À nos camarades

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À NOS CAMARADES


Le Syndicat des Journalistes a été fondé le 10 mars 1918, selon la loi de 1884.

L’appel adressé par les membres du Comité fondateur à leurs camarades de la presse, indiquait clairement quel but on se proposait d’atteindre :

 Mon cher Confrère,

Nous avons pris l’initiative de fonder le Syndicat des Journalistes.

Nous en avons élaboré les Statuts provisoires et nous vous en communiquons le texte ci-joint. Nous vous demandons aujourd’hui d’adhérer à notre œuvre et de vous inscrire comme membre du Syndicat.

Il nous à semblé que l’heure était favorable pour développer, dans un groupement strictement professionnel, la solidarité agissante et pratique entre tous nos camarades.

Nous rendons hommage aux Associations de presse dont nous sommes heureux de faire partie. Sociétés de secours mutuels et de retraites, elles ont rendu, elles rendent chaque jour de notables services.

Et c’est précisément pour continuer leur effort en accomplissant à côté d’elles une tâche qu’elle n’ont pas spécialement entreprise, que nous créons maintenant le Syndicat des Journalistes.

Nous avons dessein, ce faisant, d’assurer le respect dû à la profession de journaliste, d’augmenter, si cela n’est pas superflu, devant l’opinion publique le prestige même de la profession, en établissant parmi nous les règles de l’honneur corporatif et en garantissant que ces règles seront obéies des syndiqués.

Le Syndicat des Journalistes se propose donc de remplir un rôle moral analogue à celui que remplit le Conseil de l’Ordre des Avocats. Vous serez d’accord avec nous, et tous les journalistes dignes de ce nom seront d’accord avec nous sur ce point, que la profession de journaliste peut retirer de cet organisme nouveau dont l’action est, à bien des égards, nécessaire et même urgente, un très important avantage.

Nous voulons, en outre, et en tenant compte des conditions spéciales dans lesquelles s’exerce la profession de journaliste, assurer la sauvegarde de nos droits professionnels.

Par exemple, le Syndicat des Journalistes espère être un intermédiaire utile entre les directeurs de journaux et nos jeunes et vaillants confrères qui, ayant fait leur devoir à l’armée, reviendront pour reprendre la place qu’ils occupaient dans les journaux avant la mobilisation, et qu’ils comptent retrouver.

Élargissant notre œuvre, nous travaillons aussi à la formation d’un Club de la presse.

Nous envisageons déjà des appuis efficaces, et nous parviendrons de la sorte à créer pour tous les journalistes français ce foyer corporatif qui leur est indispensable.

Ainsi, nous surveillerons les intérêts matériels et moraux d’une profession difficile et souvent glorieuse, et nous préparerons entre nous tous l’épanouissement d’une amitié fraternelle qui sera notre joie, et qui sera notre force.

C’est pourquoi nous faisons appel à vous, mon cher Confrère, et nous vous demandons votre adhésion au Syndicat des Journalistes.

L’estime qui vous entoure et votre autorité auprès de vos camarades nous rendent votre adhésion particulièrement précieuse.

Il nous sera d’ailleurs agréable de la recevoir très prochainement, car nous désirons procéder, dans le plus bref délai, à la constitution définitive du Syndicat.

Veuillez agréer Monsieur et cher Confrère, nos salutations cordialement dévoués.

Le Comité Fondateur.

Ainsi, le Syndicat des Journalistes voulait être une association de défense et de discipline professionnelle.

Il a paru qu’une nouvelle association, ainsi constituée, pouvait rendre des services appréciables aux journalistes. Et à l’heure actuelle, le Syndicat des Journalistes compte cinq cents adhérents.

Ce résultat est d’autant plus significatif que les mois écoulés depuis la fondation du Syndicat ont été traversés de plus d’événements d’importance universelle ; que les préoccupations purement professionnelles de chacun étaient reléguées au second plan ; que la propagande et le recrutement des membres du Syndicat étaient moins aisés alors que beaucoup de journalistes étaient mobilisés, et que les conditions précaires de l’existence des journalistes dans des journaux au format réduit rendaient plus difficile le paiement d’une cotisation à un Syndicat.

Néanmoins un grand empressement à s’inscrire au Syndicat s’est manifesté parmi nos confrères. Il témoigne bien qu’à leurs yeux, la création d’une association syndicale des journalistes s’imposait.

Le Syndicat s’est efforcé d’être, selon son programme et ses statuts, une association de défense et de discipline professionnelle exclusivement.

Il est intervenu, toutes les fois qu’il l’a jugé possible, pour la défense et la discipline de la profession uniquement.

Les mêmes circonstances, qui ne semblaient pas favoriser beaucoup le recrutement du Syndicat, étaient ainsi médiocrement favorables à son action.

Nous avons pu néanmoins accomplir pour l’action syndicale, à plusieurs reprises, des efforts qui ont obtenu l’approbation de nos camarades.

Mais il importe, surtout dans une organisation comme celle-ci, que nos camarades du Syndicat soient assidument les collaborateurs du Conseil d’administration.

Le Bulletin du Syndicat des Journalistes donnera à tous le moyen d’assurer cette coopération régulière. Nous espérons pouvoir, dans un délai assez bref, publier le Bulletin mensuellement. Nous demandons à tous les syndiqués de nous adresser leurs suggestions, et par l’entremise du Bulletin, de soumettre à tous leurs camarades, leur desiderata, leurs projets. Ainsi l’action du Syndicat sera multipliée et il en résultera, pour tous, des avantages professionnels considérables.

Nous convions donc nos camarades à exercer dans leurs milieux une propagande ardente et persuasive.

Cette propagande est nécessaire pour augmenter les ressources matérielles qui permettront la publication régulière du Bulletin.

Cette propagande est nécessaire pour que le nombre des syndiqués garantisse à notre action syndicale une influence décisive.

Le moment est venu maintenant où il convient, non seulement de développer entre les journalistes une amicale solidarité, mais encore d’organiser la profession. Aidons-nous tous, mais dans le Syndicat, pour cette tâche indispensable et urgente.