Chairs profanes/Dans la nuit

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Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 28).
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DANS LA NUIT

Il sort d’un rendez-vous d’amour, lui que fiance
L’éclat de ses aïeux, à tout terrestre honneur,
Âme fière, où tout siècle a laissé sa nuance
Préférée, où tout art se résume en sa fleur.

Et sa folle ombre est la seule qui se balance
À travers la pluie indécise, à la lueur
Blafarde de la rue, où, lourde en son ampleur,
La nuit froide est venue installer son silence.

Une heure tinte assez lointaine — Il va suivant
Le trottoir où plus rien d’aimable n’est vivant
Que la coulure d’or des gaz qui font des moires.

Et le souci des fiers aïeux qui le poursuit,
Fait qu’il s’arrête, étonné d’être, en cette nuit,
Le dernier dépositaire de tant de gloires !