Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERNARD, Nicolas

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BERNARD (Nicolas), célèbre partisan du xvie siècle, né à Tournai, mort en Hollande. Il était fils de Simon, seigneur de Taintignies, Lochin et autres lieux, et de dame Jeanne de Landas. On l’emprisonna, comme « sectaire et perturbateur du repos public », à la suite des troubles de 1566. Deux de ses parents intercédèrent pour lui et obtinrent sa mise en liberté sous caution. Nicolas Bernard s’empressa d’en profiter pour passer en Angleterre, laissant à sa femme, Barbe de Châtillon, le soin de désintéresser ses généreux parents et de sauver de ses biens le plus qu’elle pourrait. Il avait été capitaine des bourgeois de Tournai ; ce fut sa principale recommandation pour devenir, plus tard, officier dans la phalange célèbre des Gueux de mer. Il assista à la prise de la Brille en 1572. L’année suivante, il fut l’un des héroïques défenseurs de Haarlem. Ce fut lui qui proposa à ses compagnons d’armes, affamés et sur le point de succomber au découragement, de traverser le camp ennemi et d’aller demander des secours au prince d’Orange. Il réussit dans son entreprise, mais Haarlem ne pouvait déjà plus être sauvée. Nous le retrouvons un mois plus tard, le 2 août 1573, entrant en vainqueur dans le fort de Rammekens. De là il se rendit à Middelbourg et à Flessingue, et partout il prouva que sa tête valait son bras, que son mérite était à la hauteur de son dévouement. À Ziricksee enfin, menacée en 1578 par les Espagnols, il cueille ses plus beaux lauriers. Le voilà célèbre ! Mais il est franchement Gueux, et vent le rester. Son grade de capitaine lui suffit, comme la Zélande, pour théâtre de ses exploits. On peut dire qu’il contribua puissamment à forcer les Espagnols à quitter cette province où les éléments et les hommes se révoltaient à la fois contre eux. Quand, en 1576, les états généraux continuèrent en Belgique leur lutte contre le gouvernement de Philippe II, l’ancien capitaine de vaisseau vint, à la tête d’une enseigne d’infanterie, renforcer le régiment de Vanden Tympel et tenir garnison à Bruxelles. Sa correspondance directe avec le prince d’Orange nous prouve que l’importance de son rôle était à cette époque-là beaucoup plus relevée que la modestie de son grade ne permettait de le supposer. On ignore absolument l’époque de sa mort, et, à ce sujet, Van Groningen a dit avec raison qu’il n’est guère probable que ce soit lui, le capitaine de cavalerie Bernard, qui fut tué à la bataille de Nieuport, en 1600.

C. A. Rahlenbeck.

Van Groeningen, Geschiedenis der Watergeusen. — A. Pinchart, Mémoires de Pasquier Delabarre, t. Ier. — Le Petit, Grande chronique de Hollande, t. II. — Gachard, Correspondance de Guillaume le Taciturne, t. IV.