifs à la fécondité de la lionne sont rapportés dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XXVIII, § 3, p. 393, de ma traduction ; seulement, dans ce passage, il ne s’agit que des lionnes de Syrie. Buffon a d’ailleurs réfuté tout au long ces petites erreurs d’un grand homme ; tome XVI, p. 21, édit. de 1830.
  13. Des œufs clairs. Voir plus haut, § 5. — L’on a dit. Id., ibid. — Nous avons également déjà dit. Voir plus haut, liv. I, ch. XV, § 7 ; liv. II, ch. VII, § 3 ; et Histoire des Animaux, liv. V, ch. I, § 6, et liv. VI, ch. III, § 15. — Plus abondante… elle l’est moins. Ces observations sont très exactes. — Pour être reconnaissable. Ceci atteste qu’Aristote avait observé les faits très attentivement.
  14. Comme il arrive aussi chez les oiseaux. Il y a copulation chez les oiseaux ; l’erreur est évidente ; et MM. Aubert et Wimmer, p. 218, ont cru pouvoir regarder ce passage comme apocryphe ; on ne peut qu’être de leur avis. — Se montre aux époques fixes de l’excrétion. Il ne semble pas que ceci soit exact, si toutefois j’ai bien rendu ce passage obscur. — Ses proportions complètes… la grosseur. Tout ceci semble se rapporter, chez les oiseaux, à la formation de l’œuf et de sa coquille.
  15. Pour les oiseaux… pour les poissons. L’expression dépasse sans doute ici la pensée de l’auteur ; le rapprochement n’est pas si étroit ; et les différences ont été souvent signalées par Aristote lui-même. — Sous le rapport de la génération. C’est-à-dire que, de part et d’autre, l’œuf ne produit rien sans l’intervention du mâle ; mais le mode de cette intervention est fort différent. — Nous avons déjà expliqué. Voir plus haut, liv. II, ch. I, § 9, et passim. — Les oiseaux de grand vol. Ce sont surtout les oiseaux de proie ; il est d’ailleurs plus difficile de les bien observer, — À la même cause. L’explication est tout au moins fort ingénieuse, si elle n’est pas exacte. — Ils ont besoin du mâle. Ceci ne se comprend pas bien, puisqu’il cet égard les oiseaux de grand vol sont comme tous les autres oiseaux. — Si les œufs clairs. Chez les oiseaux ordinaires, et surtout chez les gallinacés. — Que les œufs féconds. J’ai adopté la correction de MM. Aubert et Wimmer, p. 220, note. — Moins gros. Ceci n’est pas exact. — Le goût en est moins agréable. Ceci prouve des observations attentives ; mais ces observations n’offraient aucune difficulté. La science moderne n’a pas attaché aux œufs clairs l’importance qu’y attachait le naturaliste grec. — La coction en a été plus complète. Cette explication n’a rien que de plausible.
  16. Qu’il puisse y avoir de conception sans mâles. Comme il s’agit ici des œufs que la femelle peut produire sans le mâle, il semble qu’au contraire le phénomène est bien plus apparent que chez les oiseaux, puisque les œufs sont déposés avant que le mâle ne les imbibe de sa laite. — Dans les rougets par exemple. MM. Aubert et Wimmer mettent ces mots entre crochets, comme étant apocryphes, parce que bien des manuscrits les omettent. — Dans l’Histoire des Animaux. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. II, § 5, p. 113, de ma traduction. L’identification du rouget n’est pas certaine. Voir aussi ibid., liv. VI, ch. XIII, sur les œufs des poissons en général.
  17. Venus d’une copulation. A l’opposé des œufs clairs, qui sont produits sans que le mâle se soit rapproché de la femelle. — Plusieurs fois de suite. Le fait paraît exact. — Fait remonter la sécrétion des menstrues. L’expression n’est peut-être pas très juste ; mais le fait est vrai, puisque les menstrues cessent dès que la conception a eu lieu ; et l’on peut dire en quelque sorte que les menstrues remontent, puisqu’elles ne sortent plus, et qu’elles vont servir au développement du fœtus. — Et les canaux s’ouvrent. Ceci est obscur ; et l’expression, trop concise. — Ce qui arrive… dans les oiseaux. C’est une théorie plutôt qu’une observation ; mais cette théorie est fort ingénieuse. — En haut sous le diaphragme. Voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. I, §§ 17 et 18. — Y fait grossir l’œuf. Le fait est évident. — Par le cordon ombilical. Tous ces rapprochements sont aussi exacts que curieux.
  18. Extrêmement petits. Je ne sais pas si ce fait a été vérifié par la science moderne. — Le reste d’une copulation antérieure. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 6. L’explication était tout à fait fausse par l’excellente raison qu’en donne Aristote ; mais ce passage, entre bien d’autres, prouve que, de son temps, on discutait tous ces faits avec grand intérêt. — Ont eu des œufs. Sous-entendu : Clairs. — Pour les perdrix femelles. Voir le même récit dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. III § 14. MM. Aubert et Wimmer ne voient là qu’un conte de chasseurs ; on ne saurait les contredire. Les chasseurs grecs étaient sujets à caution, non moins que les nôtres.
  19. Pour l’espèce humaine. Le cas que cite Aristote est essentiellement pathologique ; et pour qu’il se produise, il faut que les organes soient déjà très affaiblis. — De la vue ou du moindre attouchement. Cela n’est vrai que dans la supposition d’une maladie, ou d’un excessif relâchement des organes et des tissus. L’explication appliquée aux perdrix n’est donc pas exacte, comme l’auteur le croit. — Beaucoup de liqueur spermatique. Le fait paraît certain ; mais il ne porte pas toutes les conséquences qu’Aristote croit pouvoir en tirer. — Un très léger mouvement. C’est l’excitation intime des organes, et non un mouvement venu du dehors. Quelque jugement qu’on porte sur tout ce passage, il prouve toujours combien Aristote était attentif dans ses observations.
  20. Un œuf complet. C’est-à-dire, qui porte tout à la fois le germe du jeune, et les aliments nécessaires pour qu’il se développe et qu’il vive. Il faut ajouter néanmoins que l’incubation achève au dehors ce que le parent a commencé au dedans. — Plus haut, § 17, et passim. — Un œuf incomplet. Parce qu’il faut que le mâle répande sa laite dessus, et que, sans cet acte du mâle, l’œuf à lui seul ne produirait rien. — Tout garder en dedans. Voir des observations analogues dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XII, § 1 et suiv.; et VI, ch. XVI, § 8. — C’est parce que les matrices… L’explication ne suffit pas.
  21. De deux couleurs. Voir l’Histoire des Animaux, où sont donnés de plus amples détails, liv. VI, ch. II, § 11, et ch. III. — N’en ont jamais qu’une. Le fait paraît exact ; mais il est possible que des recherches ultérieures montrent, grâce au microscope, que le phénomène est le même dans les œufs des poissons que dans les œufs des oiseaux. — Intérieure. J’ai ajouté ce mot. — De ce genre. J’ai ajouté également ceci ; et alors, on comprend bien l’observation d’Aristote. Autrement, on devrait croire à une erreur qui serait en contradiction manifeste avec toutes ses théories ; car il y a, même selon lui, une foule d’animaux exsangues qui produisent des œufs ; voir la note de MM. Aubert et Wimmer, p. 222, qui proposent de rejeter toute cette petite phrase ; on peut, je crois, la conserver, si l’on admet l’addition fort légère que j’y fais, et qui me semble justifiée par tout le contexte. — Le sang, on l’a dit de reste. Voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. XIV, §§ 1 et suiv.; voir aussi le Traité des Parties des Animaux, liv. II, ch. II, et passim. — La portion chaude. C’est sans doute le blanc, puisque le jaune sert à la nourriture du poussin. J’ai suivi dans ce passage la correction proposée par MM. Aubert et Wimmer. — Matérielle. J’ai ajouté ce mot.
  22. Qui ont deux couleurs. Sur les rapports du blanc et du jaune, voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II et III. — Le principe vivant. Ceci est fort exact, quoique l’expression soit un peu vague. — Une nature plus chaude. Ce sont les oiseaux. — Plus considérable. C’est ce qu’on peut aisément vérifier sur le premier œuf venu. — Chez ceux qui sont moins chauds. Il aurait fallu désigner plus précisément les animaux dont il s’agit. Au paragraphe suivant, Aristote applique cette observation spécialement aux oiseaux de marais.
  23. La portion appelée la Lécithe. Il paraîtrait que cette expression de Lécithe était encore assez nouvelle quand Aristote l’appliquait ; elle se trouve déjà dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. III, § 16, où elle ne paraît pas signifier autre chose que le jaune de l’œuf dans les œufs à deux jaunes. Ici, il semblerait que Lécithe aurait une signification plus étendue, et que ce serait la partie blanche qui sépare les deux jaunes. — N’ont plus le blanc bien séparé. L’explication est très ingénieuse. — Voilà comment… Je ne sais pas si la science actuelle accepte cette théorie.
  24. Même les œufs clairs. Ce retour sur les œufs clairs n’était pas nécessaire, après tout ce qui en a été dit antérieurement. — Pour complément. J’ai ajouté ces mots, pour rendre toute la force de l’expression grecque. — À un certain moment donné. Ou peut-être : « Si à un moment quelconque… » — Qui causent la double couleur. Il eût été bon de dire par qui cette théorie avait été soutenue. Elle est curieuse ; mais sans doute elle n’a rien de fondé. — Viennent également de la femelle. C’est là ce qui semble évident. — L’un est chaud. C’est le blanc. — L’autre est froid. C’est le jaune.
  25. Elle se sépare. Ou, Elle se divise. Alors, la chaleur formerait, d’une part, le blanc, et le jaune, d’autre part. Dans les poissons, la chaleur ne serait pas assez intense pour pouvoir opérer cette division. — De ces animaux qui ont peu de chaleur. Le texte n’est pas aussi explicite ; mais le sens n’est pas douteux. — Voilà aussi pourquoi. La liaison n’est pas très évidente entre les deux idées. — Blanc et petit. L’observation est juste. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, sur le développement successif de l’œuf et du poussin. — La partie sanguine. L’explication est tout au moins très plausible. — Se met complètement à la circonférence. Le fait est exact ; mais la comparaison qui suit ne l’est pas autant ; elle n’est peut-être qu’une interpolation.
  26. Il a en lui la chaleur, qui lui a été transmise par le contact du mile, qui seul peut donner la vie. — Circulairement. C’est-à-dire qu’il entoure le jaune tout entier. — Et terreuse. Ceci est conforme à toutes les théories aristotéliques, conséquence de la théorie générale des quatre éléments. — Si l’on mêle des œufs dans un plat… L’expérience qu’indique Aristote n’est pas très difficile à faire ; mais elle exige encore assez de précautions, pour que les choses se passent comme on le désire. Quoi qu’il en soit, la description que fait l’auteur prouverait une fois de plus avec quelle attention il observait les phénomènes. Comme c’est ici un phénomène que la science crée tout exprès, c’est une expérience proprement dite ; ce n’est plus une observation. Elle est déjà exposée tout au long, et presque dans les mêmes termes, Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 12, p. 265, de ma traduction.
  27. On a expliqué. Dans le chapitre précédent, et dans les passages assez nombreux auxquels il se réfère. — Une couleur unique. Comme les œufs des poissons. — Deux couleurs. Comme ceux des gallinacés, et des oiseaux en général. — Pour aller vers le point… Aristote ne dit pas comment il a pu s’assurer de ce fait, et la science moderne ne paraît pas non plus s’en être occupée. — La forme des deux bouts devient dissemblable. Cette observation est fort juste, comme chacun le sait. Quel est le but de cette différence ? et d’où vient-elle ? Il est certain qu’elle doit correspondre à quelque nécessité naturelle ; et Aristote a bien fait de se poser la question, quoi qu’on puisse contester l’explication qu’il en donne. — L’œuf est-il plus dur. C’est la coquille plutôt encore que l’œuf lui-même ; mais la coquille et l’œuf se confondent.
  28. C’est aussi pour cette raison. Ici encore, on peut ne pas admettre la théorie du philosophe ; mais on ne saurait le critiquer de sa préoccupation, puisqu’il est persuadé que la Nature ne fait jamais rien en vain, et qu’à cet égard il est impossible de n’être pas de son avis. — La portion ajoutée par le mâle. C’est là un fait qu’il est bien difficile de vérifier. Quelle est la portion de l’œuf qui vient du mate ? Quelle est la portion qui vient de la femelle ? Il ne semble pas que même aujourd’hui personne puisse le dire. — Sur les semences des plantes. Ici encore, le doute est permis ; et ce rapprochement des plantes et des ovipares est bien obscur. — Le principe de la semence… On pourrait trouver qu’il y a dans ce passage une sorte de soupçon du sexe des plantes. La partie ajoutée dans les ovipares et leurs œufs est ajoutée par le mâle ; on en peut conclure que, dans les plantes aussi, la partie ajoutée vient de quelque principe mâle. — Le principe de la graine. Les faits ne sont pas en ceci assez bien observés ; et dans les légumineuses, comme les fèves et les pois, la commissure des valves n’est pas du tout le principe de la plante. Voir le traité général de Botanique de MM. Le Maout et Decaisne, pp. 311 et suiv.
  29. Il est difficile de savoir. L’observation est en effet fort difficile ; et elle l’était particulièrement dans un temps où l’anatomie était peu avancée, et où l’on ne connaissait pas le microscope. — Les animaux. Surtout les quadrupèdes et les vivipares. Sur le cordon ombilical, voir l’Histoire des Animaux, liv. VII, ch. VII, §§ 2 et suiv. — Par quoi les œufs la reçoivent-ils ? dans l’Histoire des Animaux, loc. cit., Aristote ne semble pas faire de différence pour les ovipares. — Les larves. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XVII et XIX. — S’il y a quelque organe. Je ne sais pas si la science moderne a porté sur ce point des observations spéciales ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 946, trad. franc. — Comme sort le cordon. C’est là en effet la différence essentielle. Voir aussi la Physiologie comparée de M. Colin, tome II, p. 813, 2e édition. — C’est la coquille circulaire qui se montre. La formation successive de l’œuf est très difficile à observer, et je ne crois pas que, dans ces derniers temps, elle ait été étudiée spécialement.
  30. On fait donc bien… Aristote avait d’autant plus raison qu’aujourd’hui même ces questions ne sont pas encore résolues. — On n’a pas remarqué. Sous cette forme adoucie, Aristote blâme ceux qui n’observent pas avec assez de soin les faits de la Nature. — Une membrane molle. Il avait fallu des observations répétées et très délicates pour arriver à constater ces progrès dans la formation de l’œuf. — Au moment où l’œuf sort. Sur la formation de l’œuf, voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 15. — Elle devient solide. Je ne sais pas si la science moderne accepte toutes ces observations, et si elle les justifie. — L’évaporation rapide du liquide. L’explication est tout au moins ingénieuse, étant données les théories habituelles d’Aristote sur les quatre éléments.
  31. A la pointe de l’œuf… C’est ce qu’il est facile d’observer. — Sous la forme d’un canal. L’observation est fort exacte ; voir la Physiologie comparée de M. Colin, pp. 820 et suiv., 2e édition. — C’est ce qu’on peut observer. Application de la méthode d’observation. — Sortis trop tôt. Suite d’observations précises et fort curieuses. — Se baigne, ou qu’il se refroidit. Le bain refroidit certainement l’oiseau ; mais il peut se refroidir aussi pour toute autre cause. — Le germe paraît encore tout sanguinolent. Ce ne sont pas des expériences préparées par le naturaliste lui-même ; mais il profite des accidents que la réalité peut lui présenter, afin de la mieux comprendre. — Un appareil fort petit. Il s’agit sans doute ici des débris du disque proligère restés à la surface de l’œuf ; mais les détails relatifs à cette première formation de l’œuf ne sont pas encore bien connus. A mesure que l’œuf grossit. La curiosité d’Aristote était évidemment aussi vive que la nôtre peut l’être ; et bien des choses restent encore ignorées pour nous, comme pour lui, bien que l’embryogénie ait fait de grands progrès. — Devient la pointe, qui sort la dernière. — La membrane intérieure. Ici la description d’Aristote supprime beaucoup de faits intermédiaires, et déjà l’œuf est fort avancé quand se forme la séparation du jaune et du blanc, qui sont en effet isolés l’un de l’autre par une membrane. — Le cordon disparaît. Peut-être ici l’expression d’Aristote va-t-elle un peu trop loin ; ce n’est pas un vrai cordon ombilical qui alimente l’œuf au début. Tous ces détails d’ailleurs sont fort difficiles à suivre, et je ne suis pas sur de les avoir bien rendus.
  32. Est tout l’opposé… Le rapprochement ne paraît pas très exact ; mais il est tout au moins fort ingénieux, comme tant d’autres observations dans tout ce qui précède. — Que nous venons de dire. Ceci reste obscur ; car Aristote ne vient pas de parler du principe auquel l’œuf se rattache ; il n’a parlé que des développements successifs de l’œuf.
  33. Sortir de la coquille et naître. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. Le phénomène d’ailleurs est décrit parfaitement. — Et mûrit les œufs. Il faut remarquer cette heureuse expression. — La Nature a placé. Aucun naturaliste n’a décrit ces faits plus simplement ni plus exactement. Ces descriptions, qui nous sembleraient banales aujourd’hui, étaient fort neuves du temps d’Aristote. — La matière de l’animal et les aliments, il est impossible d’être plus concis, et en même temps plus exact. — En elle-même. Ainsi que les vivipares. — Une autre partie. On pourrait traduire aussi : « Dans un autre organe ». — Du corps. J’ai ajouté ces mots. — Ce qu’on appelle le lait. Voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. XVI et ch. XVII ; et aussi, liv. VI, ch. VI.
  34. La Nature fait bien aussi du lait… On voit que la question était posée avant Aristote ; mais c’est lui qui la résout conformément aux faits réels. — Alcméon de Crotone, médecin, disciple de Pythagore, qui passe pour avoir été le premier à disséquer ; voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IX, § 1, ou une de ses erreurs est réfutée ; voir aussi, ibid., liv. VII, ch. I, § 2. — À cause de la ressemblance de la couleur. C’était en effet la première explication, qui se présentait après une observation superficielle.
  35. Ainsi qu’on l’a dit. Ou, Ainsi qu’on vient de le dire, plus haut, § 7 ; voir aussi l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 3. — Des quadrupèdes ovipares. Les lézards, les tortues, etc. — Ces animaux. C’est-à-dire, les quadrupèdes, ovipares. — Pondent tous dans la terre. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch XXVII, §§ 2 et suiv. Les tortues enfouissent leurs œufs dans la terre ; et les tortues aquatiques les enfouissent près du rivage, après le coucher du soleil. — Pour les protéger. Plutôt encore que pour faire naître les petits, la chaleur du sol étant suffisante pour amener réclusion. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 933, trad. franc.
  36. Absolument de même. C’est peut-être exagéré. — Près du diaphragme. L’explication est la même dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 4. — Intérieurs et extérieurs. Il est évident que, pour voir les phénomènes intérieurs, il avait fallu des dissections. — L’étude de leurs causes. Après l’observation des faits. — Par leur propre force. C’est-à-dire, sans le secours de la mère comme dans les oiseaux.
  37. C’est que la nature semble… C’est un nouvel éloge de la Nature, qu’Aristote ne cesse d’admirer dans toutes ses œuvres ; et ici particulièrement l’instinct de maternité qui éclate dans tous les êtres vivants, est indispensable à la perpétuité des espèces. — Une sollicitude particulière pour les jeunes. On ne saurait dire mieux. — Elle l’a poussée à ce point. Ceci serait surtout vrai pour l’espèce humaine, où les soins des parents sont indispensables beaucoup plus longtemps que dans toute autre espèce. C’est l’origine de la famille, qui ne se formerait pas si les parents n’étaient pas nécessaires aux enfants pendant plusieurs années. — Le plus d’intelligence entre tous, Ceci s’applique évidemment à l’espèce humaine, comme Aristote le dit expressément quelques lignes plus bas. — Une affection, dit simplement le texte ; j’ai ajouté : De famille. — Chez quelques quadrupèdes. On ne saurait dire précisément à quelle espèce de quadrupèdes ceci fait allusion ; mais il n’y a pas d’animaux où l’habitude dure aussi longtemps que pour l’homme, parce que, dans aucune autre espèce, elle n’est aussi nécessaire. — Cet instinct ne va… L’observation est très juste. — Aussi, les femelles… Je ne sais pas si la science moderne partage sur ce point les vues du naturaliste grec. — S’en trouvent-elles assez mal. On ne voit pas comment le fait a pu être constaté par Aristote ; mais il n’en est pas moins exact.
  38. S’y forment plus vite. Ceci est tout à fait exact ; et, par exemple, pour les gallinacés la chaleur en général hâte l’éclosion, qui demande ordinairement les trois semaines ; voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. III § 7, où cette influence de la chaleur est décrite assez longuement. — Œufs d’urine. Ou De queue. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II § 8. — Les vins s’aigrissent. Le fait est certain ; mais on ne voit pas bien comment les œufs peuvent être comparés aux vins. — Le jaune ou la lécithe. Il n’y a que ce dernier mot dans le texte ; voir plus haut, ch. I, § 24, n.
  39. La partie terreuse. Ceci se rapporte à la théorie des quatre éléments, qu’Aristote a vulgarisée, et qui a régné jusqu’au XVIe siècle tout au moins. — La lie vient à s’y mêler. C’est vrai ; mais il est assez étrange de regarder la lie comme une matière terreuse. — La lécithe se mêle au blanc. Il paraît alors que la lécithe serait prise pour le jaune. — Qui pondent beaucoup. La femelle ne peut alors donner une chaleur égale a tous ses œufs.
  40. Deux de leurs œufs. Ceci s’applique aux oiseaux de proie, et surtout à l’aigle ; voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. VI, § 1, p. 282, de ma traduction. — Le troisième l’est toujours. Dans l’Histoire des Animaux, Aristote est moins affirmatif ; et selon lui, l’aigle élève quelquefois trois petits. — Leur nature est essentiellement chaude. Le fait est exact ; et la température des oiseaux est supérieure à celle des mammifères. La différence est de quatre à cinq degrés, de 37° à 42°. Entre les oiseaux eux-mêmes, il y en a très peu, que ce soient des oiseaux sauvages, ou que ce soient des oiseaux domestiques. D’ailleurs, la taille de l’animal et son alimentation sont à peu près sans influence. Voir la Physiologie comparée de M. Colin, tome II, p. 905, 2° édition. La chaleur des individus ne varie presque point, quelle que soit la température ambiante. — Ils font en quelque sorte bouillir. La métaphore est très forte ; mais elle n’est pas fausse.
  41. Ont…. une nature contraire. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 11, où les mêmes détails sont déjà donnés, et où les propriétés différentes du jaune et du blanc sont exposées, presque dans les mêmes termes. — Par la coction dans la terre. Pour les oiseaux qui pondent à terre. — Soit par incubation. Qui est le mode le plus ordinaire chez les oiseaux. — Terreux, comme la cire. Il ne faut pas trop s’étonner de cette étrange chimie ; elle a prévalu pendant de longs siècles. — Ils tournent à l’urine. Ou, Ils deviennent des œufs clairs, des œufs de queue. D’ailleurs, l’auteur se trompe évidemment quand il prétend que le jaune ne durcit pas au feu.
  42. Il se liquéfierait plutôt. Les mêmes observations sont déjà présentées dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. III § 11, p. 264, de ma traduction. — Antérieurement. Voir plus haut, ch. I, §§ 26 et 27 ; et peut-être aussi, le passage qui vient d’être cité de l’Histoire des Animaux. — Il y devient solide. Le fait est exact et chacun a pu le vérifier. — La coction qu’il reçoit. C’est la chaleur propre de l’animal, qui détermine cette coction intérieure et qui prépare la production du jeune. — Qui constitue l’animal. C’est en effet dans le blanc que se trouvent toutes les parties constitutives du poussin, qui devient successivement assez fort pour se nourrir du jaune. — Sont séparés par des membranes. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, § 12 ; voir aussi plus haut, dans ce même troisième livre de la Génération, ch. I, §§ 22 et 23.
  43. Ce qui en est dit dans l’Histoire des Animaux. Cette référence se rapporte aux passages qui viennent d’être cités. — Nous nous bornerons à répéter. En effet, Aristote ne fait ici qu’abréger tout ce qu’il a dit en grands détails dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. III, § 1 2 et suiv. On en sait beaucoup plus aujourd’hui sur ces questions d’embryogénie ; mais ce qu’en sait le naturaliste grec est considérable, et l’on ne saurait trop rendre justice à de telles observations, qui ont à cette heure deux mille deux cents ans de date. Ce début de la science est prodigieux, comme je l’ai déjà dit bien des fois.
  44. En devenant plus liquide. Plus haut. § 15, Aristote a dit que la chaleur liquéfie le jaune ; c’est une erreur évidente ; mais le texte est formel, et il ne peut avoir un autre sens que celui que j’ai dû lui donner ; voir la note au § 15. — Devienne liquide. Il semble qu’Aristote met ici une théorie abstraite à la place de l’observation des faits. Le jaune est liquide sans doute, afin de pouvoir arriver jusqu’au poussin ; mais ce n’est pas la chaleur qui le liquéfie, puisqu’au contraire elle le durcirait. — La vie du végétal. La vie intra-utérine est en effet une sorte de végétation ; et elle est fort différente de la vie qui attend le jeune à la sortie du sein maternel. — En rapport avec un autre être. Comme les végétaux sont en rapport avec la terre qui les nourrit.
  45. L’autre cordon ombilical. Quelles que soient les lacunes qu’on peut signaler dans ces observations, elles n’en sont pas moins dignes d’attention. Il faut toujours se rappeler qu’après Aristote la science n’a pas fait un pas, et qu’elle ne s’est remise en marche que vers le XVIIe et le XVIIIe siècle. — Il est bien à croire… Il faut remarquer avec quelle circonspection Aristote avance ses explications. D’ailleurs, la théorie qu’il soutient a pour elle toutes les probabilités. — Une certaine partie de sa substance. Puisque c’est de la mère que viennent l’entretien et le développement du blanc et du jaune. — La coquille de l’œuf. C’est une des parties les plus obscures de toutes ces observations. — Comme si l’on entourait. Ceci ne se comprend pas bien ; et l’auteur aurait pu trouver une comparaison plus claire.
  46. L’embryon… Soit

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    dans les vivipares, soit dans les ovipares ; l’observation s’applique également à ces deux modes de génération. — Est dans la mère. A ce point que quelques naturalistes ont dit que la matrice était en quelque sorte un animal dans un animal. — Et à l’inverse. L’opposition n’est peut-être pas aussi grande que la fait Aristote. — Ne se fait pas dans la mère elle-même. Il est certain que la nutrition du poussin se fait, dans l’intérieur de l’œuf, par l’absorption du jaune ; mais sans la mère, qui contient l’œuf et qui le nourrit, le poussin ne se développerait pas. On voit du reste que ces rapprochements entre les vivipares et les ovipares constituent les premiers essais de physiologie comparée.

  47. Le cordon… est le premier à tomber. Preuve nouvelle des observations anatomiques auxquelles Aristote a dû se livrer, que d’ailleurs ces observations soient plus ou moins exactes. — Ne tombent que plus tard. Même remarque. — Dès qu’il est né. Il s’agit de la première apparition de la vie dans l’œuf. — Et vivant. J’ai ajouté ces mots pour plus de clarté. — Entre à l’intérieur avec le cordon. Ceci non plus n’est pas assez clairement exposé.
  48. D’œufs complets. Aristote entend par là les œufs qui, à la condition de la simple incubation, renferment tout ce qu’il faut pour l’éclosion du jeune. Chez les poissons, il faut que le mâle répande sa laite sur les œufs qu’a pondus la femelle ; et en ce sens, les œufs sont incomplets. — Sur les grands animaux. Au temps d’Aristote, la recommandation avait une importance qu’elle n’a plus, depuis que le microscope permet d’observer les êtres les plus petits et les organisations les plus délicates. — Presque invisibles. Aujourd’hui, on pourrait presque se plaindre de voir trop de choses ; et le microscope trompe plus d’un observateur.
  49. Dont la matrice est en bas. Ce sont les poissons ovipares ; voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. X, § 2. Leur matrice est placée vers la queue et à l’extrémité du corps. — Un œuf incomplet. Qui a besoin que le mâle le féconde par sa laite. — Plus haut, ch. I, § 21. — Des sélaciens. La formule même que prend Aristote paraît indiquer que le nom de sélaciens était assez récent dans la langue grecque ; il semble assez probable que c’est Aristote qui l’a inventé ; voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV, § 1, n. ; et aussi liv. III, ch. 1, § 21. Les sélaciens sont en général vivipares. Ce qu’en dit ici Aristote est déjà dans l’Histoire des Animaux.
  50. La grenouille marine. J’ai ajouté, l’épithète pour qu’on ne confondît pas cette grenouille avec la grenouille ordinaire ; voir l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. IX, § 5, et liv. VI, ch. X, § 1. La science moderne ne classe pas la grenouille de mer parmi les sélaciens ; il semble que Cuvier la confond avec la baudroie ; voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XVI, § 7, la note. — La cause de cette différence. Cette même explication est donnée dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. X, § 15, p. 300, de ma traduction. L’explication du reste est très probable. — Les œufs des autres sélaciens. Ajoutez : « Qui pondent des œufs ». — Ils sont plus froids que les oiseaux. Voir plus haut, ch. II § 14, ce qui est dit de la chaleur des oiseaux de proie.
  51. L’œuf de la grenouille de mer… Les détails que donne ici Aristote paraissent exacts en général ; ils prouvent tout au moins une observation fort attentive ; voir l’édition de MM. Aubert et Wimmer, Introduction, p. 30, n° 55. Le poisson qu’Aristote décrit est identifié d’ordinaire avec le Lophius piscatorius de Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des Poissons, tome VII, pp. 269 et 271. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 857, trad, franç. — Par le corps même de la mère. Ceci est général, à ce qu’il semble, pour les vivipares aussi bien que pour les ovipares. — Que pour les œufs. Le texte est moins précis, et son expression est tout à fait indéterminée ; peut-être s’agit-il des sélaciens, en opposition avec l’organisation de la grenouille marine ou baudroie.
  52. Comparativement aux oiseaux. On ne voit pas clairement, d’après le texte, si la comparaison s’applique aux oiseaux et aux poissons en général, ou si elle se borne aux grenouilles marines. L’ensemble du contexte paraît indiquer qu’il s’agit des poissons et de leur genre entier. — Les œufs de poissons. Le texte n’a qu’un pronom indéterminé. — Le second cordon ombilical. Voir plus haut, ch. II, §§ 17 et suiv. — Les œufs des poissons. Ici, le texte n’a pas même de pronom ; il n’a qu’un verbe. — N’ont pas la coquille. C’est exact ; mais les œufs de poissons ne sont pas pour cela dénués de toute protection ; ils sont enveloppés dans une membrane qui leur donne une consistance suffisante. — En second lieu. C’est une seconde différence, qui s’applique sans doute au genre entier des poissons, et non pas seulement à la grenouille de mer. — Du petit des poissons. Ici encore, ma traduction a dû être beaucoup plus précise que ne l’est l’original. — Le bout qui se rattache à la matrice, C’est le petit bout, comme la suite le prouve.
  53. L’œuf se sépare de la matrice. Pour avoir un développement particulier et produire le jeune au dehors, puisque l’œuf contient à la fois le poussin et la nourriture du poussin. — Dans ces animaux-là. Le texte n’est pas plus précis : et cette expression peut s’appliquer tout aussi bien aux poissons en général qu’aux grenouilles de mer en particulier. La même confusion règne dans tout ce passage. Cependant, il semble qu’il est plus spécialement relatif aux grenouilles de mer. A cet égard, Aristote aurait fait plus d’observations que n’en a fait la science moderne, qui ne paraît pas s’être occupée beaucoup de ces singuliers poissons. — Où les œufs se détachent… Tous ces détails anatomiques sont très difficiles à suivre, et je ne suis pas sûr de les avoir bien rendus.
  54. Et celle des poissons. Ici, il n’y a plus de doute ; et c’est des poissons en général qu’il s’agit. La comparaison entre les oiseaux et les poissons est d’ailleurs fort curieuse, quoiqu’elle soit un peu forcée. En réalité, les analogies ne sont pas très frappantes ; mais c’est déjà un pressentiment de la théorie de unité de composition, qui a fait tant de bruit au début de ce siècle. D’ailleurs, les oiseaux et les poissons ne sont comparés ici que relativement à leurs œufs. La même question est traitée dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. X, §§ 4 et suiv. — D’une seule couleur. Id., ibid., § 3. — Le tout. Par ces mots, Aristote comprend à la fois le germe d’où le jeune doit venir, et la nourriture qu’il doit trouver dans l’intérieur de l’œuf. — En sens opposé… dans son point d’attache. Dans l’œuf des oiseaux, le blanc et le jaune étant distincts, il est facile de concevoir que le développement ne se fait que dans le blanc ; mais dans l’œuf des poissons, le tout étant mélangé, le développement peut avoir lieu indistinctement par toutes les parties de l’œuf. Quel que soit d’ailleurs le jugement que l’on porte sur ces théories, elles attestent une fois de plus l’attention profonde qu’Aristote apportait à toutes ses observations.
  55. Dans certains sélaciens. Aristote revient ici aux sélaciens, et il s’attache seulement à quelques-unes de leurs espèces ; il aurait pu préciser encore davantage et indiquer les espèces qu’il considère. — Sans la quitter. Il est évident que tous ces détails ne pouvaient être connus qu’à la suite de dissections minutieuses. — Pour que le petit sorte vivant. Chez les sélaciens qui sont vivipares. Voir, sur la reproduction des sélaciens, la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 815, trad. franc. Tantôt les œufs sont pondus immédiatement après la fécondation (raies, chiens de mer, etc.) ; tantôt ils restent dans l’utérus, pour y subir toute leur évolution et s’y nourrir par une organisation toute particulière. Aristote doit paraître en ceci étonnamment avancé. — Le cordon venu de la matrice… Le travail de Jean Müller sur les théories d’Aristote en fait bien sentir la haute valeur ; voir M. Claus, id., ibid., p. 816, la note. — Dans les chiens de mer, ou raies plates. Je crois que cette identification est assez certaine. Aristote a parlé des chiens de mer dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. X, §§ 8 et suiv. ; pour l’organisation de leur matrice, voir id., liv. III, ch. I, § 21.
  56. La génération des poissons, en général, y compris sans doute les sélaciens. — Nous en avons expliqué les causes. Dans tout ce qui précède, et aussi dans l’Histoire des Animaux, passim. — Le second cordon. Plus haut, § 5, il semble qu’Aristote n’admet qu’un seul cordon, et non deux. — La chair. C’est la traduction exacte du texte ; il ne présente pas de variante dans les manuscrits. La chair ne signifie que le jeune déjà formé, et ayant par conséquent une certaine masse de chair.
  57. Comme on vient de le dire. Dans le chapitre précédent, §§ 3 et suiv. — Qui font d’abord… un œuf complet. Ce sont les sélaciens ; voir plus haut, ch. III, § 1. Les sélaciens sont cartilagineux ou chondroptérygiens ; ils se distinguent par la structure de leurs branchies et par leur mode de reproduction ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 815, trad. franc. L’organisation spéciale des sélaciens mérite l’attention qu’Aristote y a toujours donnée, soit dans ce traité, soit dans l’Histoire des Animaux, passim. — A l’exception de la grenouille de mer. Voir plus haut, ch. III § 2, où cette exception est déjà signalée. — Nous venons d’expliquer. Id, ibid. — Des œufs incomplets. C’est-à-dire que les œufs déposés au dehors par la femelle doivent être complétés et fécondés par la laite du mâle.
  58. De la même manière que pour les sélaciens. A première vue, ceci semble contredire ce qui précède ; mais il ne s’agit ici que de l’évolution de l’œuf, qui se passe dans l’intérieur de l’animal. — Leur croissance est très rapide. Ceci s’applique aux jeunes poissons qui sortent de l’œuf ; les œufs sont très petits tout d’abord, et l’être qui en sort prend très vite un développement considérable. — Le bout de l’œuf est plus dur. La zoologie moderne a constaté aussi que les œufs de certains sélaciens sont entourés d’une coque assez ferme, qui a la consistance du parchemin, et qui est quadrilatère ; à chacun des angles, il se trouve un appendice corné qui sert à fixer les œufs sur les plantes marines ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 815. — Dans les larves. On sait qu’Aristote fait une classe à part des animaux qu’il appelle larvipares, à côté des vivipares et des ovipares. Voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV, § 3. La larve se confond quelquefois avec le ver, — Sans emprunter au dehors. Ceci ne se comprend pas très bien, puisque les embryons des vivipares empruntent aussi leur nourriture au dedans ; mais c’est à leur mère qu’ils l’empruntent, tandis que les larvipares la trouvent en eux-mêmes.
  59. À celle qui produit l’ébullition. La comparaison n’est pas très juste, en ce que dans l’ébullition le feu est placé en dehors du liquide, tandis qu’ici le feu, ou plutôt la chaleur animale, est entièrement à l’intérieur, comme l’auteur lui-même le remarque. — La chaleur de l’âme. On pourrait traduire encore : « la chaleur vitale » ; mais j’ai cru devoir conserver la formule du texte. Il est certain d’ailleurs que, dans le Traité de l’Ame, Aristote étudie le principe vital, depuis la plante jusqu’à l’homme, beaucoup plus qu’il n’étudie l’âme proprement dite. — Du suc. On pourrait traduire aussi : « du levain ». Mais ce qui a été mêlé au liquide dans l’ébullition, c’est uniquement la chaleur du feu. — Nécessairement. Par opposition à l’idée du mieux, à laquelle revient Aristote, — Une excrétion et un résidu. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Qui fermente. Ou : « qui bout ». — En vue du mieux. C’est la doctrine de l’optimisme, qu’Aristote a professée un des premiers.
  60. Il est impossible… L’explication est excellente, et on peut même ajouter qu’elle est de toute évidence. — Des poissons. Le texte n’a qu’un pronom indéterminé ; mais il ne peut y avoir de doute sur le sens. — Les œufs. Ou : « les poissons ». — La matrice est très étroite. Le fait est parfaitement observé. — La race entière ne périsse pas. Cette explication est également fort acceptable, comme les précédentes. — La plupart des embryons. Cette observation est exacte, et il est très facile de la constater. — La Nature combat… Il n’est pas possible de méconnaître en ceci l’intention de la Nature et de la Providence. — L’aiguille… Le même fait est rapporté dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XVI, § 8, p. 334, de ma traduction. D’ailleurs, Aristote attribue cet accident à d’autres poissons encore que l’aiguille ; voir MM. Aubert et Wimmer, édition et traduction, p. 31, n° 56, sur ces observations, qui sont fort intéressantes.
  61. Les œufs de ce genre. C’est-à-dire ; les œufs de poissons, que l’auteur a étudiés comparativement aux œufs d’oiseaux. — Et pourquoi ils la prennent ainsi. Voir plus haut, ch. IV, §§ 3 et 4. — Ces poissons. De l’espèce des sélaciens, y compris la grenouille marine. — Un œuf à l’intérieur. Ceci est une preuve nouvelle des observations anatomiques auxquelles Aristote a dû se livrer ; il a fallu des dissections bien attentives pour arriver à constater de tels faits. — Toute la classe des poissons est ovipare. Aristote ne semble pas faire d’exception pour les cétacés, qui sont bien vivipares aussi, mais qui de plus sont mammifères. Les cétacés, vivant exclusivement dans l’eau, rappellent par leur conformation le type des poissons ; mais ils ne sont pas des poissons proprement dits. Linné s’y était trompé : mais Aristote en a toujours fait une classe à part ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 1038, trad. franc. ; et aussi p. 800, sur l’oviparité des poissons en général. — Que si le mâle répand sa laite. C’est le cas le plus ordinaire.
  62. Quelques naturalistes. Il eût été curieux de connaître le nom de ces naturalistes ; il est assez probable que ce sont les physiologues nommés plus loin, dans ce chapitre. — Tous les poissons sont femelles. Cette erreur est tellement évidente qu’on a peine à comprendre qu’elle ait pu être commise. — Est semblable à la différence que présentent les plantes. Dans l’hypothèse même où se placent ces naturalistes, le rapprochement n’est pas tout à fait exact, puisque, dans les plantes, les unes sont fécondes et que les autres ne le sont pas, tandis qu’on fait de tous les poissons de la même espèce des femelles sans exception — Dans la même espèce. J’ai ajouté ces mots, qui sont indispensables, et dont le sens est implicitement compris dans le texte. — L’olivier et le kotinos. J’ai conservé le mot grec de kotinos, parce que l’identification n’est pas absolument certaine. Théophraste, sans être aussi précis que l’est Àristote, oppose aussi le kotinos et l’olivier, et il semble croire également que l’un porte des fruits, tandis que l’autre n’en porterait pas ; Histoire des Plantes, liv. I, ch. VIII, § 2, p. 12, édit. Firmin-Didot. Le kotinos est le sauvageon de l’olivier ; de même que l’érinéos est le sauvageon du figuier. Voir encore Théophraste des Causes des Plantes, liv. I. ch. XVIII, § 4, p. 187, édit. Firmin-Didot, et Histoire des Plantes, liv. II, ch. II, § 12, p. 24. L’érinéos est en latin le Caprificus. — Sauf les sélaciens. Dont ces naturalistes, réfutés par Aristote, faisaient déjà une classe à part, ainsi que lui.
  63. Dans les sélaciens. Je ne sais pas si le fait énoncé ici est parfaitement exact. — Le sperme est émis et répandu. Ici encore, on peut concevoir un doute ; et pour certaines espèces, il y a un réel accouplement. — La saison régulière. Ordinairement, le printemps. — Des matrices. Sur les organes sexuels des femelles dans les sélaciens, voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 815, trad. franc. — De même que, dans la classe des animaux pourvus de crins. Ce sont les équidés (solipèdes), qui se distinguent en effet par une queue tantôt garnie de crins dans toute sa longueur, tantôt garnie seulement à son extrémité. La science moderne ne paraît pas avoir attaché à ce caractère autant d’importance qu’Aristote. — Les mules présenteraient ce phénomène… Tout ce paragraphe, qui vient ici sans que rien le prépare, peut sembler une interpolation. — Les uns ont de la laite. Ce sont les mâles, de même que les femelles ont des matrices. — Le rouget et le serran. L’identification n’est pas certaine ; et en général, les traducteurs se sont contentés de reproduire les mots grecs. L’Erythrinos (rouget) paraît être le Serranus anthias, et la Charme, le Serranus scriba. Voir l’Histoire des Animaux, livre IV, ch. II, § 5, et livre VI, ch. XIII § 3, n. Les serrans sont de la famille des perches ou Percoïdes ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 847, trad, franc.; et aussi p. 841, pour l’Erythrinos.
  64. Ainsi…

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    des matrices. MM. Aubert et Wimmer regardent cette petite phrase comme apocryphe ; il semble bien en effet que c’est une simple répétition de ce qui précède. — Si l’on veut bien observer les faits. Ici, Aristote recommande la méthode d’observation, comme il l’a toujours fait ; voir le traité des Parties des Animaux, préface, pp. VIII et suiv. — Ne font jamais un grand nombre de petits. Le fait est exact dans cette généralité ; mais il y a des exceptions, même parmi les quadrupèdes ; voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XII, §§ 19, 20. — Ne sont jamais aussi féconds. Sous ce rapport, la différence est frappante en effet. — A peu près incalculables. Il y a des poissons sur lesquels on peut compter jusqu’à huit et dix millions d’œufs, il est évident que la plus grande partie de ces œufs est destinée à périr.

  65. Nos naturalistes. J’ai cru pouvoir adopter ce tour un peu familier ; il y a quelque nuance de ce genre dans le pluriel dont se sert le texte. — N’avaient pas encore remarqué. Recommandation nouvelle de la méthode d’observation. — Quelques-uns des sélaciens peut-être, Par exemple, les raies proprement dites et les chiens de mer ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 815, trad. franc. — Ne prend plus aucun accroissement. Le fait est exact. Chez d’autres sélaciens, le développement entier de l’œuf se fait au dedans, et le petit sort ensuite tout vivant. — Font des œufs incomplets. En ce sens, déjà plusieurs fois indiqué, que le mâle doit répandre sa laite sur les œufs pour leur donner la vie. — Même c’est là encore le phénomène… Ceci ne semble pas tenir assez directement à ce qui précède. — Les mollusques et les crustacés. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V. ch. V, §§ 1 et suiv.; et pour les crustacés, liv. V. ch. VI, §§ 1 et suiv.
  66. Dans le genre entier des poissons. C’est une généralité très probable, mais qui souffre peut-être des exceptions. — Chez les vivipares. La distinction des sexes y est de toute évidence. — Ils ne se rendent pas compte. Parce qu’ils n’observent pas la réalité avec assez d’attention. — Quelques cas particuliers. La conclusion du particulier au général est une des causes d’erreur les plus fréquentes. Aristote l’avait signalée déjà dans l’Organon, avant de la signaler en histoire naturelle. — En avalant la semence des mâles. Aristote ne nomme pas ici le naturaliste à qui il faut attribuer cette erreur. Plus bas, § 10. il nomme Hérodote. — On ne réfléchit pas assez. Ou, qu’on observe mal.
  67. Ainsi, c’est à la même époque… Aristote cite un grand nombre de faits pour démontrer combien est erronée la théorie qu’il veut combattre. — La laite s’accumule. Je ne sais pas si le fait a été vérifié par la science moderne. — Mais petit à petit. Le fait est exact — En une seule fois. Évidemment, les mâles ne peuvent venir qu’à la suite des femelles, et l’émission de la laite n’a lieu qu’après la ponte des œufs.
  68. Parfaitement acceptables à la raison. Après la constatation des faits, la raison essaie de les comprendre ; et elle les juge en en tirant les conséquences évidentes qu’ils renferment. — De même ce phénomène… Ceci revient à dire que, si les œufs de poissons pondus par la femelle ne reçoivent pas la laite du mâle, ils restent stériles, comme les œufs clairs des oiseaux. — Dans toutes les espèces de poissons où il y a un mâle. L’auteur a sans doute en vue l’espèce des anguilles ; les Anciens n’y reconnaissaient pas de sexes, et les Modernes restent à peu près aussi ignorants.
  69. Pour les oiseaux… Tout ce paragraphe est extrêmement remarquable, et la science moderne ne saurait dire mieux. — Des œufs complets. Qui cependant ont encore besoin de l’incubation pour arriver au but que poursuit la Nature. Le travail se passe… à l’intérieur. Où le poussin, né dans le blanc, trouve à se nourrir par le jaune. — Des œufs incomplets. L’auteur explique lui-même, dans le reste de la phrase, ce qu’il faut entendre par là. — Sauvés au dehors. C’est-à-dire produisant des jeunes. J’ai adopté l’addition que proposent MM. Aubert et Witnmer, bien qu’elle ne soit pas indispensable. — Tombe et diminue. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte, avec un participe. — Car, toujours les mâles la suivent. Le fait est exact, et facile à observer. — Des mâles et des femelles. C’est la conclusion à laquelle l’auteur voulait arriver ; voir plus haut, § 6.
  70. Ce qui peut contribuer à causer l’erreur. Cette impartialité mérite d’être remarquée, et la critique montre rarement autant de réserve. — Est extrêmement rapide. Le fait est fort exact, et il est clair qu’Aristote s’était donné la peine d’observer les choses de très près. — La plupart des pêcheurs eux-mêmes. Les naturalistes, quoique moins bien placés que les pécheurs, auraient dû ne pas s’y tromper même eux. — Au point de vue de la science. Mot à mot : « En vue de connaître ». MM. Àubert et Wimmer croient qu’à cet égard les Modernes n’ont pas fait grands progrès ; et ils ajoutent en une note en français : « Tout comme chez nous ». — Faire quelques observations. Dans le genre de celles qu’Aristote recommande toujours avec le plus grand soin. — S’accouplent en se frottant. Ceci est vrai pour quelques espèces de poissons osseux ; ce ne l’est peut-être pour les dauphins, qui font partie des cétacés. — Dont la queue est un obstacle. Cette implication paraît la vrai. — Les pêcheurs eux-mêmes. Qui devraient, par leur métier même, connaître mieux la réalité. — Hérodote. Voir plus haut, § 6. On ne trouve rien de pareil dans l’œuvre d’Hérodote telle que nous l’avons ; mais peut-être au lieu d’Hérodote faut-il lire Hérodore, dont il est parlé plus bas, § 15, et aussi dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. V, § 1, et liv. IX, ch. XII, § 3.
  71. On aurait bien dû s’apercevoir… En observant les faits comme Àristote l’a toujours recommandé ; ceux qu’il expose pour réfuter cette erreur sont péremptoires. — Le canal qui part de la bouche. C’est-à-dire, l’œsophage, qui porte les aliments de la bouche à l’estomac. — Parce qu’il y est digéré. L’objection est décisive. — Mais, comme les matrices… ces œufs. Cette petite phrase ne tient pas assez directement à ce qui précède, et, logiquement, il manque ici une idée intermédiaire, pour exprimer que la semence avalée par les femelles des poissons aurait été nécessairement digérée, et, par conséquent, détruite avec le reste des aliments.
  72. Il y a des naturalistes. Ici encore, il eût été bon de nommer les naturalistes qui soutenaient cette étrange théorie. Un peu plus bas, Anaxagore est nommé ; mais les autres demeurent inconnus. — Anaxagore. Voir ma préface à l’Histoire des Animaux, p. LIX, sur les travaux zoologiques d’Anaxagore. L’opinion qui lui est prêtée ici paraît bien peu digne de ce grand esprit. — Par trop naïves et par trop irréfléchies. La critique est sévère ; mais elle est méritée.
  73. Les corbeaux s’accoupler. Cette observation n’est pas plus difficile sur les corbeaux que sur le reste des oiseaux sauvages. — Se becqueter l’un l’autre. Le fait est très exact pour les colombes, qui sont citées un peu plus bas ; je ne sais point s’il est autant pour les corbeaux. — Tous les oiseaux de l’espèce corvide. Les corvidés comprennent, outre les corbeaux, les pies, les geais, les loriots, etc. ; ils forment la première famille des Dentiroslres ; voir la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 994, trad. franc. — Aux geais qu’on apprivoise. Les geais sont en effet de la famille des corbeaux, comme on vient de le dire. Dans l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XIX, § 5, Aristote distingue quatre espèces de geais, qu’il rapproche aussi des corbeaux. — Sur les colombes. Ce sont surtout ces oiseaux qui semblent se becqueter amoureusement. — On ne leur a pas fait l’honneur. Le texte présente aussi cette nuance d’ironie. — N’est pas lascive. Comme le sont les perdrix et les cailles.
  74. Mais il est vraiment absurde… Ce paragraphe ne fait guère que répéter sous une autre forme ce qui vient d’être dit, § 11. — Ces oiseaux. C’est-à-dire les corvidés, et l’ordre des pigeons, colombes, tourterelles, etc. — Quant à la belette. Voir plus haut, § 12. — D’où l’embryon pourrait-il venir. A cette question, il n’y a pas de réponse possible, et l’argument est péremptoire. — Les transporte souvent dans sa gueule. L’explication est très naturelle et très ingénieuse. — Plus tard. Il ne paraît pas, dans le reste de l’ouvrage, qu’Aristote ait tenu sa promesse en revenant sur ce sujet. — Cette fable absurde. L’expression du texte est peut-être un peu moins forte.
  75. Trochos. J’ai du conserver le nom grec, parce qu’on ne sait pas ce qu’est cet animal. Comme il est joint ici à l’hyène, on peut supposer que c’est un quadrupède comme l’hyène ; ou croit aussi que le trochos est le blaireau. — Hérodore d’Héraclée. Voir plus haut, § 10, la note. — Réunissent les deux organes. Aristote explique un peu plus bas ce qui a pu donner lieu à cette erreur. — Le trochos s’accouple avec lui-même. Le blaireau, en admettant que ce soit le trochos d’Àristote, a en effet sous la queue une poche d’où suinte une humeur grasse et fétide ; voir Cuvier, Règne animal, tome I, p. 140. De là, vient peut-être qu’on a pris cette poche pour un organe de génération. Le blaireau est de la famille des plantigrades ; sa marche est rampante, et sa vie nocturne. — Monte une année, et est montée l’autre. C’était une conjecture purement imaginaire, qui était la conséquence d’une première erreur. — On a vérifié. En observant les faits avec plus d’attention. — Les hyènes ont sous la queue… Cuvier, Règne animal, tome I, p. 159, édition de 1829, dit : « Au-dessous de leur anus, est une poche profonde et glanduleuse, qui a fait croire à quelques Ànciens qu’elles sont hermaphrodites, » Àristote avait vainement essayé de réfuter cette erreur ; elle a subsisté longtemps. Pline, Histoire naturelle, liv. VIII, ch. XLIV, édition et traduction Littré, p. 335, rapporte cette réfutation d’Aristote ; mais plus loin, liv. XXVIII, ch. XXVII, p. 265, il n’en énumère pas moins toutes les propriétés médicales que les Mages prétendaient trouver dans le corps de l’hyène. — Est plus que suffisant. Loin de là, cette réfutation a suffi si peu que Brunello Latini au XIIIe siècle répète ce conte sur l’hyène ; voir le Dictionnaire de Littré, article Hyène.
  76. Dans les sélaciens. Voir plus haut, ch. V, § 2 et § 3. Il faut louer Aristote de donner tant d’attention aux sélaciens, dont l’organisation est en effet très spéciale, comme les naturalistes modernes l’ont également reconnu. — On ne voit jamais les femelles… Il est bien probable que c’était faute d’observations suffisantes. — Qui ne sont pas vivipares. C’est là la vraie raison ; et les poissons ovipares sont de beaucoup les plus nombreux. — N’est pas du tout féconde. Ainsi que toutes les espèces vivipares, qui généralement font peu de petits. — Les sélaciens mâles… les sélaciens femelles. Le texte n’est pas aussi précis.
  77. De

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    très peu de semence spermatique. Répétition de ce qui vient d’être dit, au paragraphe précédent. — Chez les poissons ovipares. C’est-à-dire, la presque totalité des poissons. — Ont plus de laite qu’il n’en faut. De même que les femelles ont une énorme quantité d’œufs, qui n’arrivent pas tous à éclosion. — C’est que la Nature… L’explication n’est peut-être pas très satisfaisante ; il est bien clair qu’ici comme partout la nature a un but ; mais quel est précisément ce but ?

  78. Comme nous l’avons déjà dit. Voir plus haut, ch. V, § 5, et passim. — Les œufs se complètent en dedans. En effet, quand l’œuf est sorti, il est complet, en ce sens que le poussin y est renfermé avec les aliments nécessaires, et qu’il ne faut plus que l’incubation. — Chez eux aussi… Ceci se rapporte-t-il aux oiseaux ou aux poissons ? Le texte est indécis ; je crois, pour ma part, qu’il s’agit plutôt des oiseaux ; car l’œuf qu’ils font ressemble plus à une larve que celui des poissons, puisque cet œuf se suffit à lui-même, comme la larve. Quelques traducteurs ont cru au contraire qu’il s’agissait des poissons plutôt que des oiseaux. — C’est également le mâle. C’est vrai pour les deux genres ; mais il y a de grandes différences dans la manière dont le mâle intervient. — Seulement. Cette réserve nécessaire est considérable. — Mais, dans ces conditions. Qui sont très diverses sous certains rapports. — Le même phénomène. En ce sens uniquement que, de part et d’autre, il faut la coopération des deux sexes.
  79. Ainsi, les œufs clairs. On peut dire que tous les œufs sont clairs avant d’être cochés ; mais on entend ordinairement par œufs clairs ceux qui sont sortis de la mère sans avoir été cochés, tandis qu’une fois cochés dans son intérieur, ils deviennent féconds. Voir sur les œufs clairs l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. II, §§ 6 et suiv. — Changent de nature. Je ne sais pas si la science moderne a vérifié tous ces faits ; il semble qu’Aristote les a bien observés, à la manière dont il en parle. — Reprennent très rapidement toute leur croissance. Même remarque. Le fait est très vraisemblable ; mais des observations nouvelles pourraient le certifier. — Avant que le blanc ne se soit séparé du jaune. Ma traduction est plus précise que le texte.
  80. Rien de pareil.., Ceci semble contredire en partie ce qui a été dit plus haut, ch. III, § 8, sur les ressemblances des poissons et des oiseaux, en ce qui est relatif aux œufs. — Se hâtent de répandre leur laite. Voir plus haut, ch. V, § 1. — C’est que les œufs de poissons… L’argument ne paraît pas très bon ; ou du moins, il semble qu’il manque ici quelque idée intermédiaire. L’auteur veut dire sans doute que, les œufs de poissons ne contenant pas de jaune, le jeune ne peut pas s’y nourrir, comme dans les oiseaux, pendant un temps fixe. — La raison comprend ceci… C’est le rôle de la raison d’essayer de comprendre les faits, que les sens nous révèlent par l’observation. — Le principe qui vient du mâle. Ce principe n’est autre que la vie, se manifestant par la sensibilité. — Quant aux œufs clairs. Conçus par la femelle sans l’intervention du mâle. — Comme on l’a déjà dit bien souvent. Voir plus haut, liv. I, ch. XV, §§ 1 et suiv. ; et aussi § 10 ; liv. II, ch. II. — Germe végétatif. Cette vue est profonde ; et aujourd’hui on ne saurait mieux dire. — En tant que germe d’animal, il est incomplet. Car, il n’a pas la vie et il ne peut la transmettre.
  81. Il leur arriverait… C’est une simple hypothèse ; car Aristote ne croit pas qu’il y ait une seule espèce de poissons où il n’y ait pas de mâle ; voir plus haut, ch. V, § 6 ; mais il se trompe en ce qu’il y a quelques espèces de poissons hermaphrodites. — Si toutefois. Cette réserve prouve qu’Aristote en doute, sans d’ailleurs pouvoir affirmer le contraire. — Antérieurement. Plus haut. ch. V, § 4, Aristote, en réfutant les naturalistes qui prétendaient que tous les poissons sont femelles, a dit que leur erreur ne venait que d’une insuffisante observation des faits. — Achève l’œuf en tant que plante. C’est ce qui vient d’être dit à la fin du paragraphe précédent. — N’est pas plante. J’ai conservé cette formule, bien qu’elle soit un peu étrange. Cela revient à dire que le principe essentiel de la vie ne se trouve pas dans la femelle, et qu’il vient uniquement du mâle. — Un autre être vivant. J’ai ajouté l’adjectif. Il ne sort pas davantage du mâle seul, qui a besoin de la femelle autant que la femelle a besoin de lui. — Ce n’est pas d’une plante. Ou, d’un végétal. — D’un animal par accouplement. Il serait difficile d’expliquer ces faits avec plus de netteté et de concision. — Qui résultent de copulation. Ce sont les œufs ordinaires. — Les deux principes. La matière donnée par la femelle, et la vie transmise par le mâle.*
  82. Du genre de la seiche. La seiche fait partie de la première classe des mollusques ou céphalopodes ; il est bien vrai que dans les seiches (sepia), les sexes sont séparés ; mais on ne sait pas s’il y a copulation. Cuvier, Règne animal, t. III, p. 11, édition de 1829, dit qu’il y a lieu de croire que la fécondation se fait par arrosement, comme dans le plus grand nombre des poissons. Mais ce qu’Aristote dit de la seiche et des céphalopodes n’est pas applicable sans exception a l’embranchement des mollusques. Ainsi, le philosophe conclut du particulier au général, erreur qu’il a pris soin de signaler bien souvent, et qu’il commet lui-même ici. — On a vu plus d’une fois. C’est donc encore sur l’observation qu’Aristote prétend s’appuyer. — Que pour ce seul exemple. Un exemple unique ne suffit pas sans doute dans la plupart des cas ; mais pour le fait dont il est question dans ce passage, l’argument est décisif. — Scientifiquement. Le texte dit : Historiquement. Les deux mots reviennent au même ; mais au point de vue étymologique, l’expression grecque est encore plus exacte. — Tous les poissons sont femelles. Voir plus haut, ch. V, § 9, où cette théorie singulière a été déjà réfutée. — Les mollusques viennent d’accouplement. En ce sens qu’il y a mâle et femelle, sans qu’il y ait d’ailleurs de copulation proprement dite, non plus que dans les poissons, chez qui le mâle répand sa laite sur les œufs pondus par la femelle ; voir M. Claus, Zoologie descriptive, p. 670 ; et pour la seiche, l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XII, § 5.
  83. C’est signe qu’on observe bien mal. On ne peut pas affirmer plus énergiquement la nécessité de l’observation. — Dure plus longtemps que tout autre. C’est vrai pour les insectes ; ce ne l’est pas autant pour les mollusques. On les divise, depuis Cuvier, en six classes, qui offrent toutes les variétés de génération : hermaphrodite, accouplement réciproque, sexes séparés ; Cuvier, Règne animal, t. III, p. 5. — Étant de leur nature froids. Les mollusques ont

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    une circulation double, leur circulation pulmonaire faisant toujours un circuit à part et complet. Chez les animaux à sang froid, la chaleur est toujours un peu plus élevée que celle des milieux ambiants. — Deux œufs apparents. Dans l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. I, § 21, il est parlé non pas des deux œufs de la seiche, mais de deux poches qui contiennent les œufs. — Les teuthis. La teuthis est le petit calmar, loligo, qui est en effet un céphalopode, comme la seiche. Ses œufs sont attachés les uns aux autres, en guirlande étroite, et sur deux rangs. C’est ce qu’Aristote appelle leurs deux œufs ; voir Cuvier, Règne animal, tome IV, p. 14. — Les polypes n’ont qu’un seul œuf. C’est ce qui est déjà dit dans l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. I, § 21 ; et pour la seiche, liv. V, ch. XVI, § 3. — Des polypes. Il serait difficile de dire de quelle espèce de polypes il s’agit dans ce passage ; voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. I, § 21. — Des crabes. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. VI, § 2. On ne voit pas très clairement comment les crabes sont cités ici.

  84. Que des fœtus incomplets. La suite explique le sens de ces mots. La femelle du crabe, en gardant longtemps les œufs sous sa queue, les soumet ainsi à une sorte d’incubation préliminaire, avant que le mâle ne les asperge de sa laite. — Les crabides. Le mot grec correspond exactement à celui de Crabides, que la science moderne a adopte. Les crabes sont des crustacés décapodes ; voir le Règne animal de Cuvier, tome IV, p. 30, édition de 1830. — C’est pour cela. L’explication est très plausible. — Les mollusques. Sur la génération des mollusques, voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XVI, § 1, et liv. VI, ch. XII, § 5. — Sur les femelles. Peut-être serait-il plus exact de dire : Dans les femelles ; mais il faudrait distinguer les espèces ; car la fécondation varie beaucoup. — Ce qui les coagule. Le fait n’est pas aussi général qu’Aristote semble le croire, d’après ses observations ; voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XVI, § 3.
  85. On n’a rien observé de pareil. Preuve nouvelle de l’attention avec laquelle Aristote observait les faits. — Sous la femelle. Dans certaines espèces de crabes, la femelle a sept segments a la queue, tandis que le mâle n’en a que cinq. — Une peau très dure. Je ne vois pas que la science moderne ait relevé cette particularité. — À l’extérieur comme ceux des poissons. La similitude ne va peut-être pas aussi loin ; et ici encore, il faudrait distinguer entre les espèces. — Quand la petite seiche… dans l’Histoire des Animaux. Il y a en effet de longs détails sur la génération des seiches, dans l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XVI, §§ 3 et suiv., p. 199, de ma traduction : et aussi sur la manière dont la petite seiche se nourrit, comme le poussin se nourrit du jaune de l’œuf. — D’un même côté le derrière et le devant du corps. Ceci ne se comprend pas bien, et aurait demandé une explication plus complète. Je ne trouve rien dans la zoologie moderne qui se rapporte à cela.
  86. La méthode jusqu’à présent suivie. Cette méthode n’est que l’observation exacte des Faits, devant servir de base à la théorie ; Aristote l’a toujours recommandée et pratiquée autant qu’il l’a pu. — Nous avons déjà dit. Voir plus haut, liv. I, ch. I, §§ 6 et 7, et passim. — Naissent spontanément. C’est une erreur qui a eu cours bien longtemps. Elle résultait de la difficulté de bien observer des animalcules si petits ; le microscope, qui manquait aux Anciens, a révélé beaucoup de choses aux Modernes, et leur en révélera sans doute beaucoup encore. — Qui font des larves. Voir plus haut, liv. I, ch. IX, § 7 ; liv. II, ch. I, §§ 10 et 19 ; voir aussi, sur les larvipares, l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. II, § 7.
  87. Que tous les animaux font des larves. Cette généralité, bien quelle ne soit pas exacte, n’en est pas moins remarquable, en ce sens qu’Aristote essaie d’appliquer une loi unique a toute l’animalité. Aujourd’hui, on sait que tout animal vient d’un œuf, depuis les êtres les plus élevés jusqu’aux plus infimes. — Le fœtus des larves est le plus imparfait. C’est exact. — Prend ensuite sa pleine croissance. C’est en effet ce qu’on peut observer aisément sur les grands quadrupèdes d’abord, et ensuite sur les principaux ovipares. — Plus d’une fois pour les poissons. Voir notamment plus haut, ch. V, § 9.
  88. Pour les vivipares… une sorte d’œuf. On peut admirer ici la sagacité d’Aristote ; il ne connaissait pas les ovaires des vivipares, comme on peut les connaître aujourd’hui ; mais il les devinait en quelque sorte. — La partie liquide est entourée d’une légère membrane. Ceci semble indiquer des dissections déjà poussées fort loin. — D’écoulement. J’ai choisi ce mot pour me rapprocher du texte, autant que possible. — Les insectes qui engendrent. Sous-entendu : « par copulation ». — Sont constitués aussi de cette façon. C’est-à-dire, par de véritables œufs. — Les chenilles. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XVII, §§ 5 et 6 ; et pour les araignées, ibid., liv. V, ch. XXII, §§ 1 et suiv.
  89. Pourraient passer pour des œufs. Ce sont bien des œufs en réalité. — À quelques-uns de ceux-là et à beaucoup d’autres. Ceci est bien vague ; il aurait fallu préciser davantage les choses et nommer les espèces auxquelles on fait allusion. — Parce que l’animal change tout entier. Sur la définition essentielle de la larve, voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV §§ 3 et 7, et liv. V, ch. XVII, § 22. — D’une certaine partie. Comme le poussin des gallinacés, qui naît du blanc et qui se nourrit du jaune.
  90. Finissent par devenir une sorte d’œuf. Ceci demanderait à être éclairci davantage ; voir plus haut la note du § 2. — L’enveloppe… se durcit. C’est le cas des larves et des chrysalides. — Ils sont immobiles. Voir, sur le développement de l’embryon des insectes, la Zoologie descriptive de M. Claus, p. 557 et suiv., trad. franc. — Des abeilles, des guêpes et des chenilles. Auxquelles Aristote a consacré de longues et profondes études, dans l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XXVII, et passim ; pour les guêpes, ibid., ch. XXVIII ; et pour les chenilles, liv. V, ch. XVII, §§ 5 et 6. — La Nature a fait en quelque sorte… Aristote semble ici trouver la nature en défaut, bien qu’il croie toujours à sa profonde sagesse. — Qui a encore beaucoup à croître. Ce serait plutôt : « à se métamorphoser »
  91. Qui ne viennent pas de copulation. Ce sont, comme la suite le prouve, ceux des insectes qui sont tellement petits qu’ils échappaient nécessairement aux moyens insuffisants d’observation qu’avaient les Anciens. — Dans les lainages. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XXVI, § 1, où Aristote consacre une étude spéciale à ces animalcules. — Comme s’il sortait d’un œuf. La comparaison est fort juste. — À sa troisième métamorphose. L’expression du texte est formelle, et Aristote, qui indique ici une troisième transformation de la larve, aurait dû indiquer aussi les deux premières. Voir le paragraphe suivant, et aussi l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. I, § 7, n.; ch. XVII, §§ 5 et 22. La science moderne distingue également trois états dans les métamorphoses des insectes : larve, nymphe, état parfait. Voir Cuvier-Latreille, tome IV, pp. 314 et 315, édition de 1829. — La plupart… sont ailés. Ceci est très exact. Les ailes dans les insectes sont un caractère essentiel, qui sert à les classer ; Linné surtout en a fait usage. Parmi les ordres divers des insectes, on peut citer les coléoptères, les orthoptères, les hémiptères, les hyménoptères, les rhipiptères, les diptères, etc. Voir le Règne animal, loc. cit. p. 323. Après les ailes, ce sont les pieds qui ont le plus souvent servi à classer les insectes.
  92. On a de justes motifs d’admirer… C’est la théorie habituelle d’Aristote, qui s’applique aux insectes, aussi bien qu’au reste des êtres animés. Voir Cuvier-Latreille, Règne animal, t. IV, p. 314, où les auteurs admirent également l’instinct des insectes. — Les chenilles… Tous ces détails sont exacts, et la science moderne n’a guère eu qu’à les reproduire ; voir Cuvier-Latreille, loc. cit., p. 315. — Comme on les appelle quelquefois. Le mot de chrysalide était sans doute nouveau du temps d’Aristote ; aujourd’hui, il est consacré par un long usage. — Des nymphes. Même remarque. — Elles n’ont plus à se nourrir. J’admets ici l’explication de Philopon, qui est approuvée aussi par MM. Aubert et Wimmer. Le fait est exact ; et c’est là un phénomène qui mérite l’attention ; d’ailleurs, il se représente dans la germination des plantes, où la vie végétative peut subsister presque indéfiniment dans la graine. — Mais d’abord il grossit… Il est assez probable qu’il y a ici quelque lacune ; autrement ce serait une contradiction évidente avec ce qui précède, si par les Œufs il fallait entendre, comme on l’a cru quelquefois, les chrysalides. Mais il n’en est rien ; et Aristote oppose simplement les œufs ordinaires des oiseaux à la constitution particulière des nymphes. L’œuf grossit depuis le moment où il est fécondé jusqu’au moment où il sort de la femelle ; la chrysalide, au contraire, est immobile.
  93. Il y en a qui… et les guêpes. Tout ce passage paraît suspect à MM. Aubert et Wimmer ; et je ne puis que partager leur avis. Les variantes fort légères qu’offrent les manuscrits ne peuvent aider à éclaircir ces obscurités. — Telles sont les abeilles et les guêpes. MM. Aubert et Wimmer trouvent que cette petite addition rompt le cours de la pensée. — Les chenilles. Qui se nourrissent de la feuille des végétaux. — Trois sortes de générations. Voir plus haut, § 6 ; il s’agit toujours des trois états par lesquels passent les larves de certains insectes. — Nous avons expliqué. Dans tout ce chapitre. D’ailleurs, les explications peuvent sembler moins complètes que l’auteur ne le croit. — Il y a des insectes. Cette dernière phrase, jusqu’à la fin du chapitre, peut paraître ici peu à sa place, et ce résumé n’était pas nécessaire. On ne saurait non plus le placer ailleurs.
  94. De la génération des abeilles. Il faut rapprocher tout ce chapitre de la longue étude consacrée aux abeilles dans le IXe livre de l’Histoire des Animaux, ch. XXVII ; et aussi liv. V, ch. XVII, XVIII et XIX. Aristote est revenu, en outre bien souvent, sur le travail admirable des abeilles et des insectes de même ordre. Ce qui en est dit ici n’est guère qu’un résumé et un souvenir- — Sans accouplement. Il n’y a pas en général d’accouplement proprement dit parmi les poissons ; car le mâle ne touche pas la femelle, et il ne fait que répandre sa laite sur les œufs qu’elle a pondus. — Dont les abeilles se reproduisent. Cette question, qui est encore fort controversée, n’a pas été traitée dans l’Histoire des Animaux aussi complètement qu’elle l’est ici ; et l’on peut voir que du temps même d’Aristote les théories étaient déjà fort différentes. Les abeilles ont beau être domestiques, l’observation reste toujours difficile. — Du moins d’après l’apparence. Ces réserves attestent beaucoup de modestie. — Quelques naturalistes. Qu’Aristote aurait bien dû nous faire connaître. Il ne nomme non plus personne dans l’Histoire des Animaux. — Le couvain… Soutenir que le couvain vient du dehors, cela revient à dire qu’on n’a pas pu observer directement ce qui se passe dans la ruche. — Que les abeilles elles-mêmes le produisent. Dans cette forme générale, le fait est exact. — Il y a des naturalistes. Même remarque que plus haut sur l’omission des noms de ces naturalistes. — Je veux dire que, par exemple… Toutes ces hypothèses sont contraires aux faits. — Ou bien encore. Ces nouvelles hypothèses ont plus de fondement que les autres. La vérité paraît être que la société entière des abeilles est composée de trois espèces d’insectes : les ouvrières ou mulets, dont le nombre va quelquefois jusqu’à trente mille ; les bourdons ou faux bourdons, dont le nombre va de six ou sept cents à mille, et d’une seule femelle, appelée Roi chez les Anciens, et Reine cher, les Modernes. Il paraît que la faculté dont les reines sont douées dépend surtout de la nourriture qu’elles reçoivent quand elles sont à l’état de larves. Les ouvrières pourraient aussi devenir reines, si elles recevaient la nourriture convenable. L’accouplement des bourdons et de la reine se fait hors de la ruche, au début de l’été. Une seule fécondation suffit pour que la reine ponde des milliers d’œufs, que les ouvrières ont le soin de couver et d’enfermer dans des cellules qu’elles bouchent. Les nymphes s’en dégagent au bout de douze jours ; voir Cuvier-La-treille, Règne animal, tome V, pp. 361 et suiv.
  95. Les unes sont mâles… C’est exact, et ce sont les bourdons. — Les bourdons sont les femelles. La réalité est juste le contraire ; mais il n’y a pas trop à s’étonner de ces erreurs, au commencement d’observations si délicates. — Toutes ces assertions sont insoutenables. Non pas toutes sans exception ; mais la plupart. — D’après les faits. C’est là le véritable critérium ; mais il n’est pas toujours facile de bien observer. Il faut du reste remarquer encore une fois l’insistance du philosophe, recommandant sans cesse l’observation des faits la plus exacte possible.
  96. D’abord, si les abeilles… Cette première objection est très forte ; et en effet la prétendue explication ne fait que reculer la difficulté, sans la résoudre. — C’est un animal pareil qui viendrait de celui-là. Cette seconde objection est aussi forte que l’autre ; mais on peut trouver que c’est faire trop d’honneur à ces théories que de les discuter si sérieusement. Pour excuser cette discussion, il faut se reporter à l’époque où elle était engagée.
  97. En second lieu, on comprend bien… Cette seconde objection est aussi solide que la première. — Puisqu’il est leur nourriture. Je ne sais pas si la science moderne a ratifié cette théorie ; ce qui est certain, c’est que les larves ne sont pas nourries du miel par les ouvrières, et qu’elles ont une nourriture spéciale. — C’est absurde. L’expression du texte n’est pas moins forte. — Tous les animaux qui s’occupent de leur progéniture. Il n’y a presque pas d’exception ; et cela se conçoit bien, parce que le jeune, qui n’a ni la force ni l’expérience nécessaires, a besoin de la protection des parents. C’est là une question qui aurait mérité d’être traitée à part dans l’Histoire des Animaux ; Aristote s’est contenté d’y faire quelquefois allusion.
  98. On ne peut pas soutenir… C’est là au contraire la vérité ; et c’est le philosophe qui est complètement dans l’erreur. — A aucune femelle des armes de combat. Cette généralité n’est pas tout à fait exacte ; et les femelles ne sont pas aussi dénuées d’armes que l’auteur le pense. — Les bourdons n’ont pas de dard. Le fait est exact ; mais la conséquence qu’on en tire n’est pas rigoureuse. — Il n’est pas possible davantage. Ici Aristote rentre dans la vérité. — Ordinairement. La réserve est nécessaire, puisqu’il y a des espèces d’animaux où le mâle s’occupe des jeunes au moins autant que la femelle.
  99. Le couvain des bourdons semble se produire. La restriction qu’Aristote fait ici est nécessaire ; et ce serait une erreur de croire que les bourdons se produisent autrement que le reste des abeilles. Suivant les observations de Huber, le fils, quelques ouvrières, nées au printemps, s’accouplent en juin avec des mâles provenus de la reine, et ne pondent que des bourdons, destinés à féconder des femelles ; voir Cuvier-La-treille, Règne animal, tome V, p. 557, édition de 1829. — Sans les rois. Nous disons actuellement les reines, et avec plus de raison, puisque ce sont les reines qui pondent le reste des abeilles. — Est apporté du dehors. La conséquence était rigoureuse ; mais le fait sur lequel elle s’appuya il n’était pas exact. — Ne viennent pas d’un accouplement. Au contraire, les uns et les autres viennent d’accouplement ; mais ce fait n’avait pas été bien observé, au temps d’Aristote ; et même pour nous, il est encore aujourd’hui d’une observation très difficile. — Mais il est également impossible. Ici Aristote, guidé par son génie personnel, revient à la vérité, que ses contemporains méconnaissaient.
  100. Parmi les abeilles. En effet, les abeilles proprement dites sont toutes des femelles ; les bourdons seuls sont des mâles. — Il y a toujours de la différence. Et toutes les abeilles se ressemblent. Sur les rapports généraux du mâle et de la femelle, voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. II, §§ 1 et suiv. ; et aussi, liv. IX, ch. I, § 5. — En supposant même qu’elles s’engendrassent toutes… Ce qu’Aristote est loin de croire, sans savoir précisément comment elles se reproduisent. — Des chefs, comme on les appelle. Ici le texte prend le mot de Chefs au lieu de celui de Rois. La dénomination n’était pas sans doute encore bien fixée.
  101. Une objection qu’on peut faire. Cette objection est uniquement tirée des faits, sans que d’ailleurs ces faits soient bien observés. — On n’a jamais observé. Ceci prouve qu’on essayait de bien observer les mœurs des abeilles ; mais l’on se trompait, à cause de la difficulté même des observations ; on n’avait pas alors de ruches en verre, comme nous pouvons en avoir aujourd’hui. — On les aurait vus bien des fois. La curiosité scientifique ne manquait pas ; mais elle était impuissante à pénétrer le mystère des choses. — Il reste donc cette hypothèse. Cette hypothèse se trouve être la vraie. — Les rois qui engendrent. C’est la reine-abeille qui engendre, fécondée par les bourdons ; mais l’accouplement a lieu en dehors de la ruche, et voilà pourquoi il est plus difficile de l’observer. — Les bourdons naître. En y regardant encore de plus près, on aurait vu, comme les Modernes l’ont constaté, que les bourdons naissent d’abeilles accouplées aux anciens bourdons. — Qu’il n’est possible qu’elles le produisent… C’est là au contraire le phénomène réel.
  102. Une autre hypothèse. On remarquera avec quelle ténacité le philosophe poursuit l’explication qu’il cherche. — Comme quelques espèces de poissons. Est-ce une allusion à la génération des anguilles ? — Sans accouplement. L’hypothèse est fausse, et il y a bien un accouplement ; voir plus haut la note du § 6. — Comme les végétaux. Il semble bien d’après ceci qu’Aristote soupçonnait l’existence des sexes dans les plantes, sans savoir quels en étaient les organes particuliers. L’hermaphrodisme est plus évident chez les plantes que partout ailleurs. — Elles ont des instruments de combat. C’est leur dard, qui pouvait les faire prendre pour des mâles ; voir l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XXVII, § 30 ; et aussi liv. IV, ch. II, § 10. — Distinct et séparé. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Il y a évidemment nécessité… Cette conséquence n’est pas aussi rigoureuse que l’auteur semble le croire. — Aux rois. Les reines viennent d’accouplement comme toutes les autres abeilles ; seulement, après être nées semblables aux autres, elles sont nourries tout autrement ; et c’est là ce qui leur donne la prééminence.
  103. Sans les rois. Le couvain ne peut pas se produire sans les reines, puisque ce sont elles seules qui pondent. — Ce qu’assurent les gens… Ainsi, le naturaliste grec avait non seulement observé lui-même toute l’organisation des abeilles ; mais il avait en outre consulté les éleveurs, qui, sans avoir autant de sagacité, étaient à même d’observer incessamment les choses. — Les rois s’engendrent eux-mêmes. Il est certain qu’il n’en est pas ainsi. — Qu’ils engendrent également les abeilles. Les reines pondent, il est vrai, les abeilles ; mais c’est après avoir été fécondées par les bourdons. — Des insectes à part. De nos jours, l’admiration pour le travail des abeilles n’est pas moins grande qu’au temps d’Aristote. — Leur génération. Nous ne sommes pas encore fixés complètement sur cette question. — Ce qui se passe chez bien d’autres animaux. Il y a en effet des espèces hermaphrodites ; mais Aristote y ajoutait sans doute, dans sa pensée, les espèces qui, selon lui, naissent spontanément. — Les rougets… les serrans. Comme l’identification n’est pas sûre, plusieurs traductions ont conservé les mots grecs ; voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. II, § 5. Les noms de rougets et de serrans sont probables plutôt que certains.
  104. Comme les mouches. Dont l’accouplement est de toute évidence. — Elles naissent d’un genre qui est différent. Il est positif que la reine n’est pas absolument du même genre que les abeilles qu’elle pond ; elle a été nourrie autrement qu’elles ; et c’est de là que vient toute la différence. — Quoique congénère. Ceci est parfaitement exact ; mais Aristote ne savait pas combien sa théorie était vraie. — Elles naissent des chefs. La plus simple observation démontrait ce fait incontestable. — Quelque chose d’analogue. Ceci n’est peut-être pas aussi vrai, du moins sous cette forme générale ; il y a une restriction nécessaire, dans le paragraphe suivant et dans la fin de celui-ci.
  105. Sous ce rapport. A d’autres égards, les ouvrières différent des reines. — Pareils en grosseur. Ceci n’est pas absolument exact. — Qu’il y ait quelque différence. La principale différence consiste en ce que les unes sont stériles, et que les autres sont fécondes. — La même espèce… Il paraît bien que l’espèce est absolument la même ; mais c’est l’alimentation qui est différente. — Par une faculté de produire. Ceci est inexact ; c’est la reine seule qui est féconde ; les ouvrières ne le sont pas. — S’ils avaient un aiguillon… Cela ne suffirait pas ; il faudrait encore qu’ils fussent féconds. — C’est le seul point qui reste encore douteux. On voit, par l’état actuel de la science, qu’on est loin de connaître tout ce qu’on voudrait connaître sur les abeilles ; à plus forte raison, du temps d’Aristote. — Les chefs ressemblent… aussi gros. Ce n’est qu’une répétition du paragraphe précédent. Voir la Zoologie descriptive de M. Claus, pp. 665 et 666, trad. franc. MM. Aubert et Wimmer regardent comme une interpolation toute cette fin du paragraphe.
  106. Il

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    faut qu’ils s’engendrent eux-mêmes. Ceci est faux, et c’est une pure déduction logique qui amène Aristote à commettre cette erreur. — Elles ne sont pas très nombreuses. Les bourdons sont à peine au nombre de sept ou huit cents pour une ruche de quinze ou vingt mille ouvrières. — Qui est celle des bourdons. Cette génération réciproque est vraie jusqu’à un certain point ; seulement, comme dans toutes les autres espèces, la femelle peut produire des femelles ou des mâles. — Ne s’engendrent pas elles-mêmes. Le fait n’est pas douteux ; les abeilles ne sont produites que par la reine après qu’elle s’est accouplée avec les bourdons, dans une partie très élevée de l’air ; ce qui rend les observations presque impossibles.

  107. Admirablement ordonné. Aristote n’a jamais varié sur ce point essentiel ; et s’il n’eût pas cru à la sagesse de la Nature, il aurait été beaucoup moins curieux de la connaître. — Et c’est là en effet ce qui est. Le fait est fort exact ; les faux-bourdons fécondent la reine ; mais ils ne produisent rien eux-mêmes. — À son troisième degré. Il semble qu’Aristote entend par là que les bourdons ou faux-bourdons sont un troisième degré après les ouvrières et les reines ; mais il semblerait aussi accorder par là aux ouvrières une fécondité quelles n’ont pas. — La Nature a parfaitement combiné les choses… C’est incontestable ; et dans les abeilles en particulier, les générations se succèdent, sans que nous sachions précisément comment le phénomène se passe dans tous ses détails.
  108. Beaucoup de miel… beaucoup de couvain. Je ne sais pas si la science moderne a vérifié tous ces faits. Par le beau temps, on conçoit que les abeilles puissent fabriquer plus de miel ; mais il n’est pas aussi sûr que les temps de pluie aient pour résultat la multiplication des couvains. — L’humidité. L’explication n’est pas trop bonne ; et le beau temps, en favorisant l’éclosion des fleurs, favorise aussi le butin des abeilles. — Plus besoin du beau temps. C’est vrai ; mais ce n’est pas à cause de leur petitesse. — Pour produire les petits. Ici, Aristote comprend parfaitement le rôle des rois ou des reines ; ce sont elles qui produisent les jeunes. — Également… inactifs. C’est le cas en réalité ; et l’explication n’est pas inadmissible.
  109. De proportions moyennes. L’observation ne semble pas très juste ; et MM. Aubert et Wimmer. trouvent que ce passage est corrompu. — Travaillant énergiquement. C’est la ce qui leur a fait donner le nom d’ouvrières. — Nourrir les enfants et les parents. Les abeilles ont bien réellement ces fonctions ; mais elles en ont aussi plusieurs autres, telles que la construction des alvéoles, l’élaboration de la cire, etc. — Elles obéissent à leurs rois. Les ouvrières obéissent aux reines dans une mesure restreinte, puisqu’en certaines circonstances elles la forcent de sortir de la ruche, pour essaimer ailleurs. — Elles châtient. C’est le sens précis du texte. — Ceux qui n’ont rien à faire. D’après ce qui précède, cette sévérité des abeilles envers les faux-bourdons pourrait s’étendre aux rois, dont Aristote vient de dire aussi qu’ils ne font rien.
  110. Si les rois… la génération des lions. Tout ce paragraphe peut sembler bien suspect. Le rapprochement entre la génération des reines des abeilles et celle du lion est fort étrange et ne sert point à éclaircir la question posée dans tout ce chapitre. Dans l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XXVIII, § 3, on trouve les mêmes assertions sur la réduction excessive des portées de la lionne. Buffon a réfuté tout ce passage d’Aristote, tome XVI, p. 21, édition de 1829. — Les chefs… se reproduisent. Ceci est inexact, comme on a pu le voir plus haut. — Ce que la nature leur ôte en nombre. Cette formule, qui est souvent vraie, ne paraît pas bien appliquée ici.
  111. Le raisonnement et les faits observés. Ce sont les deux conditions essentielles de la science. Les faits étant bien observés, la raison essaie de les comprendre ; d’une part, la Nature ; et de l’autre, l’esprit de l’homme. — On n’a pas encore assez bien observé. La science moderne elle-même ne saurait avoir plus d’exigence. — S’en rapporter à l’observation sensible. Il est très sage de se délier du raisonnement, qui est sujet à s’égarer quand il se lie trop à ses propres forces ; il est bon de le rappeler à la réalité, sur laquelle il doit toujours s’appuyer. — Que si elles sont d’accord avec les faits observés. Que pourrait-on dire de mieux aujourd’hui.
  112. Ce qui prouve bien… L’argument n’a rien de décisif. — Ont cet accouplement fort long. Aristote applique cette observation aux mouches, dans l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. VII, § 2. — Les frelons et les guêpes. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XXIX, 5 et 6, ou Aristote semble moins affirmatif sur l’accouplement et la génération des frelons. — Ils n’ont rien de divin comme elles. L’expression est très forte, surtout au temps où Aristote l’emploie ; mais elle est juste ; et l’admiration des hommes, qui a commencé sitôt dans l’Antiquité, ne cessera jamais. — Les mères. En d’autres termes, les reines. — Observé leur accouplement. Ceci ne semble pas tout à fait d’accord avec ce qui précède. Si l’on avait vu si souvent l’accouplement des abeilles, on aurait eu moins de doutes et de discussions.
  113. Dans les descriptions de l’Histoire des Animaux. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XXVII à XXX sur les abeilles, les guêpes, les frelons et les bombyles. Une remarque qu’on doit faire sur ce chapitre IX tout entier, c’est que l’auteur ne s’y est occupé absolument que de la génération des abeilles, sans se laisser aller à aucune considération étrangère ; il n’a fait aucune digression, et il s’est tenu rigoureusement à la seule question qu’il devait traiter.
  114. Celle des testacés. D’après les classifications adoptées généralement par la science moderne, on aurait traité des insectes après les testacés, et non des testacés après les insectes ; mais il n’importe guère, et les faits consignés dans le présent chapitre n’en sont pas moins bien observés. Sur les testacés, voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. I, § 4, et ch. IV, § 1. ch. VIII, XI ; liv. V, ch. XIII et XIV. — Comparativement… des plantes… des animaux… On peu ! trouver ceci fort exagéré, même pour les testacés immobiles ; ce ne sont pas des zoophytes. — Venir d’un germe. L’expression du texte n’est pas moins vague. — Ils naissent spontanément. Ce n’est guère que de nos jours que cette erreur a été définitivement réfutée ; il a été prouvé qu’il n’y a pas de génération spontanée, et que la vie vient toujours d’un être vivant ; la vie est transmise après avoir été une fois créée ; mais elle n’a pas été créée à tout instant. — Ou ils s’engendrent d’eux-mêmes. C’est l’hermaphrodisme. — De cette façon… de l’autre. Les acéphales, quatrième classe des mollusques, se fécondent eux-mêmes ; et les testacés, qui sont le premier ordre des acéphales, et le plus nombreux de beaucoup, sont presque tous aquatiques ; voir le Règne animal de Cuvier, tome III, pp. 115 et 117, édition de 1830.
  115. Correspond à celle des plantes. Voir le paragraphe précédent. — Celle des colimaçons. Cuvier, Règne animal, tome III, p. 39, place le colimaçon parmi les gastéropodes pulmonés, premier ordre des mollusques gastéropodes ; les escargots sont aussi dans cet ordre, ibid., p. 40, édition de 1830. Les gastéropodes, qui sont tous hermaphrodites, sont terrestres et aquatiques. — Les espèces de cette sorte sont fort rares. C’est exact ; la plupart des testacés vivent dans l’eau. — A l’inverse. C’est l’opposition des végétaux comparativement aux testacés ; voir plus haut le § 1. — L’on pourrait presque dire. C’est exagéré ; car il y a beaucoup de végétaux aquatiques. — Ou toutes les plantes. Même remarque.
  116. Si, à quelques égards… Dans ce paragraphe, l’auteur revient sur ce qu’il a dit un peu plus haut ; et il voit qu’il est allé trop loin en comparant les testacés avec les plantes. — Plus de vie que celle des plantes. Le fait est de toute évidence. — Sont au liquide… Cette espèce d’équation et de proportion n’a rien d’exact. — Les végétaux… des coquillages terrestres. Ces métaphores sont très exagérées ; mais il faut reconnaître qu’elles sont bien rares dans Aristote. — Comme des plantes aquatiques. L’auteur lui-même sait qu’il faut faire quelque restriction à ce qu’il dit. — C’est aussi pour la même cause. La pensée n’est pas très claire ; et l’on ne voit pas bien l’identité de cause que l’auteur veut établir. — Bien plus de formes différentes. Voir plus haut, § 2. Je ne crois pas que ceci soit fort exact ; et, par exemple, les variétés des seuls insectes semblent, dans l’état actuel de la science, dépasser le nombre des espèces d’animaux aquatiques ; mais ces généralités sont toujours trop vastes pour n’être pas douteuses.
  117. Le liquide se modifie. Ceci commence une digression, qui se poursuivra jusqu’à la fin du § 7. Il est possible qu’elle ne soit qu’une interpolation : on l’a pas assez remarqué. — La terre sèche. J’ai ajouté l’épithète, qui ressort de tout le contexte. — Autant de corps. C’est l’expression grecque elle-même. — Des liquides de la mer. L’eau de mer est en effet beaucoup plus lourde que l’eau douce. — Aussi. La raison n’est pas trop bonne ; et l’explication reste toujours à donner. — Comme les testacés. Ce retour sur les testacés ne touche pas à leur génération, qui est cependant la seule question dont il s’agisse. — Ils viennent dans les baies. Les faits sont exacts ; mais ils ne sont pas ici ai leur place. Voir sur les migrations des poissons l’Histoire des Animaux, liv. VIII, ch. XV, §§ 1 et 2, et ch. XX, § 9.
  118. L’eau de mer. Suite de la digression, qui tient de moins en moins au sujet. Sur l’eau de mer, voir dans la Météorologie, liv. II, les trois premiers chapitres donnés à cette question. — Toutes les parties ou les éléments. C’est exagéré, même si l’on admet la théorie des quatre éléments, la seule que connût l’Antiquité. — Les plantes… les animaux. Ces répartitions des êtres vivants ne sont pas très exactes. — Il faut bien admettre… Pensée assez obscure et incomplètement exprimée.
  119. On voit, du reste… Suite de la digression, qui se justifie de moins en moins. — Il y a bien quelque chance. L’expression du texte a également une nuance de familiarité, comme ma traduction. D’ailleurs, la pensée est assez bizarre, puisqu’elle suppose que des êtres peuvent vivre dans le feu, comme les autres vivent dans l’air ou dans l’eau. — Le quatrième des corps élémentaires. Cette théorie, qui remonte au moins à Empédocle, a régné jusqu’à la Renaissance, et n’a été définitivement renversée que par les progrès de la chimie moderne. — Il est dans un des autres corps. C’est exact, puisque le feu n’est possible qu’à la condition d’un combustible. — De la vapeur d’eau. Le mot du texte n’est pas plus précis. 7. Dans la lune. Cette pensée est encore plus étrange que les précédentes ; on peut croire que c’est une interpolation. — Pour un autre ouvrage. On ne trouve rien de pareil dans les ouvrages d’Aristote parvenus jusqu’à nous.
  120. Quant aux testacés. La digression finit ici, et l’auteur revient au véritable sujet. — A lieu spontanément. C’est une erreur, comme on sait ; mais pour les êtres les plus petits, les moyens d’observation manquaient à l’Antiquité. — Et qu’ils émettent d’eux-mêmes. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte ; peut-être Aristote veut-il faire allusion à l’hermaphrodisme de quelques espèces. — Bien que souvent aussi… Cette comparaison ne se comprend pas bien. — Avec celles des plantes. C’est ce qui a été dit déjà un peu plus haut, § 2. D’ailleurs, ces rapprochements sont fort curieux, et ne sont pas sans quelque fondement ; c’est ainsi qu’Aristote a été amené à faire une classe des zoophytes. — Se reproduisent les moules. Les moules sont des acéphales testacés et forment la tribu des mytilacés. Cuvier remarque aussi que la moule commune se suspend en longues grappes, aux rochers, aux pieux, au flanc des vaisseaux, etc., Règne animal, tome III, p. 136, édition de 1830. C’est par le byssus que les moules s’attachent aux corps étrangers, ou les unes aux autres. — Les buccins, les pourpres. Dans l’Histoire des Animaux, Aristote joint presque toujours les pourpres et les buccins, comme il le fait ici ; ces coquillages sont en effet de la même famille. — Qu’ils font de la cire. Ou des alvéoles. Voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. XIII, § 2, la note. — Des liquides muqueux. Le fait est exact ; et Cuvier le cite aussi, Règne animal, tome III, p. 91. — De nature spermatique. L’assimilation est très juste.
  121. On ne peut pas croire. Cette réserve est fort sagace ; et cette humeur visqueuse que sécrètent les branchies des gastéropodes pectinibranches, n’est pas de la liqueur spermatique, bien qu’elle renferme les œufs. — Avec les plantes… déjà expliqué. Voir plus haut, § 2. — Il suffit qu’un seul de ces êtres… Parce qu’ils sont hermaphrodites ; et c’est ce qu’Aristote entend quand il dit « que les animaux peuvent se produire spontanément ». — Quand il y a des premiers parents. Peut-être, pour que la pensée fût complète, faudrait-il ajouter : « En grand nombre ». — On comprend bien, en effet… Aristote s’efforce d’expliquer comment les testacés se multiplient ; mais son explication est loin d’être aussi claire qu’il paraît le supposer. Il aurait du citer les faits observés plutôt que de donner sa théorie. — On peut supposer. C’est donc une hypothèse à la place des observations nécessaires ; il est vrai que, dans ces animaux, les faits eux-mêmes sont fort obscurs, et qu’il est extrêmement difficile de les bien constater. — Qui font des alvéoles. Ou, De la cire ; voir plus haut, § 8.
  122. Se produisent spontanément. C’est-à-dire qu’ils sont hermaphrodites ; mais Aristote ne le savait pas, et il croit plutôt que ces êtres naissent du concours de certains éléments, parmi lesquels l’eau joue le principal rôle. — Avec la corruption. Ou, Avec des matières corrompues. — La partie douce. C’est là encore une explication toute logique, une pure théorie. — Puisse venir de la corruption. Cette restriction est bien remarquable ; et le génie d’Aristote le pousse à douter de l’explication qu’il donne, à défaut d’une meilleure. — De la coction. Cela revient au même, la coction ne pouvant se faire sans la prétendue matière corrompue.
  123. Ne l’est pas de la totalité. Cette remarque, qui est vraie, aurait dû avertir l’auteur de la fausseté de cette théorie. — De la matière. J’ai ajouté ces mots, dont l’idée est implicitement comprise dans le texte. — Dans les œuvres que l’art produit. Aristote se plaît souvent à rapprocher l’art de l’homme et la Nature. — L’art enlève. Ceci semble se rapporter surtout à l’art de la sculpture, où en effet l’artiste doit dégrossir la matière qu’il emploie. — La Nature les enlève. Le procédé de la Nature est tout intérieur, tandis que celui de l’artiste est tout extérieur. — Parce qu’il y a de l’eau. Aristote ne savait pas qu’il y a aussi des germes. — D’âme et de vie. Il n’y a qu’un mot dans le texte. On remarquera qu’Aristote semble adopter ici la théorie des atomes de Démocrite.
  124. Ne tardent-ils pas à se constituer. C’est vrai ; mais c’est parce qu’il se trouve, dans l’eau et dans l’air, des germes qui n’ont plus besoin que d’une sorte d’incubation, venant du milieu où ils se trouvent. — De bulle d’écume. C’est le développement du germe, qui grandit pour vivre. Les transformistes de nos jours ne verraient la que la cellule. — Les différences… Cette remarque, qui est exacte, aurait dû faire voir à Aristote qu’il y avait là autre chose que des éléments matériels. Il y a un germe, un principe qui diffère pour chaque espèce, tandis que les matériaux extérieurs sont identiques. — Dont le principe vital. Le texte dit : « le principe de l’âme ». Mais peu importe l’expression ; la différence est déjà dans le germe ; et voilà comment elle se retrouve ensuite dans l’être formé par la coction. — Et le corps qui possède la vie. C’est le germe du nouvel être.
  125. Beaucoup de terreux. C’est-à-dire que l’eau de mer étant plus lourde que l’eau douce, on suppose que ce qui fait son poids c’est l’élément de la terre, qui est censé représenter la lourdeur. — Le terreux se durcissant tout à l’entour. Les coquilles se produisent en général dans l’épaisseur du manteau ; et c’est l’animal lui-même qui en sécrète la matière. Ces coquilles sont symétriques, de plusieurs pièces, ou non symétriques ; leurs formes varient à l’infini ; beaucoup sont en spirale, et dites turbinées, quand la spire est saillante. Voir Cuvier, Règne animal, tome III, pp. 31 et suiv., édition de 1830. — Les os et les cornes. Ceci est très exact. — Ne les fait pas fondre. Le feu en général les calcine, c’est-à-dire qu’il les convertit en chaux.
  126. Dont on ait observé l’accouplement. L’observation est très facile sur le colimaçon, parce qu’il se trouve très souvent sous nos yeux. — On ne sait pas très bien. Cette circonspection est tout à fait scientifique. — Si c’est de cet accouplement. C’est que, dans la classe des gastéropodes, les uns ont les sexes séparés, les autres sont hermaphrodites, et que d’autres encore ont besoin d’un accouplement réciproque. Voir Cuvier, loc. cit., pp. 34 et 40. — La partie qui se constitue. Ce sont sans doute les organes de la génération que l’auteur veut désigner par là. — Des autres espèces. Dans lesquelles les sexes sont séparés. — L’achèvement. C’est toute la théorie exposée plus haut, liv. I, ch. XIV, 17 et 18.
  127. Où trouver quelque chose de pareil ? Aujourd’hui même, toutes ces observations sont encore très difficiles, malgré les ressources sans nombre dont nous disposons. — Qui doit se trouver dans le mâle. Il semble résulter de ceci qu’Aristote a bien vu que, chez les testacés, il n’y a point de mâle ni de femelle, et que les deux sexes sont réunis dans le même individu. — Par l’effet de la nourriture ingérée. C’est là une loi qui est absolument générale ; et sans les aliments dont l’animal se nourrit, il ne serait pas possible qu’il pût rien reproduire. — La chaleur même de l’animal. La chaleur animale est indispensable à la transmission de la vie ; mais il y a bien d’autres conditions à côté de celle-là. — Le résidu, principe du fœtus. Le fait ainsi présenté est exact, puisqu’il faut toujours un certain temps, et quelquefois des années, pour que l’animal puisse devenir fécond. — De même pour les plantes. Où d’ordinaire les deux sexes sont réunis, comme ils le sont dans les testacés. — Dans la plupart des animaux. Où les sexes sont séparés, comme chez tous les quadrupèdes. — A besoin encore de quelque chose de plus. C’est-à-dire, de l’accouplement de la femelle et du mâle,
  128. La terre et l’eau. Ceci se rapporte à la génération spontanée, telle que la supposait Aristote, erreur qui a subsisté jusqu’à la Renaissance, et qui a encore quelques partisans, en dépit de la science. — Par la chaleur de la saison. En d’autres termes, la chaleur solaire échauffant toute l’atmosphère. — Dans le milieu ambiant. C’est l’air. — Le produit qu’elle digère. Il est inutile d’insister sur la fausseté de cette théorie ; ce qui l’excuse, c’est l’impossibilité où étaient les Ancicus d’observer les choses aussi bien que nous pouvons le faire aujourd’hui. — Du principe vital. Ou Du principe de l’âme, comme le dit précisément le texte ; j’ai préféré l’expression que j’adopte, comme plus claire et non moins exacte. — Et y dépose en outre. C’est une pure hypothèse. — La formation des plantes. L’Antiquité ne connaissait pas plus les sexes des plantes que les sexes de certains animalcules. — D’une certaine partie. L’expression du texte est tout aussi vague ; et je n’ai du être plus précis. — Il y a le principe. La physiologie végétale était bien peu avancée, à l’époque d’Aristote ; ce passage le prouve ; mais il n’en est pas moins vrai de dire que, dans la plante, on peut distinguer deux choses essentielles, le principe même de la plante, et la nourriture qui sert à le développer.
  129. Qui viennent de larves. C’est la troisième classe qu’a distinguée Aristote sous le rapport de la génération, vivipares, ovipares et larvipares : voir l’Histoire des Animaux, liv. I, ch. IV, §§ 1, 3, et § 8, où l’auteur renvoie ses explications au traité même de la Génération des Animaux. — Qui ne viennent pas d’animaux. Ou, D’êtres vivants. — Les muges. L’identification n’est pas sûre, et la plupart des traducteurs ont conservé le mot grec de Kestres ; voir l’Histoire des Animaux, liv. II, ch. XII, § 24, et la note. — Les anguilles. Dont on ignore aujourd’hui même la reproduction, comme l’a ignorée toute l’Antiquité. — Ils sont pourvus d’un cœur. Ce qu’on ne pouvait connaître que par des dissections. — Les matières… C’est une simple hypothèse logique ; il n’y a pas de fait observable qui l’appuie. — Entrailles de terre. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XV, consacré tout entier à la reproduction des anguilles, expliquée par les Entrailles de terre : voir aussi la note des 3 et 4.
  130. Sortis de la terre. La question était donc posée dès les temps les plus anciens ; mais le mystère n’est pas encore éclairci ; tout ce qu’on peut affirmer sans hésitation, c’est que les choses n’ont pas commencé à l’origine comme elles commencent aujourd’hui sous nos yeux. — Quelques naturalistes. Lesquels ? — Issus d’une larve primitive. Ce serait alors quelque chose qui ressemblerait à la Cellule du Transformisme ; mais la question n’en est pas plus résolue. D’où vient la larve, qui contient déjà la vie ? D’où vient la cellule, qui contient tous les développements ultérieurs ? — Sortis d’un œuf. Mais l’œuf lui-même a dû sortir de quelque autre être. — La larve est un germe de ce genre. La nature singulière de la larve paraît avoir préoccupé Aristote plus qu’elle ne préoccupe nos naturalistes modernes. — De la mère qui les a produits. Comme dans les vivipares et les mammifères, — Ou d’une certaine partie. Comme le jaune de l’œuf, ainsi que l’auteur le dit au paragraphe suivant.
  131. Ne puisse venir de la terre. Pour les animaux ; mais elle en vient pour les plantes. — D’une partie même de l’embryon. C’est le jaune, par exemple, dans les œufs des gallinacés. — Selon nous. Et selon la réalité. — Une création primitive. A cet égard, le doute n’est pas possible ; il y a eu un moment créateur, comme l’a si bien dit Littré ; voir ma Préface à l’Histoire des Animaux, p. CLVI. — Qu’un seul qui soit possible. Il est évident qu’Aristote incline à la génération spontanée d’une larve ; mais la création de la larve n’est pas plus intelligible que celle de l’œuf, qu’il repousse. — La génération par les œufs. Parce que cette génération suppose nécessairement une mère d’où l’œuf est sorti ; ce qui ne fait que reculer la difficulté. — Se produise de cette manière. L’expression est insuffisante ; il faudrait ajouter : « Primitivement, ou à l’origine », puisque tout œuf vient d’un parent. — L’autre mode de production. C’est-à-dire, le mode par une larve.
  132. C’est bien ainsi. C’est-à-dire, par génération spontanée. — Ils se développent… comme les larves. Rien n’est moins prouvé. — Vers le haut et vers le principe. Ceci atteste qu’Aristote avait observé les transformations des larves d’aussi près qu’il l’avait pu. — Il y a bien quelque ressemblance. Le fait est exact ; mais cette phrase ne paraît pas être ici très bien à sa place ; elle pourrait bien être une interpolation. — Dans les fœtus des larves. Observations très attentives de ces faits obscurs. — La partie d’en bas se forme. Il est difficile de savoir comment le naturaliste grec avait pu constater toutes ces évolutions. — Inférieure au diaphragme. C’est la partie abdominale, au-dessous de la partie thoracique.
  133. On n’a qu’à observer. Recommandation nouvelle de la méthode d’observation, qui seule peut conduire à la vérité. — Les abeilles. On connaît la grande étude qu’Aristote a consacrée aux abeilles, Histoire des Animaux, liv. IX, ch. XXVII. — Les testacés… se développent. Ces rapprochements peuvent paraître un peu forcés. — Sur les turbines… Cuvier, Règne animal tome III, pp. 31 et 32, fait des remarques analogues sur les hélices, ou spires, des gastéropodes. — Qu’on appelle la tête. Cette prétendue tête est très engagée sous le manteau ; voir Cuvier, loc. cit., p. 30.
  134. Qui naissent spontanément. C’est-à-dire, tous ceux dont les Anciens ne pouvaient observer la production, qui aujourd’hui nous est connue au moyen du microscope. — Se produisent d’une manière spontanée. C’est une erreur, et l’on sait que les testacés sont hermaphrodites. — Ils se montrent sur les parois des vaisseaux. L’argument n’est pas aussi clair que le croit Aristote ; et comme ce n’est pas le bois des navires qui pouvait produire ces animaux, il fallait en conclure qu’ils venaient d’ailleurs. — Des moules. Ce serait peut-être plutôt des huîtres. Le mot du texte signifie proprement : « huîtres de marais »; et voilà pourquoi j’ai adopté le mot de moules. Il n’importe guère d’ailleurs ; et il est exact que le flanc des navires se couvre bien vite de coquillages. — La place. C’est le flanc des vaisseaux. — C’est ainsi qu’à Rhodes. L’observation avait été faite dans ce port, très fréquenté par les marchands ; mais on aurait pu le faire aussi partout ailleurs.
  135. Rien

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    qui soit prolifique. Ces animaux sont prolifiques par eux-mêmes, puisqu’ils ont a faculté de se féconder sans accouplement. — De Pyrrha dans l’île de Lesbos. Il y avait aussi une ville de ce nom en Thessalie ; voir l’Histoire des Animaux, liv. V, ch. X, § 3, n.; et ch. XII, § 14, n. — Elles grossirent beaucoup. On sait que les huîtres grossissent beaucoup dans les parcs où on les dépose. C’était aussi un parc qu’avaient fait les pécheurs de Chios, qui avaient apporté des huîtres de Lesbos.

  136. Les œufs prétendus… Il paraît bien qu’Aristote se trompe en ceci, et que ce sont des œufs réels que portent les testacés ; c’est de la graisse sans doute ; mais cette graisse contient les éléments de la reproduction ; ce n’est pas seulement un signe de bonne santé. — Ont un goût excellent. Il y avait donc en Grèce des gourmets d’huîtres, comme il y en a chez nous. — Les pinnes, les buccins, les pourpres. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. IV, § 5, et liv. V, ch. XIII, § 10, n. Dans ces passages, et notamment liv. V, ch. XIII, §§ 2 et 3, Aristote semble croire que les pourpres ne naissent pas spontanément, puisqu’il parle de leur ponte, soit à terre, soit dans les filets même où on les prend. — Au printemps. Qui est généralement l’époque du frai. — Les peignes. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. IV, § 3, n.; et V, XIII, 10 et 11. — Les moules et ce qu’on appelle les huîtres de marais. Ainsi, Aristote distingue les moules proprement dites de ce qu’on appelait de son temps huîtres de marais. Un peu plus haut, § 22, j’ai cru pouvoir confondre ces deux expressions en une seule ; mais « les huîtres de marais » seraient plutôt nos huîtres ordinaires, les huîtres parquées.
  137. Les téthyes. Voir l’Histoire des Animaux, liv. IV, ch. VI, §§ 1 et suiv. — Nous renvoyons à l’Histoire des Animaux. La référence est exacte ; Aristote est revenu souvent sur les testacés ; voir Histoire des Animaux, notamment liv. IV, ch. I, § 4 ; ch. IV, § 9 ; ch. II, §§ 1 et suiv.; liv. V, ch. XIII, §§ 1 et 31 ; liv. VIII, ch. I, § 6 ; ch. III, § 4 ; ch. XVI, § 2 ; ch. XX, § 19 ; et ch. XXIX, § 1. C’est une description étendue des testacés.